#Les monuments aux morts de la Guerre de 14-18 en Guadeloupe avant 1945 In Situ, Numéros In Situ, Documents -- * en Accueil > Numéros > 25 > Monuments commémoratifs > Les monuments aux morts de la Gue... -- 25 | 2014 Le patrimoine de la Grande Guerre Monuments commémoratifs Les monuments aux morts de la Guerre de 14-18 en Guadeloupe avant 1945 Séverine Laborie -- estime que ce sont 9 151 conscrits qui sont mobilisés, parmi lesquels 6 345 sont envoyés sur les fronts européens. Afin d’honorer la mémoire des 1 168 soldats guadeloupéens « morts pour la France », des monuments commémoratifs sont édifiés dès le lendemain de la guerre dans les communes de l’archipel, quelle que soit leur taille, à l’instar de la -- men were called up, 6,345 of whom were sent to fight in the European theatre. In order to honour the memory of the 1,168 Guadeloupe soldiers who died ‘for France’, commemorative monuments were erected after the end of the war in many of the archipelago’s communes, whatever their size, following the pattern set in mainland France. -- Mots-clés : monument aux morts, Guadeloupe, Martinique, guerre 14-18, empire colonial français, esclavage, Victor Schœlcher, commémoration, Poilus Haut de page -- Le rôle de l’Église Un exemple précoce : la tombe-calvaire de Saint-Louis de Marie-Galante Les monuments fondateurs : monuments aux morts de la guerre de 14-18 de Pointe-à-Pitre et Basse-Terre, ou le Deuil et la Victoire Le monument aux morts de Pointe-à-Pitre Le monument aux morts de Basse-Terre Les Poilus de la période 1926-1930 Le Poilu mourant Les monuments des années 1930 : l’influence de l’œuvre d’Ali Tur Le monument aux morts du Lamentin Les monuments figuratifs Le monument aux morts d’Anse-Bertrand Le monument aux morts des Abymes Conclusion Haut de page -- * 1 - Derniers chiffres communiqués par Anne Lebel, directrice des Archives départementales de la Guade (...) * 2 - ERBS, Philippe. Les Monuments aux morts de la guerre 1914-1918 de la Guadeloupe. Mémoire de maîtr (...) 1La constitution d’un dossier de protection portant sur le monument aux morts de la ville des Abymes en Guadeloupe en 2013, de même que la célébration du centenaire de la Grande Guerre, ont été l’occasion pour le service des Monuments historiques de la direction des Affaires culturelles de Guadeloupe de se pencher sur l’histoire et l’analyse de ces édifices d’un genre particulier. Le mémoire de maîtrise de Philippe -- étude, liées au manque de temps à consacrer à la recherche en archives, lesquelles sont d’ailleurs fort lacunaires en ce qui concerne les monuments aux morts de Guadeloupe. Les archives des communes, dans lesquelles on aurait espéré trouver les contrats de commandes, ont en partie disparu, ou n’ont pas été encore identifiées. Les archives -- utiles, tant sur les sculptures fabriquées en série que sur les créations originales, et d’alimenter une réflexion sur l’opportunité de proposer des protections au titre des monuments historiques. La participation des Guadeloupéens à la guerre -- trouve à s’exprimer et à se renforcer dans un symbole fort : l’adoption de deux villages de la Meuse sinistrés, Étain et Neuvilly. À ce titre, le monument aux morts de Neuvilly-en-Argonne (1926), élevé grâce aux souscriptions guadeloupéennes, constitue l’un des premiers cénotaphes de l’archipel. À l’occasion de son inauguration le 16 mai 1926, le -- 23La décennie 1919-1929, durant laquelle plus de la moitié des monuments aux morts de Guadeloupe sont érigés, correspond, à l’instar de la métropole, à la période d’édification la plus intense. Il s’agit dans un premier temps de plaques commémoratives et de calvaires qui apparaissent dans les cimetières. Mais ce sont les monuments « fondateurs » de Pointe-à-Pitre et de Basse-Terre qui marquent réellement les débuts de la commémoration publique et officielle en Guadeloupe. Dans leur sillage, plusieurs communes se dotent de monuments plus importants, la plupart commandés en France métropolitaine sur catalogue. Un nouvel élan commémoratif est donné ensuite dans les années 1930, dans le contexte des reconstructions consécutives au cyclone dévastateur de 1928 et aux commémorations du Tricentenaire du rattachement des Antilles et de la Guyane à la France15, sur fond de crise sociale et économique. Les monuments édifiés après la Seconde Guerre mondiale n’ont pas été intégrés à cette étude, qui ne vise pas non plus l’exhaustivité. -- La loi Poincaré et son application en Guadeloupe * 16 - Dans toute la France, ce sont 440 monuments à la gloire de la République qui sont édifiés entre 1 (...) -- et aux colonies, en vertu de son article 7. En instituant la tenue des livres d’or sur lesquels sont inscrits les noms des morts pour la France, elle jette les bases de l’édification des monuments commémoratifs. La guerre de 1870 et le républicanisme patriotique de la III^e République avaient déjà suscité l’apparition d’une importante statuaire publique – monuments aux morts de la guerre, monuments à la gloire de la République, bustes de Marianne16. Toutefois l’ampleur de ce mouvement n’a rien de comparable avec la frénésie commémorative qui -- 25Quoi qu’il en soit, cette dotation, dont on ignore en l’état actuel des connaissances si elle a pu bénéficier aux communes guadeloupéennes, demeure modeste et ne représente que 5 % à 25 % du coût du monument aux morts. Elle cesse d’ailleurs progressivement d’être versée dès 1925, comme le soulignent à regret les associations d’anciens combattants. -- 26En dépit des difficultés financières, de l’éloignement des zones des combats, du nombre moins important de victimes, la quasi-totalité des communes de Guadeloupe disposent d’un monument aux morts de la guerre, qu’il prenne la forme d’une simple plaque commémorative ou d’un monument historié. * 17 - La volonté de renforcer des liens avec la métropole est très forte. Elle s’exprime d’une manière (...) -- assimilationniste17. La recherche de financements est une préoccupation constante pour les communes qui organisent des souscriptions publiques et votent des fonds spécifiques pour l^’érection des monuments. Plusieurs notes de la préfecture de Guadeloupe témoignent des mêmes préoccupations. Le gouverneur joue en effet un rôle essentiel en Guadeloupe où il n’existe pas, comme en métropole, de commission départementale chargée de l’examen des projets de construction des monuments aux morts. Il exerce un contrôle direct sur ces dépenses exceptionnelles des communes et délivre les autorisations pour les lancements de souscriptions publiques18. Il intervient également dans -- Robert exhorte ainsi les maires à organiser des événements afin de relancer les souscriptions, et à inscrire des participations à la construction de monuments au budget municipal. Or ces communes sont pauvres et souffrent d’un sous-équipement considérable, qui ne sera qu’en partie rattrapé à partir des années 1930. Ces difficultés de financement peuvent expliquer les délais parfois très longs que l’on observe entre la décision et la réalisation des monuments aux morts, comme aux Abymes, où dix ans s’écoulent entre l’annonce du projet et sa concrétisation. -- commémorations sont initiées par l’Église, avec la pose de plaques et l’édification de calvaires dans les cimetières paroissiaux. Le premier monument proprement dit est celui du Sacré-Cœur de l’évêché de Basse-Terre, inauguré le 27 juillet 1919 par l’évêque, monseigneur Genoud. Ce