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    Récit

    Au Consistoire, un nouvel élu pour tourner la page

    Par Bernadette Sauvaget (mis à jour le )
    Paris le 22 juin 2014. Palais des Congrès. Election du Grand Rabbin de France, Haim Korsia.
    Paris le 22 juin 2014. Palais des Congrès. Election du Grand Rabbin de France, Haim Korsia. Photo Bruno Charoy pour Libération

    Haïm Korsia a été choisi pour devenir le nouveau grand rabbin de France, plus d’un an après le scandale qui avait poussé Gilles Bernheim à la démission.

    A15 h 53, il y avait un TGV qui n’attendrait pas. Destination Lyon. Les principaux responsables de la communauté juive y étaient conviés pour commémorer, en fin d’après-midi dimanche, le 145e anniversaire de la grande synagogue, quai Tilsitt. A Paris, dans une salle du Palais des congrès, l’élection du grand rabbin de France a donc été rondement menée. On ne sait pas si cela lui a porté chance… Mais, avant d’être élu, Haïm Korsia avait promis qu’en cas de victoire, il se rendrait à Lyon. Au cas où, le Consistoire avait prévu un billet de train pour le futur grand rabbin. Assez haut la main, Haïm Korsia, 51 ans, aumônier général des armées depuis 2007, a décroché le poste, supplantant au second tour par 131 voix contre 97, son challenger, Olivier Kaufmann, directeur du séminaire israélite de France et rabbin de la synagogue de la place des Vosges. Pour l’élection, il y avait des boîtiers électroniques, distribués aux 233 grands électeurs qui ont pris part au vote (ils étaient 316 théoriquement). Six candidats étaient en lice. Le premier tour a fait émerger les deux finalistes. Sans grande surprise, d’ailleurs, Korsia et Kaufmann faisaient figure de favoris.

    Atomisation. Depuis le printemps, la campagne électorale a été intense mais beaucoup moins âpre et violente qu’en 2008, lors de l’élection de Gilles Bernheim. Ces semaines-là ont, en fait, profité au rabbin de Sarcelles, la ville à la vingtaine de synagogues, Laurent Berros, peu visible jusqu’alors mais très actif avant le scrutin. Lors du premier tour, il est arrivé en troisième position, à peine distancé d’une dizaine de voix par Olivier Kaufmann. Rabbin de terrain, il avait d’ardents supporteurs. «Moi, je suis un juif de base, dit l’un d’entre eux, déçu de son élimination. Je ne crois pas que les délégués, qui ont élu le grand rabbin de France, ont entendu la communauté juive.» Laurent Berros avait aussi le soutien discret de Joël Mergui, le président du Consistoire central. Mais cela n’a pas suffi… Même après l’annonce du résultat final, le rabbin Moché Lewin, directeur de campagne de Haïm Korsia, tremble encore. «Les coups bas étaient possibles jusqu’au dernier moment», lâche-t-il. Pour être élu, le nouveau grand rabbin de France a bénéficié d’un report de voix assez conséquent, presqu’une quarantaine. Celles des supporteurs d’Alain Senior, arrivé en quatrième position lors du premier tour. Rabbin de Créteil, c’est aussi l’une des personnalités qui comptent en région parisienne. Ce proche du grand rabbin Joseph Sitruk est connu pour être un tenant d’une stricte orthodoxie. Ce qui n’est pas le cas de Haïm Korsia le plus «libéral» des candidats en lice. Il avait axé sa campagne sur l’unité de la communauté juive, traversée de divers courants et en voie d’atomisation. Une fois élu, il a répété cet appel, reprenant la devise de l’armée de l’air où il a été aumônier, «unis pour faire face».«Haïm Korsia est quelqu’un de dynamique et d’ouvert, se félicite Janine Elkouby, vice-présidente du consistoire du Bas-Rhin. Nous avons besoin d’une personnalité comme cela pour tourner certaines pages.» L’unité est, de fait, l’un des principaux défis qui attendent Haïm Korsia. Charismatique. Mis en place il y a plus de deux cents ans par Napoléon, le judaïsme consistorial traverse une crise existentielle, rassemblant de moins en moins. Plusieurs tendances se maintiennent en dehors de l’organisation consistoriale et de nombreuses synagogues préfèrent garder leur indépendance. Lors de la campagne électorale, le débat s’est aussi ouvert sur le rôle du grand rabbin de France, une institution ébranlée par la calamiteuse affaire Gilles Bernheim, obligé l’année dernière de démissionner pour des plagiats et un mensonge sur ses diplômes. Assez charismatique, Korsia devrait très vite dessiner les contours de son rôle et de sa fonction. Habitué des allées du pouvoir, entretenant d’excellentes relations avec les autres cultes, il sera certainement très présent sur la scène politico-religieuse. «N’ayez pas peur», a-t-il d’ailleurs lancé à la communauté juive après son élection, citant Moïse devant le peuple hébreu avant la traversée de la mer Rouge. Le nouveau grand rabbin de France se situe dans la lignée d’un Gilles Bernheim. L’un et l’autre s’inscrivent dans la tradition historique du franco-judaïsme. «Bien avant Clovis, le judaïsme était présent ici», plaide Haïm Korsia. Plutôt que d’avoir les yeux tournés vers Israël, pour le nouveau grand rabbin de France, le judaïsme a un rôle à jouer, ici et maintenant, au cœur de la société française.

    Bernadette Sauvaget
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