Israël

La communauté gay attend toujours son mariage pour tous

Vendredi 8 juin 2018 par Nathalie Hamou

La « Gay pride » célèbre ses 20 ans ce vendredi 8 juin 2018 à Tel-Aviv. Selon un récent sondage, 58% des Israéliens sont aujourd’hui favorables au mariage homosexuel.  

 

Connue pour son environnement libéral à l’égard de la communauté gay, grâce aux décisions de sa Cour suprême, Israël peut-il aller plus loin ? Tel est le vœu de Tel-Aviv, la ville de loin la plus gay friendly du pays, et évidemment de l’ensemble de la région. A l’occasion de la « Gay Pride », qui se doit se dérouler ce vendredi 8 juin en présence de dizaines de milliers de participants, et dont on célèbre les 20 ans d’existence, la cité balnéaire s’est recouverte depuis des jours de drapeaux aux couleurs de l’arc-en-ciel.

Reste que sur le plan des libertés civiles, il y a un grand absent : l’union homosexuelle. Dans un Etat où le mariage civil n’a pas de droit de cité, mais qui reconnaît dans le même temps les relations entre des personnes de même sexe vivant ensemble, la chose n’est guère surprenante. Mais cela ne semble plus correspondre à la volonté de la rue israélienne. Selon un récent sondage réalisé par la Dixième chaîne de télévision du pays, 58% des Israéliens se déclarent en effet favorables au mariage gay.

En revanche, la plupart des députés de la Knesset interrogés sur le sujet n’ont pas souhaité répondre à l'enquête. C’est notamment le cas de la ministre de la Culture, Miri Regev, qui avait pourtant défilé dans le passé lors de la « Gay Pride ». Au total, 47 se sont déclarés favorables à l’union homosexuelle, 12 s’y sont fortement opposés et les autres législateurs -sur les 120 que compte le parlement- ont refusé de se prononcer.

Seuls quatre politiciens issus du parti du Likoud au pouvoir ont déclaré être favorables au mariage homosexuel, notamment Amir Ohana, tout premier législateur ouvertement gay appartenant au Likoud, tandis que deux ont indiqué être contre. Deux partisans du mariage homosexuel se sont révélés au sein de Koulanou, les autres s’abstenant, et la majorité des parlementaires membres du parti nationaliste religieux « Foyer juif » n’ont pas répondu au sondage.

Comme prévu, le Parti travailliste et le Meretz ont pour leur part pleinement affirmé leur soutien au mariage gay. Pour la députée Merav Michaeli, qui copréside le lobby des droits des homosexuels à la Knesset, « voilà longtemps que le public a compris que les membres de la communauté LGBT méritent l’égalité des droits comme tous les autres citoyens. Israël est le seul Etat démocratique dans lequel il n’y a pas de mariage civil », a-t-elle ajouté, estimant que cela doit changer.

Du côté de la Liste arabe unie, deux partisans se sont déclarés contre cinq détracteurs, tandis que six ont refusé de répondre. Il n’y a eu aucune réponse de la part des législateurs de la formation laïque nationaliste « Israël notre maison ». Last but not least, les partis religieux Shas et « Yahadout Ha Torah » ont compté deux opposants déclarés…

Le mariage gay d’Ovadia Cohen, petit-fils du Grand rabbin

Ces derniers n’ont pourtant pas manqué d’être concernés au premier chef par une annonce qui a défrayé la chronique : le mariage d’Ovadia Cohen -le petit-fils de l’ex-Grand rabbin sépharade Ovadia Yosef et leader spirituel du parti Shas, aujourd’hui disparu- et de son compagnon, Amichai Landsman, qui a été célébré vendredi dernier à Haïfa par une femme orthodoxe gay… La cérémonie célébrant l’union du couple a été conduite par Zahorit Sorek, une activiste de premier plan dans la communauté gay religieuse et membre du parti Yesh Atid, parti engagé dans la lutte contre la coercition religieuse.

Aucun des membres de la famille du Rabbin Ovadia Yosef qui était fortement opposé à l’homosexualité n’a assisté à la cérémonie. Ovadia Cohen avait épousé une femme avec laquelle il a eu deux enfants, mais le couple s’est séparé quand il a fait son coming-out. Il y a trois ans, il a rencontré son compagnon qui a grandi dans la communauté sioniste à Haïfa, et les deux hommes ont emménagé ensemble, tout en maintenant un style de vie religieux.

Quand il était enfant, Ovadia Cohen était proche de son grand-père et a passé beaucoup de temps dans sa maison après le divorce de ses parents, régulièrement mêlés à l’élite politique et religieuse d’Israël. Mais ce milieu condamnait totalement l’homosexualité.

Ovadia Yosef avait notamment qualifié les homosexuels de « mal absolu ». Et son fils, le rabbin Yaakov Yosef, a publié une décision interdisant aux gens de laisser leur enfant étudier avec des professeurs ou des tuteurs gays. L’année dernière, un législateur du parti Shas a encore dû quitter le parti après avoir participé au mariage gay de son neveu…


 
 

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http://www.respectzone.org/fr/
  • Par Jacky - 8/06/2018 - 22:56

    Le problème pour les couples gays n’est pas l’absence de mariage civil,mais la non- reconnaissance en Israël des rabbins «  conservative » et réformés qui - aux Etats-Unis du moins- célèbrent en majorité pour les premiers, unanimement pour les seconds des mariages religieux homosexuels.Mais quel est le statut des couples de même sexe qui se marient à l’étranger?

  • Par amourstein - 8/06/2018 - 22:58

    peut on etre religieux et gay ? juif et laique ? les paradoxes des amours , quoi

  • Par Daniel Donner - 10/06/2018 - 9:43

    Et si on disait aussi qu'en Israel, le nombre de couples gay ayant des enfants est proportionnellement plus grand que partout ailleurs...