Sexualité après une rupture : comment ça se passe quand on refait l’amour ?

Sexualité après une rupture : comment ça se passe quand on refait l’amour ?
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On vit une longue histoire et puis un long chagrin… Jusqu’au jour où les affaires reprennent. Source d’appréhension mais aussi gage de découvertes, la sexualité après une rupture a le don de nous questionner. Comment cela va-t-il se passer ? Vais-je aimer ? En suis-je capable ? 4 femmes nous racontent leur nouvelle première fois.

« Je n’aurais jamais cru ressentir du plaisir avec un autre que Thomas »

Sabrina, 32 ans

« Quand Thomas m’a quittée, il y a deux ans, j’ai perdu six kilos en une semaine, j’étais méconnaissable, au fond du trou. Trois ans d’histoire et de projets prometteurs, et puis plus rien. Il est partie pour une autre. J’étais persuadée d’une chose, du moins de deux : jamais je ne rencontrerai quelqu’un d’autre et jamais je ne toucherai quelqu’un d’autre. Souvent, on a l’impression qu’on n’aimera plus jamais. Chez moi, cette impression était aussi sexuelle. Faire l’amour avec un autre, impossible ! Thomas était mon troisième mec, il était le nirvana, la complicité, celui avec qui je me suis ouverte et découverte. Et pourtant, la vie est faite de surprises. Quinze jours à peine après la rupture, une amie me force littéralement à sortir. Je tombe sur Erwan. Il dégage du bon, du sérieux, on parle, on échange nos numéros. Je fais un peu semblant mais quelque chose me rassure. Je plais, je pense moins à Thomas, je réalise que c’est possible, que la Terre est peuplée. Trois jours après, Erwan m’appelle. On se donne rendez-vous et, en confiance et sous le charme, je me laisse embarquer. On fait l’amour. C’est doux, tendre, bienveillant. Je n’aurais jamais cru. Jamais cru en être capable. Jamais cru ressentir du plaisir. Je n’étais pas très active, pas très à l’aise, mais je suis tombée sur quelqu’un d’extrêmement attentif, qui savait d’ailleurs que j’étais en plein chagrin. On s’est fréquenté un mois, jusqu’à ce que je réalise que mon deuil n’était pas fait. Il m’a fallu ensuite six mois pour me sentir mieux. Après ça, j’ai rappelé Erwan, et nous sommes toujours ensemble. »

 

« Une fois dans la réalité et le concret, les peurs s’envolent »

Valentine, 21 ans

« J’ai rencontré Pierre au collège. Une histoire d’adolescents qui a franchi le monde des adultes. Cinq ans d’histoire et une séparation il y a dix mois. Même s’il n’est pas le premier avec qui j’ai couché - une brève histoire à quinze ans - c’est tout comme. C’est avec lui que j’ai tout appris, que j’ai découvert mon corps et le plaisir. La rupture a été difficile mais raisonnable. On savait tous les deux que nous ne finirions pas notre vie ensemble. Il nous fallait connaître d’autres personnes, nous aventurer. Je dois dire que j’ai plutôt bien accueilli le célibat. L’idée de faire des rencontres, de sortir et de vivre ma jeunesse me plaisait. En revanche, refaire l’amour m’angoissait énormément. J’avais peur de ne pas être naturelle avec quelqu’un d’autre, et même peur d’être bizarre en répétant des gestes de mon passé. Pierre était ma référence, alors je n’avais pas le mode d’emploi. Et puis, j’ai rencontré un mec. J’ai repoussé le moment de coucher pendant deux semaines. Au moment fatidique, ma peur s’est envolée. Comme si les projections négatives n’avaient plus lieu d’être une fois dans le concret. Malheureusement, il a eu une panne. Autant dire que j’ai fait reposer la faute sur moi. Je me suis dit que j’étais nulle, comme prévu. Jusqu’à une nouvelle rencontre. Idem, j’ai fait poireauter le garçon, parce que mes peurs étaient de retour… et comme jamais ! Le soir venu, prête, épilée, préparée, je me suis rendue chez lui la boule au ventre. Une fois sur son canapé, tout allait mieux. La trouille a disparu. C’était un rapport tendre et joli. On n’est pas resté très longtemps ensemble et désormais, j’appréhende la suite, les autres, mais je sais que face au grand saut, tout va mieux, parce que dans le réel et dans l’action, on ne pense plus. »

