LIRE, écrire, écouter des cassettes, dormir, rêver peut-être, tricoter, jouer, grignoter : dans le train, chacun a son truc pour passer le temps. Or souvent, le regard dévie inévitablement vers la fenêtre hypnotisante, où défilent alternativement poteaux, arbres, vaches...
La SNCF a décidé de saisir ce regard vacant, las de ne plus pouvoir compter les vaches à la vitesse du TGV. France-Rail (1) s'est associée à Communication-Développement (branche communication de la Caisse des dépôts) pour étudier un projet de télévision à la carte, individuelle, dans les rames TGV du réseau sud-est. TG-Vision est son nom de code. Point de départ de l'idée que défriche la société d'études et de conseil Intégration (2), le souci d'utiliser au mieux les possibilités qu'offre la récente technologie des écrans plats à haute définition dont devrait bénéficier en premier lieu l'audiovisuel grand-public, l'informatique et l'automobile.
Des expériences de cinéma, puis de vidéo collective dans le train, avaient bien eu lieu ces dernières années. Sans grands résultats cependant, les systèmes collectifs s'adaptant mal aux impératifs ergonomiques des trains. Avec TG-Vision, le projet est plus ambitieux, mais plus adaptable. Il s'agira d'équiper individuellement les fauteuils de TGV d'écrans plats couleur 21 X 12 cm (4 cm de profondeur) à cristaux liquides, qui permettront la consultation d'au minimum quatre canaux de programmes indépendants diffusés en réseau. La technique aujourd'hui le permet. Déjà une compagnie aérienne américaine, Northwest Airlines, a expérimenté avec succès un tel système, baptisé Airvision, sur la ligne Detroit-Tokyo, avec une série de six programmes en boucle, mais avec un écran bien plus petit (9 cm) (3).
Premiers tests
débuts 1989
Les questions en suspens sont nombreuses : quel prix pour quels programmes ? Le système du pay-per-view serait adopté pour un coût ne dépassant pas le seuil psychologique des 45 F par trajet. Les canaux seraient multi-thématiques (cinéma, documentaires, sport, programmes pour enfants, spectacles...) et exempts de publicité. Quel statut juridique prendre en référence ? Cas particulier et neuf, TG-Vision se rapprocherait du modèle du câble. Sans compter les questions pernicieuses : les enfants ne se battront-ils pas pour obtenir chacun un écran ? Y aura-t-il des prix famille ? etc.