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Sciences & éthique * Santé * Sciences * Environnement * Numérique * Éthique * Sciences & éthique Sciences & éthique * Santé * Sciences * Environnement * Numérique * Éthique * Sciences & éthique * * * * Abonnez-vous à 1 € Pourquoi le nombre d’avortements ne baisse pas en France Loup Besmond de Senneville , le 04/09/2018 à 10h23 Plus de quarante ans après la dépénalisation de l’interruption volontaire de grossesse, le recours à celle-ci est toujours aussi important en France. En France, 211 887 interruptions volontaires de grossesse ont été pratiquées en 2016. ZOOM En France, 211 887 interruptions volontaires de grossesse ont été pratiquées en 2016. / AJ Photo/BSIP Cela ressemble à un paradoxe qui pour le moins intrigue. Plus de quarante ans après sa dépénalisation, le recours à l’interruption volontaire de grossesse (IVG) est toujours aussi important en France. Alors qu’ailleurs, la tendance est plutôt à la baisse, comme en Italie ou en Suisse. En Allemagne également, où le nombre d’IVG a baissé de 23 % entre 2004 et 2014. Il est vrai que dans ce pays, l’avortement n’est autorisé qu’à titre exceptionnel, jusqu’à 12 semaines de grossesse, et les femmes qui y recourent doivent participer à une consultation obligatoire dans un centre agréé. En France, 211 887 avortements ont été pratiqués en 2016, soit 14,4 avortements pour 1 000 femmes. La pratique est globalement stable dans le temps : pour preuve, en 1990, le taux de recours à l’IVG pour 1 000 femmes était exactement le même. La baisse du nombre d’IVG doit-elle devenir un objectif de santé publique ? « L’IVG reste un événement probable dans une trajectoire féminine puisque, en moyenne, près d’une femme sur deux y aura recours au cours de sa vie », notaient en 2009 les auteurs du dernier rapport de l’Inspection générale des affaires sociales (Igas) sur la question. Les inspecteurs ajoutaient : « Pour autant, l’avortement est loin d’être devenu un acte banal ou anodin, tant pour les femmes qui y ont recours que pour les professionnels qui le pratiquent. » La liaison entre contraception et avortement est « complexe » Pourquoi le nombre d’IVG ne diminue-t-il pas, dans une société où la contraception est pourtant largement répandue ? « Avec le développement de la contraception, on pourrait imaginer que le nombre d’IVG diminue, mais ce serait faire un raccourci simpliste. Le désir d’enfant peut être assez ambivalent et fait nécessairement intervenir des dimensions conscientes et inconscientes. Le rapport de chaque femme à sa contraception va dans le même sens, avance Diane de Wailly, psychologue clinicienne à la maternité Necker et psychanalyste. Il ne faut pas oublier qu’un enfant se fait à deux : il y a un désir d’une femme vers un “devenir mère”, combiné au désir d’un homme d’un “devenir père”. » Cette analyste insiste sur la complexité et la singularité de chaque situation. La liaison entre contraception et avortement est « complexe » répondent aussi des chercheurs de l’Inserm et de l’Ined, pilotés par la sociologue et démographe Nathalie Bajos, dans un bulletin de 2004 (1) et où ils s’interrogeaient déjà sur la raison de la stagnation de l’IVG. La décision d’avorter est en effet la combinaison de plusieurs facteurs (sociaux, familiaux, économiques…) non réductibles à la contraception. « Ces grossesses sont dues en majorité à des accidents de contraception, l’efficacité réelle des méthodes médicales étant plus faible que l’efficacité théorique, relève Laurent Toulemon, de l’Ined. Souvent, elles surviennent dans des périodes d’instabilité : conjugale, professionnelle, amoureuse, etc., pendant lesquelles la vigilancecontraceptive est amoindrie. » « Les grossesses non prévues ne surviennent pas dans les mêmes circonstances qu’auparavant » Autre élément d’explication : la répartition des avortements dans la population a changé. Car si le nombre d’IVG est stable, le nombre de femmes concernées est en baisse, analyse le démographe. L’âge moyen à l’IVG a ainsi baissé (27,5 ans en