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Mais au prix d’un abandon de son identité marginale. Le point à l'occasion de la journée «Star Wars». Lors du défilé de la Dragon Con, rassemblement annuel de geeks déguisés, à Atlanta en 2013. Lors du défilé de la Dragon Con, rassemblement annuel de geeks déguisés, à Atlanta en 2013. Photo Pat Loika, CC BY Lundi, le 4 mai, ce sera la journée Star Wars. Partout dans le monde, les innombrables accros aux deux trilogies (et certainement à la troisième qui débutera à la fin de l’année) s’échangeront des répliques cultes et des marathons consistant à s’enfiler les six longs métrages seront organisés. Pourquoi le 4 mai ? C’est simplement un jeu de mot en anglais : la date se dit May the Fourth et rappelle la maxime des jedis «May the force be with you» («Que la force soit avec toi»). Mais cet événement est aussi devenu un symbole de la récupération massive de la culture geek par les majors de l’entertainment. Cette journée, initiée et fêtée par les fans, se retrouve célébrée aujourd’hui dans les parcs Disney. Après avoir racheté les super-héros de Marvel en 2009, la maison de Mickey a en effet jeté en 2012 son dévolu sur Lucasfilm et sa licence phare Star Wars. Disney est ainsi devenu le propriétaire exécutif d’une bonne partie des grands symboles geeks, achevant par là même la mutation de ce mouvement, passé en quelques années d’une contre-culture de l’imaginaire à une culture de masse sans frontière. D’où vient le geek ? Etymologiquement, on peut remonter au XII^e siècle avec le mot geck en bas allemand, qui désigne en gros le fou du village, pas bien méchant mais un peu en marge. De proche en proche, il s’est imposé aux Etats-Unis, principalement dans le système scolaire, pour désigner des passionnés un peu monomaniaques. Il a évolué en parallèle avec le «nerd», qui désigne l’intello pas sportif pour un sou qui préfère se concentrer sur les maths et l’informatique. Mais la culture geek moderne prend réellement forme dans les années 70, lorsqu’un rapprochement assez inattendu s’opère entre les premiers informaticiens et la passion pour les univers de fantasy et de science-fiction. «Cette culture est née en partie de la contre-culture hippie des années 60, et elle se basait sur une utopie de changer le monde par l’imaginaire et la technologie, sur l’idée du village global», explique David Peyron, docteur en science de l’information et de la communication et auteur de Culture Geek (1). Avec le jeu vidéo en enfant naturel, le mouvement geek va finir par revendiquer le terme à l’origine péjoratif. Et la démocratisation d’Internet permet à la fin des années 90 aux lecteurs de comics scotchés à leur Playstation de se rendre compte qu’ils sont légion. Qu’est-ce qui est geek ? Puisqu’il faut bien en passer par là, une liste forcément non exhaustive : les super-héros, le Seigneur des anneaux, le Guide du voyageur galactique, Star Wars, Star Trek, les zombies, les jeux vidéo, l’informatique, les jeux de rôle ou encore la sous-culture internet. David Peyron en offre une définition plus large : «C’est avant tout un goût pour l’imaginaire, un rapport décomplexé à la pop culture et cette idée centrale que le divertissement est à prendre au sérieux.» D’où un rapport érudit aux univers et aux domaines que les geeks affectionnent. Il faut connaître sur le bout des doigts la généalogie de la maison Stark (et la mère de Jon Snow, c’est qui ?), identifier au premier coup d’œil un vaisseau de la Guerre des étoiles (on aime beaucoup les frégates Mon Calamari), avoir un avis sur Final Fantasy VIII (est-il à la hauteur de l’épisode précédent ?) et tenir une conversation sur le dénouement d’un éventuel combat entre Hulk et Superman (le premier explose le second, évidemment). On comprend mieux pourquoi, dès lors que les geeks ont été en mesure de communiquer par ordinateurs interposés, leur culture a connu une exceptionnelle vitalité. Ils se regroupent sur des sites communautaires comme