dernier souhaite intégrer à la construction de ce monument envisagé dès 1916 une dimension commémorative lui permettant d’associer la célébration de la foi chrétienne et celle de la Patrie. Trois hautes -- 29Dans ces tous premiers moments de la commémoration en Guadeloupe, le monument aux morts du cimetière de Saint-Louis de Marie-Galante occupe une place singulière, à mi-chemin entre le public et le religieux. Outre sa grande précocité – il est inauguré le 19 octobre 1919, il est -- 30Trois ans après cet exemple précoce, la commune de Gourbeyre inaugure le 11 novembre 192221 un monument aux morts (disparu) en forme d’obélisque. Vendu sur catalogue, facile à mettre en œuvre, et pour tout dire économique, l’obélisque sur piédestal sans représentation figurative est le type de monument le plus répandu dans les petites communes de France. Cependant cette forme simple est peu significative en Guadeloupe où les communes privilégient rapidement les formes -- 27 janvier 1924 inaugure un intéressant groupe sculpté (fig. 4) inspiré du motif de la Pietà22. Mais la dynamique commémorative n’est véritablement lancée qu’après l’installation des monuments de Pointe-à-Pitre et de Basse-Terre, inaugurés en 1925 et 1926. -- Agrandir Original (jpeg, 68k) Saint-François, monument aux morts, 1924. Phot. Blaudet, B., Genweb. © B. Blaudet. 31De manière concomitante avec l’édification de ces deux monuments, la Guadeloupe témoigne de son appartenance à la Nation à travers un autre symbole fort, le financement par souscription du monument aux morts du village qu’elle parraine, Neuvilly-en-Argonne, dans la Meuse. À l’occasion de son inauguration le 16 mai 1926, le président Poincaré -- de la Patrie dont elle porte les couleurs ». Les monuments fondateurs : monuments aux morts de la guerre de 14-18 de Pointe-à-Pitre et Basse-Terre, ou le Deuil et la Victoire -- Guadeloupéens touchés par la guerre. Le projet commémoratif y est donc plus ambitieux et est porté par le gouverneur Jocelyn Robert, qui préside le Comité pour le monument aux morts. Ce dernier adresse aux maires de Guadeloupe une lettre au sujet de la souscription publique qui doit permettre de financer ces deux monuments, dans laquelle il indique que les sommes collectées jusqu’alors sont importantes mais insuffisantes pour faire l’acquisition des œuvres retenues par le -- Cormon. Sociétaire des Artistes Franç (...) 33Ces monuments de Basse-Terre et de Pointe-à-Pitre constituent les deux éléments fondateurs de la commémoration publique de la Grande guerre en Guadeloupe au début des années 1920. Ils sont sans doute aussi les deux monuments les plus coûteux édifiés dans la colonie et, s’ils ne constituent pas comme nous le verrons des œuvres tout à fait originales, ils sont dus à un sculpteur réputé en métropole. Hippolyte Galy (1847-1929)24 livre deux œuvres monumentales en conformité avec l’esthétique de son temps, qui mettent en scène des allégories féminines aux formes voluptueuses. Sur un mode expressif assez -- la commémoration de la guerre : le deuil et la victoire. Le monument aux morts de Pointe-à-Pitre * 25 - ERBS, P., op. cit., p. 70. 34Le monument de la place de la Victoire à Pointe-à-Pitre (fig. 5) est inauguré en premier, le 11 novembre 192525. Cette sculpture en marbre de Carrare, parfois appelée la Douloureuse de la Pointe-à-Pitre, est -- Agrandir Original (jpeg, 316k) Hippolyte Galy : « La Douloureuse de la Pointe-à-Pitre », Monument aux morts, Place de la Victoire, Pointe-à-Pitre, 1925. -- * 27 - N° 3313 du catalogue. Voir MAINGON, Claire. « L’après-Grande Guerre, entre patriotisme et revanch (...) * 28 - Le monument de Guingamp est inauguré le 11 novembre 1924. 