moyenne en 2011, un an de moins qu’en 1990), et les femmes qui y ont recours le font de façon plus répétée. « Ainsi, la probabilité pour une femme de recourir une première fois à l’IVG est de 33 %. Puis, la probabilité d’une seconde IVG est estimée à 41 %, en moyenne après cinq ans, et à 30 % pour une troisième », explique Laurent Toulemon. « L’enfant doit aujourd’hui être “programmé” dans un contexte affectif stable et au bon moment de la trajectoire professionnelle de parents. En outre, les grossesses non prévues ne surviennent pas dans les mêmes circonstances qu’auparavant », avancent aussi Nathalie Bajos et ses collègues. De fait, même si les grossesses non prévues surviennent moins fréquemment (46 % des grossesses vers 1975 contre le tiers aujourd’hui), elles semblent être aujourd’hui moins bien supportées : elles sont interrompues plus systématiquement (41 % en 1975 contre deux tiers aujourd’hui). Pour Caroline Roux, déléguée générale adjointe d’Alliance Vita, qui pilote le service d’écoute « SOS bébé », « il est de plus en plus difficile pour la société d’accueillir un enfant qui n’a pas été programmé. La période de mise en couple de manière durable est plus longue, l’enfant est souvent vu comme un obstacle ». Elle décrit des femmes soumises à de fortes pressions familiales ou venant du compagnon pour les encourager à ne pas garder leur enfant. « Elles sont rejetées par leur entourage parce qu’enceintes », poursuit-elle. « Je suis toujours frappée de voir la trace psychique que cet acte peut laisser » Celle qui se définit comme une « militante pour la prévention de l’avortement » dénonce aussi une sexualité de plus en plus précoce. « Il faut poser une question : sont-elles consentantes ou s’agit-il pour elles d’un passage obligé ? » « On a mis autour de l’enfant une angoisse sociétale considérable, abonde Marie Philippe, qui dirige le site ivg.net (2). Pour nombre de couples, l’enfant représente une angoisse profonde. Beaucoup de femmes disent qu’elles ne sont pas prêtes… » Faut-il voir aussi dans ces chiffres une forme de banalisation de l’acte ? Là encore, la réponse est loin d’être simple. « D’un côté, on peut répondre par l’affirmative, poursuit Laurent Toulemon. Cet acte est moins traumatisant que par le passé et l’IVG est devenu un droit à part entière. Mais en même temps, lorsqu’on les interroge, les femmes qui ont interrompu une grossesse n’en parlent pas toujours. Évoquer une IVG n’est pas facile face à une enquêtrice ou un enquêteur. » Avortement, une banalisation inéluctable? « Même si le mot peut paraître moins tabou qu’auparavant, lorsque je vois le retentissement d’une IVG dans la vie des femmes, je pense que l’on est loin de la banalisation, répond pour sa part Diane de Wailly. Je suis toujours frappée de voir la trace psychique que cet acte peut laisser. Il y a un réel décalage entre la représentation sociale de l’IVG et le retentissement individuel à long terme, beaucoup plus complexe. Honte ou culpabilité peuvent être éprouvées, parfois même bien des années plus tard. Ainsi, il n’est pas rare que lors d’une grossesse ultérieure resurgissent ces sentiments liés à cet événement passé éventuellement traumatique. Au fond, cet acte ne sera jamais banal, parce que la décision d’avorter ne sera jamais simple pour les femmes. » Loup Besmond de Senneville (1) « Pourquoi le nombre d’avortements n’a-t-il pas baissé en France depuis 30 ans ? », de N. Bajos, C. Moreau, H. Leridon, M. Ferrand, in Population et sociétés numéro 407, décembre 2004. (2) Auteur de « Après l’IVG, des femmes témoignent », Ed. Artège, 204 p., 11 €. Et aussi La baisse du nombre d’IVG doit-elle devenir un objectif de santé publique ? La baisse du nombre d’IVG doit-elle devenir un objectif de santé publique ? Lire la suite Thèmes associés * << cahier sciences et éthique >> * << avortement >> * << bioéthique >> Publicité Publicité Avortement et législations Photo d’illustration. Forum et débats Bioéthique, débat en vue de choix difficiles __________________________________________________________________ Le pape François lors de son audience générale, mercredi 10 octobre, place Saint-Pierre Pape L’Ordre des médecins dénonce la « violence » des propos du pape sur l’avortement __________________________________________________________________ Discours du pape François au Vatican, le 10 octobre 2018. 