L’Italie donne son feu vert au TGV Lyon-Turin
Un renoncement au chantier à ce stade aurait coûté à l’Italie jusqu’à 2,5 milliards d’euros.
Rome
Cela sonne comme la fin des rêves de décroissance heureuse du Mouvement 5 Étoiles (M5S), au gouvernement à Rome depuis juin 2018. Et au contraire comme la victoire du «camp de la croissance» qui, dans tout le Piémont, se bat depuis l’automne en faveur du TGV Lyon-Turin.
Le premier ministre italien Giuseppe Conte a donné son feu vert au chantier sans réduire son envergure. Il a affirmé que «cela coûterait plus cher de l’arrêter que de l’achever, car cette décision nous exposerait à tous les coûts de rupture du traité international avec la France». Surtout depuis l’effort de financement supplémentaire consenti par l’Europe, qui a ramené le coût total pour l’Italie à 3,2 milliards au lieu de 4,7. Un renoncement au chantier à ce stade aurait coûté à l’Italie jusqu’à 2,5 milliards d’euros.
Si la décision est bien prise, pour sauver la face du M5S, Giuseppe Conte a néanmoins renvoyé le verdict formel au Parlement. Un geste tactique et sans conséquence, car il n’existe pas de majorité, ni à la Chambre ni dans l’opinion, contre le TGV.
Pour le M5S qui, depuis 2005, a construit son identité sur ce combat contre le TGV, symbole des grands chantiers sources de corruption, c’est une déconfiture. C’est le dernier combat perdu après les batailles contre le gazoduc des Pouilles, les forages dans l’Adriatique et l’aciérie très polluante de Tarente.
C’est aussi la décision qui pourrait sauver le gouvernement. Matteo Salvini a fait savoir qu’en cas d’opposition trop systématique du M5S, il était prêt à déclencher une crise du gouvernement pour déboucher sur des élections anticipées. Or personne, ni au gouvernement, ni au Parlement, ne veut prendre le risque de perdre son siège. Ce qui provoque un vent de colère de la base, laquelle crie à «la trahison».