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    Récit

    Conflit à la SNCF : les trains repartent, les cheminots tempêtent

    Par Franck Bouaziz
    Devant la gare de Nice, vendredi.
    Devant la gare de Nice, vendredi. Photo Eric Gaillard. Reuters

    Même si le trafic ferroviaire reprend progressivement, les salariés, menacés depuis vendredi de sanctions individuelles, n’entendent pas refermer le débat sur la présence unique d’un conducteur à bord des TER.

    Sur les 50 000 kilomètres du réseau ferré français, le retour à la normale est prévu pour ce début de semaine. Après le droit de retrait massivement mis en œuvre par les conducteurs de la SNCF, vendredi, environ un TGV sur deux a circulé dimanche. Les convois régionaux (TER), eux, demeurent plus affectés par le mouvement social, notamment en Occitanie et en Champagne-Ardenne, où a eu lieu l’accident qui a déclenché les arrêts de travail en série. Il est vrai que le gouvernement est très vite sorti du bois, inquiet d’une possible désorganisation du transport ferroviaire alors que les vacances de la Toussaint viennent de débuter. Samedi, le Premier ministre s’est fait menaçant, en dénonçant «un détournement du droit de retrait qui s’est transformé en grève sauvage», avant de demander à la SNCF «d’examiner toutes les suites qui pouvaient être données, et notamment judiciaires».

    Tout est parti mercredi d’un accident entre un TER reliant Charleville-Mézières et Reims. A la hauteur de la commune de Saint-Pierre-sur-Vence, un train express régional (TER) heurte un convoi exceptionnel resté coincé à un passage à niveau. Bilan : 18 blessés légers, dont le conducteur qui a dû sortir de son poste de conduite pour éviter un deuxième accident avec un autre TER arrivant en sens inverse.

    Cause légitime

    Immédiatement, le débat sur la présence d’un seul conducteur, sans l’assistance d’un contrôleur à bord du train, resurgit. Un certain nombre de cheminots estiment qu’il s’agit d’une cause légitime d’exercice du droit de retrait. Une disposition qui permet l’arrêt immédiat du travail, dès lors qu’un «danger grave et imminent» est constaté. Prise de court, la direction de la SNCF réagit en qualifiant le mouvement de «grève sauvage» qui ne respecte pas le préavis de 48 heures prévu par la législation. Soucieuse d’obtenir le plus rapidement possible un retour à la normale du trafic, la SNCF transmet alors des consignes assez claires à ses directions régionales. Deux types d’actions sont envisagés : des procédures en référé devant les prud’hommes contre les cheminots qui ont mis en œuvre leur droit de retrait et des sanctions disciplinaires. Pour autant, une partie de l’équipe dirigeante de la SNCF, devant la reprise progressive du trafic, plaidait plutôt, dimanche, pour l’absence de sanctions, de manière à ne pas raviver les braises du conflit. D’autant que, comme Libération l’a révélé dimanche, deux inspecteurs du travail sollicités par la SNCF ont émis les plus grandes réserves quant à la validité des sanctions envisagées à l’égard des cheminots ayant exercé leur droit de retrait. Soucieuse de son image, la SNCF a également annoncé le remboursement de tous les billets «sans exception» et la création d’un fonds d’indemnisation d’un million d’euros.

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    Reste que la question de la présence d’un conducteur seul dans les trains régionaux ne va pas s’éteindre rapidement. Certes, ce mode d’exploitation existe depuis plusieurs années en Ile-de-France, mais sa mise en œuvre dans les autres régions est plus récente. Erik Meyer, secrétaire national de SUD rail, pointe les différences de contextes qui rendent la présence du conducteur unique problématique : «En région, il peut y avoir trente minutes de trajet entre deux gares et l’on peut traverser des zones inaccessibles, alors qu’un RER s’arrête toutes les cinq ou dix minutes.» En outre, l’accident de mercredi a montré que le système radio d’alerte accident n’avait pas fonctionné. Et pour cause : le choc étant frontal, la cabine de conduite dans laquelle est installé le dispositif a été endommagée.

    Une discussion devrait s’engager sur ce thème avec les organisations syndicales, mais l’heure ne semble pas au rétablissement systématique de la présence d’un contrôleur dans ces trains. La direction estime que le service de sécurité de l’entreprise donne satisfaction en effectuant des contrôles aléatoires à bord des rames. S’ajoute néanmoins la question des incivilités contre les agents de la SNCF, qu’ils soient contrôleurs ou guichetiers. Dans ce contexte, la question du conducteur seul de jour comme de nuit dans certaines zones sensibles est inévitablement d’actualité. Outre la direction et les syndicats, un troisième acteur pourrait très rapidement se retrouver à la table des négociations : les régions financent et organisent en effet le trafic des TER. Il est donc fort probable qu’elles soient sollicitées par les représentants des salariés à propos du retour systématique des contrôleurs à bord des trains régionaux.

    Régime spécial

    Ce mouvement est le premier d’ampleur depuis les grèves intermittentes qui avaient suivi l’adoption de la réforme de la SNCF, au printemps 2018. Et le front social ne semble pas près de s’éclaircir. Un appel est lancé pour un arrêt de travail le 5 décembre. Cette fois-ci, c’est la réforme des retraites et la fin du régime spécial des cheminots qui sont à l’origine du mouvement. Le tout sur fond de succession à la tête de l’entreprise. Le PDG de la SNCF, Guillaume Pépy, quittera ses fonctions le 5 novembre, dans un climat pas totalement apaisé. Ce qui fait dire à un responsable syndical rompu aux soubresauts de l’entreprise : «Le successeur, Jean-Pierre Farandou, a du boulot devant lui.»

    Franck Bouaziz
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