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AJ Photo/BSIP Dans un planning familial de Marseille. Un grand nombre de grossesses est dû à des accidents de contraception. Dans un planning familial de Marseille. Un grand nombre de grossesses est dû à des accidents de contraception. France Keyser/ MYOP * * * 1 / * * Pourquoi le nombre d’avortements ne baisse pas en France Plus de quarante ans après la dépénalisation de l’interruption volontaire de grossesse, le recours à celle-ci est toujours aussi important en France. Loup Besmond de Senneville, le 04/10/2018 à 10h23 En France, 211 887 interruptions volontaires de grossesse ont été pratiquées en 2016. En France, 211 887 interruptions volontaires de grossesse ont été pratiquées en 2016. / AJ Photo/BSIP Plus de quarante ans après la dépénalisation de l’interruption volontaire de grossesse, le recours à celle-ci est toujours aussi important en France. Cela ressemble à un paradoxe qui pour le moins intrigue. Plus de quarante ans après sa dépénalisation, le recours à l’interruption volontaire de grossesse (IVG) est toujours aussi important en France. Alors qu’ailleurs, la tendance est plutôt à la baisse, comme en Italie ou en Suisse. En Allemagne également, où le nombre d’IVG a baissé de 23 % entre 2004 et 2014. Il est vrai que dans ce pays, l’avortement n’est autorisé qu’à titre exceptionnel, jusqu’à 12 semaines de grossesse, et les femmes qui y recourent doivent participer à une consultation obligatoire dans un centre agréé. En France, 211 887 avortements ont été pratiqués en 2016, soit 14,4 avortements pour 1 000 femmes. La pratique est globalement stable dans le temps : pour preuve, en 1990, le taux de recours à l’IVG pour 1 000 femmes était exactement le même. La baisse du nombre d’IVG doit-elle devenir un objectif de santé publique ? « L’IVG reste un événement probable dans une trajectoire féminine puisque, en moyenne, près d’une femme sur deux y aura recours au cours de sa vie », notaient en 2009 les auteurs du dernier rapport de l’Inspection générale des affaires sociales (Igas) sur la question. Les inspecteurs ajoutaient : « Pour autant, l’avortement est loin d’être devenu un acte banal ou anodin, tant pour les femmes qui y ont recours que pour les professionnels qui le pratiquent. » La liaison entre contraception et avortement est « complexe » Pourquoi le nombre d’IVG ne diminue-t-il pas, dans une société où la contraception est pourtant largement répandue ? « Avec le développement de la contraception, on pourrait imaginer que le nombre d’IVG diminue, mais ce serait faire un raccourci simpliste. Le désir d’enfant peut être assez ambivalent et fait nécessairement intervenir des dimensions conscientes et inconscientes. Le rapport de chaque femme à sa contraception va dans le même sens, avance Diane de Wailly, psychologue clinicienne à la maternité Necker et psychanalyste. Il ne faut pas oublier qu’un enfant se fait à deux : il y a un désir d’une femme vers un “devenir mère”, combiné au désir d’un homme d’un “devenir père”. » Cette analyste insiste sur la complexité et la singularité de chaque situation. La liaison entre contraception et avortement est « complexe » répondent aussi des chercheurs de l’Inserm et de l’Ined, pilotés par la sociologue et démographe Nathalie Bajos, dans un bulletin de 2004 (1) et où ils s’interrogeaient déjà sur la raison de la stagnation de l’IVG. La décision d’avorter est en effet la combinaison de plusieurs facteurs (sociaux, familiaux, économiques…) non réductibles à la contraception. « Ces grossesses sont dues en majorité à des accidents de contraception, l’efficacité réelle des méthodes médicales étant plus faible que l’efficacité théorique, relève Laurent Toulemon, de