Recommandations pastorales pour la préparation au mariage
 
 
 
 
 

Le mariage par lequel un homme et une femme constituent entre eux une communauté de vie a son fondement dans le projet créateur de Dieu. Pour les baptisés il a été élevé par le Christ à la dignité de sacrement.

Nous devons faire que la préparation des fiancés à leur mariage soit un chemin. Il doit leur permettre de faire concrètement l'expérience d'une adéquation entre la grâce que Dieu leur offre et leur existence.

L'Église catholique est, de fait, l'une des rares institutions de notre société à proposer une préparation effective au mariage.

Tout sacrement est un sacrement de l'Église. C'est dans la foi de l'Église que l'on est baptisé. C'est dans la foi de l'Église que l'on se marie.

Laïcs, diacres, prêtres et évêque, c'est au nom de l'Église que nous agissons dans la préparation au mariage. Cela implique une double exigence :

  • nous avons à cheminer avec les fiancés qui se préparent au mariage. Ceci suppose intelligence, compréhension de ce qu'ils vivent, respect de la diversité de leur situation sociale et chrétienne, charité,
  • sur ce chemin l'Église nous demande de ne jamais être seuls mais ensemble laïcs et ministres ordonnés.

I. Quelques constats

1. Une reprise de contact avec la communauté chrétienne

Pour les jeunes qui demandent le mariage c'est souvent l'occasion d'une reprise de contact avec la communauté chrétienne. Mais paradoxalement la plupart de ces couples sont éloignés d'une vie paroissiale.

L'enjeu de l'accueil pastoral des demandes de mariage est d'aider les jeunes à se préparer à un engagement qu'ils prennent au sérieux. C'est pour eux une chance de découvrir que le Christ est présent dans leur vie et qu'il donne sens à l'alliance qu'ils viennent célébrer en Église et à la famille qu'ils souhaitent fonder.

2. La fragilité du mariage et les risques de rupture

Face aux nombreux échecs qu'ils voient autour d'eux, les jeunes ont le désir d'approfondir et de comprendre les exigences du mariage (liberté, fidélité, indissolubilité, fécondité...) ; ils viennent chercher dans l'Église des repères pour la stabilité à laquelle ils aspirent. La déclaration d'intention devra être préparée avec le plus grand soin pour leur permettre de s'approprier les conditions du mariage chrétien, de préciser leur projet de vie et d'en faire un chemin vers le bonheur.

3. La diversité des situations qui se présentent

Des fiancés vivent leur cheminement vers le mariage dans la chasteté ; ils manifestent ainsi que leur engagement mutuel sera un don total et définitif

Nombreux sont aussi les fiancés qui ont déjà une expérience de couple. Ceux qui mènent une vie commune depuis plusieurs années cherchent aussi à construire un amour solide. Ceux qui les accompagnent doivent attirer leur attention sur l'importance de la liberté que suppose l'engagement du mariage par rapport à des décisions déjà prises (naissance d'un enfant, habitudes de vie commune, emprunts contractés, regards de l'entourage, etc.).

Malgré les réticences de certains devant les contraintes de la préparation au mariage (réunions, choix de textes, déclarations d'intention...), les fiancés sont généralement réceptifs au contenu proposé.

Quand les fiancés résident hors de la paroisse de la célébration, on leur demandera de prendre contact avec le curé. S'ils ne peuvent se déplacer souvent, la préparation spirituelle et le dossier administratif seront effectués dans leur paroisse de résidence en lien avec le curé de la paroisse où sera célébré le mariage.

Il y a aussi des cas où l'on ne peut répondre à la demande des fiancés sans un discernement pastoral : baptisés n'ayant aucune expérience chrétienne ou aucun des deux n'ayant été catéchisé, etc. En évitant de s'enfermer dans une logique du tout ou rien, on essaiera de leur proposer un cheminement de foi qui tienne compte de ce qu'ils vivent.

II. Laïcs, diacres et Prêtres, co-responsables de la préparation au mariage

C'est le curé de la paroisse dans laquelle est célébré le mariage, qui en a la responsabilité pastorale. Il lui revient donc de s'assurer de la qualité de sa préparation, du respect des règles canoniques, de la régularité des dispenses éventuelles et du transfert du dossier administratif dans des délais raisonnables.

Le rôle des prêtres et des diacres demeure irremplaçable pour accueillir les futurs époux et pour entrer avec eux dans un dialogue personnel. Mais pour signifier que l'Église est le Corps vivant du Christ formé de membres divers et unis, les communautés doivent être associées à la préparation au mariage. Aussi est il important que se développent les CPM en divers lieux du diocèse pour être facilement accessibles, et que se multiplient, au niveau des paroisses, des équipes constituées de laïcs formés pour accompagner les fiancés en lien avec les prêtres et les diacres.