 

« Après 20 ans de mariage, c’est un ami qui m’a reconnectée à la sexualité »

Alexandra, 49 ans

« Je suis restée vingt ans avec le père de mes enfants. Disons que notre histoire a commencé à prendre l’eau au bout de seize ans. Notre vie sexuelle se portait plutôt bien, mais il appréciait une sexualité plus "brutale" que celle que j’aime. Et puis le désir s’est envolé au fil du temps. Je me suis lassée rapidement et j’ai souvent essayé de pimenter, relancer, mais il a fini par me tromper… C’est étrange, après tant d’années, d’envisager quelqu’un d’autre. Et en même temps, ça me rendait très curieuse. Quand on est habitué(e) à un partenaire, on se demande toujours comment c’est ailleurs. On a peur de ne plus savoir faire, peur aussi des regards, de ne pas être assez attirante, ou pas assez à l’aise. Je ne sais pas si c’est pour me rassurer que je suis allée vers Paul, un ami de longue date, mais je ressentais un certain désir pour lui depuis longtemps. Alors, après la séparation, je l’ai contacté. Quelques SMS et la machine s’est emballée pour nous deux. Je n’ai pas vraiment eu le sentiment de revivre une nouvelle première fois. Je dirais que les expériences sont cumulatives. Quand on a vingt ans de "pratique" derrière soi et des enfants, quand on a beaucoup lu sur le sujet, ça n’a rien d’une première fois. Pendant le rapport, j’ai pensé à mon ex, parce que le divorce n’était pas encore prononcé, certainement, mais aussi parce que, de toute évidence, j’avais mémorisé son corps, ses habitudes, son toucher, son odeur, ses mots (ou pas). Face à la nouveauté, l’esprit compare. Mais très vite, dans l’instant présent, le cerveau arrête de réfléchir. Et c’était génial de me sentir à nouveau désirée et fortement désirée, là où avec mon ex, le désir s’était émoussé… Il m’a reconnectée à la sexualité avec beaucoup de tendresse et je ne regrette rien. »

 

« C’est comme quand on tombe à vélo, autant remonter tout de suite avant de s’en faire un monde »

Aurélia, 30 ans

« J’ai choisi de me jeter à l’eau très vite. Enfin très vite, c’est relatif. Il m’a d’abord fallu me remettre de mon chagrin d’amour, six ans d’histoire avec Fabien. Mais faire l’amour avec d’autres garçons était aussi, pour moi, une façon de panser mes blessures affectives et amoureuses. Quatre mois après la séparation, alors que je pensais toujours à lui – c’est lui qui est parti – je me suis inscrite sur une application de rencontres. Certaines de mes copines m’encourageaient, d’autres me disaient que c’était le meilleur moyen d’étouffer ma tristesse, qui n’allait pas tarder à rejaillir… Mais je me suis écoutée. J’ai scindé cœur et corps. J’avais besoin de "voir". Besoin de me prouver que je plaisais encore et que j’étais "apte" à faire l’amour, surtout que je passais le capte de la trentaine. J’avais peur de laisser passer trop de temps, de rester enfermée dans mon passé et de ne jamais oser. C’est comme quand on tombe à vélo, autant remonter tout de suite avant de s’en faire un monde. J’ai très vite rencontré un mec, avec qui le rapport était classique. C’était moyen, mais fidèle à l’image que je me faisais de ce type de relation. Poli, rapide et sans suite. Je ne peux pas dire que j’ai adoré ou que ça m’a mise en confiance, mais ça m’a donné le sentiment positif d’être active, d’être en vie, d’être maître de mon corps et d’être toujours dans la course. Et ça fait vraiment du bien. Ça m’a prouvé que tout était possible, d’autant que j’ai fait d’autres rencontres après ça. Pas des milliers mais quelques-unes. C’est rassurant de voir qu’il y a des hommes biens, des célibataires sur le marché. Bref, je ne dirais pas qu’il faut provoquer le rapport sexuel post-rupture, mais dans mon cas, cette prise en main a été bénéfique. Mais comment savoir ce qu’il se serait passé sinon ? »

Par
Caroline Michel
Caroline Michel