l’Ined. Souvent, elles surviennent dans des périodes d’instabilité : conjugale, professionnelle, amoureuse, etc., pendant lesquelles la vigilancecontraceptive est amoindrie. » « Les grossesses non prévues ne surviennent pas dans les mêmes circonstances qu’auparavant » Autre élément d’explication : la répartition des avortements dans la population a changé. Car si le nombre d’IVG est stable, le nombre de femmes concernées est en baisse, analyse le démographe. L’âge moyen à l’IVG a ainsi baissé (27,5 ans en moyenne en 2011, un an de moins qu’en 1990), et les femmes qui y ont recours le font de façon plus répétée. « Ainsi, la probabilité pour une femme de recourir une première fois à l’IVG est de 33 %. Puis, la probabilité d’une seconde IVG est estimée à 41 %, en moyenne après cinq ans, et à 30 % pour une troisième », explique Laurent Toulemon. « L’enfant doit aujourd’hui être “programmé” dans un contexte affectif stable et au bon moment de la trajectoire professionnelle de parents. En outre, les grossesses non prévues ne surviennent pas dans les mêmes circonstances qu’auparavant », avancent aussi Nathalie Bajos et ses collègues. De fait, même si les grossesses non prévues surviennent moins fréquemment (46 % des grossesses vers 1975 contre le tiers aujourd’hui), elles semblent être aujourd’hui moins bien supportées : elles sont interrompues plus systématiquement (41 % en 1975 contre deux tiers aujourd’hui). Pour Caroline Roux, déléguée générale adjointe d’Alliance Vita, qui pilote le service d’écoute « SOS bébé », « il est de plus en plus difficile pour la société d’accueillir un enfant qui n’a pas été programmé. La période de mise en couple de manière durable est plus longue, l’enfant est souvent vu comme un obstacle ». Elle décrit des femmes soumises à de fortes pressions familiales ou venant du compagnon pour les encourager à ne pas garder leur enfant. « Elles sont rejetées par leur entourage parce qu’enceintes », poursuit-elle. « Je suis toujours frappée de voir la trace psychique que cet acte peut laisser » Celle qui se définit comme une « militante pour la prévention de l’avortement » dénonce aussi une sexualité de plus en plus précoce. « Il faut poser une question : sont-elles consentantes ou s’agit-il pour elles d’un passage obligé ? » « On a mis autour de l’enfant une angoisse sociétale considérable, abonde Marie Philippe, qui dirige le site ivg.net (2). Pour nombre de couples, l’enfant représente une angoisse profonde. Beaucoup de femmes disent qu’elles ne sont pas prêtes… » Faut-il voir aussi dans ces chiffres une forme de banalisation de l’acte ? Là encore, la réponse est loin d’être simple. « D’un côté, on peut répondre par l’affirmative, poursuit Laurent Toulemon. Cet acte est moins traumatisant que par le passé et l’IVG est devenu un droit à part entière. Mais en même temps, lorsqu’on les interroge, les femmes qui ont interrompu une grossesse n’en parlent pas toujours. Évoquer une IVG n’est pas facile face à une enquêtrice ou un enquêteur. » Avortement, une banalisation inéluctable? « Même si le mot peut paraître moins tabou qu’auparavant, lorsque je vois le retentissement d’une IVG dans la vie des femmes, je pense que l’on est loin de la banalisation, répond pour sa part Diane de Wailly. Je suis toujours frappée de voir la trace psychique que cet acte peut laisser. Il y a un réel décalage entre la représentation sociale de l’IVG et le retentissement individuel à long terme, beaucoup plus complexe. Honte ou culpabilité peuvent être éprouvées, parfois même bien des années plus tard. Ainsi, il n’est pas rare que lors d’une grossesse ultérieure resurgissent ces sentiments liés à cet événement passé éventuellement traumatique. Au fond, cet acte ne sera jamais banal, parce que la décision d’avorter ne sera jamais simple pour les femmes. » Loup Besmond de Senneville Et aussi La baisse du nombre d’IVG doit-elle devenir un objectif de santé publique ? La baisse du nombre d’IVG doit-elle devenir un objectif de santé publique ? 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