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    Terrorisme

    Gares, métro, aéroports : l’impossible risque zéro

    Par Richard Poirot et SERVICE FRANCE
    Déploiement sécuritaire sur le territoire français après les attentats en Belgique, le 22 mars 2016. Ici à Paris.
    Déploiement sécuritaire sur le territoire français après les attentats en Belgique, le 22 mars 2016. Ici à Paris. Photo Albert Facelly pour Libération

    Même avec des mesures de prévention extrêmement draconiennes, la sécurisation parfaite des transports publics paraît inaccessible.

    C’était en décembre. «Le risque zéro n’existera jamais, à moins de renoncer à vivre», disait le député Gilles Savary (PS), lors d’une discussion en commission parlementaire. Il expliquait l’esprit de la loi qui porte aujourd’hui son nom, destinée notamment à renforcer la lutte contre les risques terroristes et qui autorise les agents de sûreté des réseaux de transport (SNCF, RATP…) à procéder à des palpations et à des fouilles de bagage. Un texte qui, disait-il encore, vise «à créer de l’insécurité pour ceux qui voudraient nous mettre en insécurité». Mais à chaque attentat se repose la question de l’efficacité de ces mesures. Et de savoir quel niveau d’alerte mettre en œuvre sans basculer dans le sécuritaire.

    Une question sans réponse évidente revient alors que l’aéroport de Bruxelles-Zaventem, qui accueille 22 millions de passagers par an, a immédiatement été fermé. Tous les vols au départ de la capitale ont été annulés, les avions redirigés vers d’autres aéroports. L’explosion dans le métro a stoppé tout le réseau de transport public de Bruxelles. La majorité des lignes devaient rester fermées jusqu’à 6 heures mercredi matin. Le Thalys (liaisons Paris-Bruxelles-Amsterdam-Cologne) était à l’arrêt sur l’ensemble du territoire belge. Seules deux rames ont circulé après 16 heures. Les Eurostar reliant Bruxelles à Londres ont aussi été suspendus dans les deux sens ou arrêtés à Lille.

    Les autorités françaises ont immédiatement réagi, renforçant les mesures de sécurité, déjà accrues après les attentats de janvier et de novembre.

    Les contrôles, jusqu’où ?

    Bernard Cazeneuve a annoncé que l’accès aux zones publiques des transports «sera réservé aux personnes munies d’un billet ou d’un titre d’identité», des «messages de prévention» seront diffusés, des patrouilles de militaires seront «réorientées sur les sites de transport» et les mesures de contrôle et palpation seront «systématisées». Ce dispositif vient s’ajouter aux 2 000 gendarmes et policiers spécialisés de la police ferroviaire nationale déjà déployés, aux 2 800 agents du service de sûreté de la SNCF (Suge) et aux 1 250 agents du Groupe de protection et de sécurisation des réseaux (GPSR) qui circulent dans le métro parisien.

    A l’aéroport Charles-de-Gaulle, si la surveillance a été renforcée dès la matinée, les passagers entraient encore librement dans les aérogares. Au total, 1 650 policiers aux frontières, 194 gendarmes des transports aériens (qui patrouillent sur le tarmac) et environ 120 militaires de Vigipirate composent la force chargée de la sécurité du deuxième plus gros aéroport d’Europe. «C’est difficile d’aller plus loin, on est au niveau maximal depuis tellement longtemps», indique le service de communication de l’aéroport.

    Côté RATP, on reste sur les mesures mises en place depuis janvier 2015 dans le cadre du plan Vigipirate-alerte-attentat. Soit 6 000 agents de station et 1 100 agents du GPSR répartis dans toute l’Ile-de-France. A la SNCF, on explique aussi être «au maximum de ce qu’on peut faire». «Ce matin, on a juste réaffecté une centaine d’agents de la sûreté ferroviaire à la gare du Nord et dans d’autres gares parisiennes.»

    Les limites du portique

    Après les attentats de novembre, la ministre Ségolène Royal évoquait la possibilité de placer des portiques de sécurité sur les TGV, voire sur d’autres lignes. L’accès aux Thalys est désormais sécurisé, mais uniquement en France. Et, comme le rappelle Miguel Fortea, secrétaire général CGT Air France, «dans certains aéroports, comme à Casablanca, les bagages sont passés aux rayons X à l’entrée du bâtiment.»

    Cependant, la généralisation de ces dispositifs a été contestée. «Dans les gares des grandes métropoles, on est dans une logique de flux, dit Olivier Hassid, directeur de la revue Sécurité & Stratégie. Le système ne peut pas fonctionner qu’avec des portiques.» François Bonhomme, sénateur et coauteur du rapport sur la sécurité des réseaux terrestres face à la menace terroriste, est aussi dubitatif. «Il ressort de l’audition des autorités de sécurité que les portiques fixes sont peu efficaces quand ils sont déployés en tout temps et aux mêmes endroits.» D’où sa proposition d’organiser des contrôles aléatoires, avec des portiques mobiles.

    En attendant les caméras «intelligentes»

    La SNCF teste actuellement un logiciel d’analyse comportementale, censé détecter tout geste suspect. Intégré à une caméra, il doit pouvoir repérer «le changement de température corporelle, le haussement de la voix ou le caractère saccadé des gestes», avait précisé en décembre Stéphane Volant, secrétaire général de la SNCF. Ce système pourrait potentiellement équiper les 40 000 caméras de surveillance de la compagnie ferroviaire.

    Mais la technologie est balbutiante. «Une personne stressée, sous l’émotion ou en colère, a sa température qui augmente, mais c’est rarement plus de 0,5° C, nous avait déclaré le patron d’une entreprise spécialisée dans la détection d’intrusion par caméra. Et il y a beaucoup d’autres raisons d’avoir un peu de température.» Le groupe électronique de défense Thales, interrogé par l’AFP, avait confirmé étudier des logiciels identiques «depuis quelques années». Mais les solutions ne sont opérationnelles «qu’en laboratoire».

    Gare à l’effet plumeau

    L’effet plumeau décrit les risques terroristes qui, telle la poussière, ne seraient pas supprimés mais détournés vers d’autres lieux bondés.

    Olivier Hassid est davantage inquiet pour ce qu’il appelle les soft targets, des lieux qui, à la différence des espaces de transport, ne sont pas protégés. «Ce sont les écoles et les centres commerciaux. L’attentat au Kenya en 2013 a eu lieu dans un centre commercial. Les tueries de masse aux Etats-Unis ont eu lieu dans des écoles ou des universités.» Xavier Tytelman, spécialiste de la sécurité aérienne, enfonce le clou. «Oui, on peut mettre des portiques à l’entrée des aéroports. On peut aussi mettre des check-points à chaque coin de rue. Mais cela ne fait que déplacer le problème.» Seule solution à se yeux, comme pour de nombreux spécialistes : le renforcement du renseignement, seule mesure de fond capable de réduire les risques dans les lieux publics.

    Richard Poirot , SERVICE FRANCE
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