Reddit ou des forums de sites spécialisés de jeux vidéo ou d’informatique. Et ils contrôlent de fait la viralité sur le Réseau. La première bande-annonce d’un jeu vidéo attendu, comme GTA IV le 29 mars 2007, a désormais l’ampleur d’un événement mondial, et une série télévisée à base de grandes épées et de dragons devient en 2011 un phénomène populaire. Lors du défilé de la Dragon Con, rassemblement annuel de geeks déguisés, à Atlanta en 2013. Geek, ça veut dire quoi aujourd’hui ? Rien, ou plus grand-chose. Beaucoup savent aujourd’hui que «de grands pouvoirs impliquent de grandes responsabilités» (Spider-Man), que «l’hiver vient» (Game of Thrones), et que «42» (le Guide du voyageur galactique). Tous les codes qui ont servi à construire un discours commun au moment où les geeks du monde entier se sont établis en groupe cohérent sont aujourd’hui utilisés à des fins marketing. Ils ont en effet cette capacité de parler directement à la cible voulue. Entré dans le langage commun, «geek» est aussi utilisé à tort et à travers, comme dans cette séquence quotidienne sur BFM TV, Culture Geek, où un chroniqueur s’enthousiasme sur des gadgets inutiles sous l’œil un poil condescendant des deux journalistes de permanence. On se souvient aussi avec émotion de cette interview de François Fillon en 2009 au magazine SVM, où il se définit comme un «vrai geek» parce qu’il utilise un iPhone 3G et un iPod nano. «Le mot geek a aujourd’hui moins de sens, constate David Peyron. Il est considéré comme normal d’avoir une part de cette culture en soi. On peut parler au bureau du dernier épisode de Walking Dead en sachant qu’on reste dans la norme.» Une récupération parfois ressentie comme un hold-up par le canal historique des geeks. Les mêmes se plaignaient il y a quelques années de l’incompréhension générale qui entourait leurs passions. Alors Mickey a tué les geeks ? Pas vraiment. Si la mainmise de Disney semble avoir figé l’évolution culturelle avec l’exploitation ad nauseam d’univers vieux de plusieurs décennies, c’est aussi parce que les geeks adorent ça. David Peyron en est persuadé : «Il est très difficile d’imposer une nouvelle licence. Ça demande du temps et de la passion de s’investir dans un univers, et les fans ne demandent qu’à y retourner encore et encore.» On peut même voir ces rachats comme un aboutissement logique de la normalisation de la culture geek. Pour autant, des bastions de contre-culture subsistent, emmenés notamment par l’arrivée d’un public plus féminin qui se revendique à juste titre tout aussi geek (lire pages 6 et 7). Il n’y a pas besoin de diplôme, il suffit de se reconnaître dans cet ensemble disparate de codes pour pouvoir le revendiquer (finalement, même François Fillon peut se dire geek). Et aujourd’hui, c’est IRL (in real life), loin d’Internet, que la culture geek continue de se développer. «Il n’y a pas une semaine sans qu’il y ait une convention geek quelque part en France, comme Geekopolis, le Comic-Con ou Japan Expo, remarque David Peyron. On ne compte plus les expos et les débats dans les médiathèques, et les pratiques comme le cosplay [déguisement en personnages de comics, jeux vidéo ou mangas, ndlr] font aussi vivre toutes ces mythologies.» Et, quoi qu’il arrive, la force est avec eux. Vous êtes sûrs, pour Superman et Hulk ? Oui, y a pas débat [en vérité, la rédaction est divisée, ndle]. (1) FYP éditions, 2013, 192 pp., 19,50 €. Erwan Cario partager tweeter * Geek Les cinq nerds de la guerre * EDITORIAL Crise de la quarantaine Offre 100% numérique: 8€ par mois sans engagement Le journal du jour en exclusivité et le journal de demain avant tout le monde Voir les offres d’abonnement partager tweeter #next Vous êtes abonné à Libération Le journal d'aujourd'hui * découvrir le sommaire * lire l'édito * feuilleter * s'abonner à partir de 8€ Un mot à ajouter ? xiti [tr?id=342040669704613&ev=PageView&noscript=1] Quantcast [img?mt_id=1202018&mt_adid=192531&mt_exem=&mt_excl=&v1=&v2=&v3=&s1=&s2= &s3=]