La ligne ferroviaire à haute vitesse Lyon-Turin bientôt à l’origine de brouilles dans la coalition au pouvoir en Italie ?
Les dernières déclarations du vice-premier ministre – et chef du Mouvement 5 étoiles (M5S) –, Luigi Di Maio, pourraient faire des remous, y compris jusqu’à Paris. « A la fin, la TAV [nom italien du TGV Lyon-Turin] ne se fera pas », a-t-il déclaré, dimanche 3 février, au risque de créer des tensions avec Paris, mais surtout avec l’autre membre de la coalition au pouvoir, la Ligue (extrême droite) de M. Salvini.
La veille déjà, il avait affirmé que le débat était « clos » :
« Nous pouvons simplement dire que tant que le M5S sera au gouvernement, ce chantier ne débutera pas. »
L’annulation de la construction de cette ligne ferroviaire à haute vitesse, qu’il considère comme un gaspillage d’argent public, était l’un des chevaux de bataille du parti antisystème M5S pendant la campagne électorale. Au contraire de la Ligue, dont l’électorat, en grande partie situé dans le nord, riche et développé, de l’Italie, est favorable à cette ligne.
Le M5S en perte de vitesse dans les sondages
« Plus tôt on la fait, mieux ce sera », avait soutenu, vendredi, Matteo Salvini lors d’une visite du chantier côté italien, rappelant les « 50 000 emplois » en jeu. « Y renoncer et mettre en danger la vie des entreprises me semble peu raisonnable », avait-il ajouté. Cette prise de position a été vécue comme un affront de la part du M5S, en perte de vitesse dans les sondages face à la Ligue depuis les élections de mars 2018.
Le chef du gouvernement, Giuseppe Conte, a essayé de calmer le jeu en rappelant dans un communiqué que la décision finale serait prise de manière « transparente », après une analyse du « rapport entre les coûts et les bénéfices » commandée par le gouvernement et qui devrait être rendue publique vers la mi-février.
Le tunnel, qui permettrait la liaison entre Lyon et Turin, a déjà commencé à être creusé dans les Alpes, des deux côtés de la frontière. Les 57,5 kilomètres de tracé sont chiffrés à un coût de 8,6 milliards d’euros.
De ce côté-ci des Alpes, la ministre française chargée des transports, Elisabeth Borne, a invité vendredi l’Italie à prendre rapidement des décisions pour respecter le calendrier. « Il y a des échéances qui nécessitent que des décisions soient prises dans un calendrier compatible avec la mobilisation des financements européens », avait-elle souligné, évoquant la « position claire de la France » sur la poursuite de ce projet.