35Une femme vêtue à l’antique est assise et tient une couronne de -- mémoire des artistes morts pour la France. La section de sculpture des Artistes français y trouve une vitrine prestigieuse pour l’exposition d’une infinité de modèles de monuments commémoratifs : maquettes, modèles en plâtre ou prêts à être installés. Cette abondance, voulue par les organisateurs du Salon et souvent déplorée par les critiques, illustre aussi l’incroyable gisement économique que représente dans les années 1920 la commande de monuments aux morts. L’activité est telle qu’elle encourage des pratiques quasi industrielles et Hippolyte Galy lui-même n’hésite pas à réutiliser certaines de ces compositions avec de légères variantes lui permettant de les présenter comme des originaux. La figure de la Douloureuse de Pointe-à-Pitre constitue ainsi le motif principal du monument aux morts de Guingamp28. Galy, qui le conçoit en 1922, la même année que le groupe de Montluçon, modifie un peu la position de l’allégorie qui tient sa tête, et représente le -- 36Dans ces productions parfois répétitives, le piédestal peut être utilisé comme un élément permettant de singulariser le monument. Sur celui de Pointe-à-Pitre, l’inscription « KARUKERA » sur un cartouche est particulièrement intéressante puisqu’elle fait référence au nom amérindien de l’île et nous replonge à ses origines. Le monument aux morts de Basse-Terre * 29 - Le monument est arrivé en pièces détachées par bateau. Il a été remonté pièce par pièce par un ar (...) * 30 - ERBS, P., op. cit., p. 70. 37Le monument de Basse-Terre (fig. 6), du même artiste, est plus imposant par sa taille, plus spectaculaire. Il se situe sur un registre très différent, combatif, mettant en scène la Nation victorieuse. Les difficultés posées par son installation29 peuvent expliquer que son inauguration – le 15 juillet 192630 – ait été postérieure à celle du monument de Pointe-à-Pitre, et surtout le décalage avec l’année 1924 gravée au dos du monument. Figure 6 -- Agrandir Original (jpeg, 284k) Hippolyte Galy, Monument aux morts de Basse-Terre, Champ d’Arbaud, 1926. -- 39Ce coq gaulois conçu par Galy se retrouve au sommet d’un court obélisque également orné d’un buste de poilu en relief dans un médaillon, sur le monument aux morts de Vieux-Habitants (fig. 7) en 1930. Ce coq fait partie des œuvres d’Hippolyte Galy reproduites en série par les Marbreries générales Gourdon à Paris, qui les commercialisaient en les déclinant dans différents matériaux. Le monument aux morts de Bélesta dans l’Ariège en 1925 en est un exemple. Le coq de Galy figure également au catalogue des fonderies du Val d’Osne, sous le n° 26231. -- Agrandir Original (jpeg, 188k) Vieux-Habitants, monument aux morts, 1930. Phot. Dussauge, M., 2014. © M. Dussauge. -- 40L’obélisque de Vieux-Habitants illustre une tendance observée sur les monuments aux morts édifiés en Guadeloupe au cours des années 1926-1932, celle du recours aux sculptures et ornements produits en série par des fonderies d’art et marbriers métropolitains. -- 41Les communes guadeloupéennes se tournent naturellement vers ce type de fournisseur. Ainsi, le monument aux morts de Petit-Bourg (fig. 8), inauguré le 15 août 1926 par le maire M. Larifla et le gouverneur M. Gerbinis33 s’orne ainsi d’un Poilu mourant défendant son drapeau, -- Agrandir Original (jpeg, 440k) Petit-Bourg, monument aux morts, 1926. Phot. LPLT / Wikimédia commons, 2013. © LPLT / Wikimédia commons. * 35 - Comme au Crotoy (Somme) en 1920, à Juziers (Yvelines) en 1921, à Tournon d’Agenais (Lot-et-Garonn (...) * 36 - BECKER, Annette. Les monuments aux morts : patrimoine et mémoire de la Grande Guerre. Paris : Err (...) -- On le retrouve ainsi dans de nombreuses petites communes – plus de trente – de toutes les régions de France35. Dans les départements d’outre-mer, il orne le monument aux morts de Gros-Morne en Martinique. Il a également été commandé en 1923 par la commune de Saint-Joseph à La Réunion. La fortune de ce sujet tient peut-être au fait qu’il se situe -- de la Somme. * 37 - ERBS, P., op. cit., p. 70. * 38 - Les monuments composites proposés dans leur catalogue par les Marbreries générales déclinent en d (...) 