La préparation au mariage s'effectue sur une durée substantielle d'environ un an, au cours de laquelle plusieurs types de rencontres peuvent avoir lieu :

  • Deux ou trois rencontres avec le prêtre ou le diacre appelé à accompagner les futurs époux et à célébrer leur mariage.
  • Deux ou trois rencontres avec des couples associés à la préparation au mariage.
  • Un temps fort d'une journéeØ peut également être proposé, au niveau du doyenné ou au Foyer de Charité... afin de permettre aux fiancés de fonder spirituellement leur démarche d'Alliance.
  • Une célébration vécue en paroisse par exemple au cours d'un « dimanche de l'Alliance » où d'autres couples mariés rendent grâce pour le chemin parcouru, et où les fiancés annoncent publiquement leur prochain mariage devant la communauté.

La demande faite par les fiancés à l'Église est une chance pour la communauté : elle se réjouit d'accueillir de futurs témoins de l'Alliance de Dieu avec les hommes, elle témoigne de sa foi dans la fidélité de Dieu et de la force de l'Évangile pour vivre dans notre monde.

III. Contenu de la préparation au sacrement

Curé, prêtre ou diacre, équipe de laïcs associée à la préparation au mariage, communauté chrétienne, chacun a un rôle spécifique à remplir. Il s'agit de :

Permettre aux jeunes de s'exprimer librement, de se sentir accueillis avec leur projet et respectés dans ce qu'ils vivent :

L'accueil lors du premier contact est souvent décisif. Pour certains, c'est la première occasion de rencontrer vraiment l'Église dans un climat de joie et de confiance.

Favoriser une progression

Le sacrement du mariage est à la fois un engagement et l'expérience d'un don de Dieu. Il sera important d'aborder les thèmes de la liberté, des différences au sein du couple, du pardon, de la vie affective ... et de proposer des repères de foi pour découvrir une manière chrétienne de vivre toutes ces réalités :

  • Comprendre comment la parole de Dieu concerne l'existence humaine des familles ;
  • Redécouvrir le sens du sacrement de réconciliation ;
  • Inviter à progresser dans la qualité de leur vie de couple ;
  • Tisser des liens avec des membres d'une communauté chrétienne ;
  • Faire une place à la prière dans la vie du couple.

Il serait bon de coordonner le contenu des rencontres de préparation sur l'ensemble du diocèse et de favoriser une concertation entre le CPM, le CLER, les équipes associées, etc.

Célébrer le mariage

Les communautés chrétiennes autant qu'il est possible devront être associées à la célébration des mariages, au moins par l'intermédiaire des équipes de préparation, des relais de communautés, des délégués pastoraux...

Après le mariage

Dans le cadre d'un « Dimanche de l'Alliance » inviter les jeunes couples mariés dans l'année à se retrouver.
Faire connaître aux jeunes couples les mouvements susceptibles de les soutenir humainement et spirituellement.

Cas particuliers

Mariage - Baptême des enfants

Quand un couple demande la célébration conjointe de son mariage et du baptême de son enfant ou de ses enfants, il est préférable de distinguer les deux démarches sacramentelles. Si des motifs particuliers conduisent exceptionnellement à accepter la célébration conjointe, il faut veiller à respecter le sens de chaque sacrement.

Accueil des divorcés remariés

Dans l'attente des conclusions d'une réflexion pastorale sur la place des divorcés remariés dans l'Église, à condition d'en avoir vérifié le bien fondé lors d'une ou plusieurs rencontres, et en évitant d'utiliser le terme de célébration, on pourra proposer un temps de prière aux conditions suivantes :

  • il devra avoir lieu un autre jour que le remariage civil, et au cas où une autre date ne serait pas possible, avant la cérémonie à la mairie ;
  • on évitera tout cortège et sonnerie de cloches qui sont le signe d'une convocation publique ;
  • il n'y aura naturellement ni échange de consentements, ni bénédiction et échange des alliances, ni bénédiction nuptiale ;
  • après un temps de lecture et de méditation de la Parole de Dieu, prendra place une prière d'intercession pour se confier à Dieu et s'en remettre à sa bonté.

Il serait souhaitable que chaque paroisse s'approprie ce document et que les conseils pastoraux réfléchissent à sa mise en œuvre.

Puissent ces recommandations nous permettre de mieux manifester à ceux qui se préparent au mariage la part que l'Église prend à leur bonheur, son attention et sa joie de les accompagner sur ce chemin de vie que Dieu leur offre.

Jean-Charles DESCUBES
Évêque d'Agen

A Agen le 20 mars 2004