Avortement: la méthode médicamenteuse est la plus recommandée

Dernière mise à jour 13/12/12 | Article
Avortement: la méthode médicamenteuse est la plus recommandée
Les femmes voulant mettre un terme à une grossesse non désirée ont deux méthodes à disposition jusqu’à la 9e semaine. L’une médicamenteuse, l’autre chirurgicale. Une spécialiste explique les différences entre ces deux solutions.

Lorsqu’une femme décide de mettre un terme à une grossesse non désirée (lire notre article  «Un avortement n’est jamais un acte banal») deux méthodes sont à sa disposition. L’une médicamenteuse, l’autre chirurgicale.

«Comme l’Organisation mondiale de la santé, nous préconisons plutôt la méthode médicamenteuse», explique Laetitia Ribordy, cheffe de clinique, responsable des consultations d’interruption volontaire de grossesse  aux HUG (Hôpitaux universitaires genevois).

A noter qu’après la neuvième semaine de grossesse et jusqu’à la douzième, il ne reste que l’option chirurgicale pour l’interrompre, car le médicament n’est alors plus assez efficace.

Les deux méthodes

L’avortement médicamenteux

Il s’effectue en deux temps: d’abord la patiente reçoit un médicament, qui bloque l’action de la progestérone, une hormone féminine, et arrête le développement de la grossesse. Elle peut alors retourner chez elle, et revient dans les 36 à 48 heures après à l’hôpital pour recevoir un 2e médicament à base de prostaglandine, qui provoquera les contractions et l’expulsion de la grossesse

Après quelques heures en observation, la patiente peut rentrer chez elle, munie d’une brochure de consignes pour les jours à venir et d’un numéro en cas d’urgence. A noter que chez 65% des patientes, l’expulsion de la grossesse a lieu pendant l’hospitalisation. La majorité ressent des douleurs plus ou moins fortes, comparables à celles des menstruations. Si nécessaire, elles peuvent prendre un antidouleur.

Cette forme d’IVG se pratique toujours plus en ambulatoire. «Aux HUG, nous sommes en train de finaliser la procédure pour que toutes les femmes sans problème particulier et ayant clairement pris leur décision puissent prendre les médicaments nécessaires chez elles, si elles ont quelqu’un qui peut les soutenir.

Le processus peut durer deux à trois jours et en général, le médecin établit un certificat d’arrêt de travail de trois jours. Deux à trois semaines après, la patiente est tenue d’effectuer un contrôle échographique, afin de vérifier que l’avortement est effectif et que l’entier de la grossesse a été expulsé. Dans 3 à 5% des cas seulement, cette méthode échoue partiellement ou complètement, rendant nécessaire un traitement complémentaire (médicamenteux ou curetage.)

Complications éventuelles

Les complications éventuelles de cette méthode sont rares. Parmi elles, on relève notamment:

  • Des saignements importants.
  • Une expulsion incomplète, nécessitant un traitement complémentaire.
  • comparée à l’IVG chirurgicale, la méthode médicamenteuse induit des pertes de sang plus importantes et de plus longues durée (sept à douze jours, voire exceptionnellement un mois), ainsi que des douleurs pelviennes plus intenses.
  • Des complications infectieuses, rares, qui peuvent être sévères (p.ex. le syndrome de choc toxique dû au Clostridium sordellii).
La méthode chirurgicale

Cette méthode est possible jusqu'à la 12e semaine. La grossesse est aspirée sous anesthésie générale. Après l’intervention, la patiente a des saignements comparables aux règles, de courte durée, mais rarement des douleurs. Dans les 4 à 6 semaines après, la patiente devra effectuer un contrôle gynécologique.

Complications éventuelles

Le taux de complications pour une interruption de grossesse chirurgicale menée dans de bonnes conditions médicales est minime, nettement inférieur à celui d’un accouchement. Reconnues et prises en charge au plus vite, elles restent sans conséquences.

Les complications légères:

  • des blessures du col ou de la paroi de l’utérus;
  • des infections des saignements plus abondants que la normale;

Les complications graves, mais rares (0,1 à 0,8%):

  • des infections importantes avec fièvre élevée, des saignements graves, une perforation de l’utérus, des blessures du col, des thromboses (formation de caillots dans un vaisseau sanguin);
  • des saignements excessifs.

L’avis des patientes

Les femmes ayant opté pour la solution médicamenteuse expliquent notamment qu’elles l’ont vécue comme moins invasive et plus naturelle que l’option chirurgicale. Et cette forme d’IVG peut avoir lieu très tôt (dès qu’une grossesse est visualisée dans la cavité utérine, contrairement à l’option chirurgicale qui se fait uniquement dès la 7e semaine). D’où un soulagement psychologique plus rapide. «Mais cette méthode est parfois vécue comme plus longue et plus pénible, en raison de la nécessité d’un contrôle échographique 2 à 3 semaines plus tard pour s’assurer de la vacuité utérine», note la Drsse Ribordy.

Les patientes qui ont choisi la chirurgie ont, au contraire, apprécié de disposer d’un peu plus de temps pour prendre leur décision, et d’être inconscientes durant l’intervention.

Pas de séquelles

Comme le souligne la Drsse Ribordy: «Les prétendues séquelles de l'avortement, telles que la stérilité ou les risques pour une grossesse ultérieure, ont fait l’objet de nombreuses études, portant sur des milliers de femmes (notamment par l’Organisation mondiale de la santé et d'autres encore). Et la majorité en est arrivé à la conclusion que ces risques ne sont pas plus importants pour les patientes ayant subi un avortement que pour les autres». De même, rien ne prouve qu’un avortement pourrait provoquer le cancer du sein, comme le prétendent des adversaires de l’IVG.»

IVG remboursée par l’assurance maladie de base

Les interruptions de grossesse volontaires sont remboursées par l’assurance de base, quelle que soit la méthode choisie. Une initiative populaire, déposée en juillet 2011 par les milieux opposés à l’avortement, exige que l’IVG et la réduction embryonnaire ne fassent plus partie des prestations de l’assurance maladie de base.

Le Conseil fédéral recommande le rejet de cette initiative. Tout comme la commission de la santé publique du Conseil national qui, le 2 novembre 2012, a appelé les Chambres fédérales à rejeter l'initiative, par une large majorité (18 voix contre 5). Selon la commission, cette proposition aurait des effets sanitaires et sociaux pervers, sans pour autant permettre des économies substantielles comme le prétendent les initiants.

Relevons que fin octobre 2012, le parlement français avait de son côté accepté avec une très large majorité (557 contre 6 – 6 hommes) que les IVG soient intégralement remboursées et a voté pour la gratuité des contraceptifs pour les mineures de 15 à 18 ans.

En savoir plus

http://www.svss-uspda.ch

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