43Le Poilu mourant apparaît dans un autre monument aux morts de Guadeloupe, celui de Capesterre-Belle-Eau (fig. 10), inauguré le 23 janvier 192737. Ce dernier combine sur un obélisque les deux thèmes -- lauriers au-dessus du soldat mortellement touché. Cette combinaison, qui résume l’antagonisme des émotions propres à la commémoration de la guerre, s’observe sur plusieurs monuments en métropole, comme à Cabourg (Calvados), Honnecourt-sur-Escaut (Nord), ou Arques (Pas-de-Calais). Sur ces monuments, qui proviennent également des Marbreries générales de Paris, la figure de la Victoire est sensiblement différente et se présente de profil38. -- Agrandir Original (jpeg, 152k) Capesterre-Belle-Eau, monument aux morts, 1927. Ensemble et détails. Phot. Delassasseigne, Hervé. © Cheminbleu.com. 44En revanche, les monuments de Walincourt-Selvigny (Nord), Villeréal (Lot-et-Garonne) (fig. 11) et Cuinchy (Pas-de-Calais), inaugurés en 1923 et 1924, présentent exactement la même Victoire que celle de Capesterre mais avec des ailes. Le dessin de l’obélisque est rigoureusement identique à Villeréal, Walincourt-Selvigny et Capesterre, ce qui laisse supposer que le monument de Capesterre a été en totalité commandé aux Marbreries générales de Paris. -- Agrandir Original (jpeg, 80k) Villeréal (Lot-et-Garonne), monument aux morts, 1923. Détail. Phot. Choubard, Alain, 2009. © Alain Choubard. -- 46Une autre typologie de l’allégorie de la Victoire est illustrée par le monument aux morts de Goyave (fig. 12), la France remettant une couronne de lauriers, autre modèle du catalogue des Marbreries générales (n° 2151) produit dans les années 1920 et présent dans de -- Agrandir Original (jpeg, 72k) Goyave, monument aux morts. Phot. Hamont, Laurence, 2012. © Laurence Hamont. Les monuments des années 1930 : l’influence de l’œuvre d’Ali Tur * 39 - ERBS, P., op. cit., p. 71. -- Guadeloupe dans les années 1920. Dans les années 1930, il disparaît au profit de la représentation du soldat-sentinelle, qui privilégie le thème de la vigilance et de la protection. C’est le cas du monument aux morts de Pointe-Noire (fig. 13), inauguré le 7 décembre 193039. Le modèle choisi est un autre grand succès des Marbreries générales, un -- Agrandir Original (jpeg, 216k) Pointe-Noire, monument aux morts, 1930. Phot. LPLT / Wikimédia commons. © LPLT / Wikimédia commons. 48Au milieu des années 1930 apparaît également une nouvelle génération de monuments aux morts, qui ne sont plus des répliques fabriquées en série mais des créations originales, très inspirées par l’esthétique Art déco. Leur émergence est favorisée par les reconstructions -- perceptions, gendarmeries, bureaux de poste, maisons mortuaires, dispensaires, hôpitaux, écoles, marchés, presbytères, églises, logements, jusqu’au monument aux morts... Autant d’édifices qui par leur style et leur qualité architecturale contribuent, jusqu’à maintenant et de manière déterminante, à l’identité urbaine des communes de l’archipel. Le monument aux morts du Lamentin 50Le centre-bourg du Lamentin, le seul qu’il ait entièrement reconstruit, constitue la meilleure illustration des conceptions architecturales d’Ali Tur. Le monument aux morts (fig. 14) est la pièce maîtresse de cet ensemble urbain protégé depuis 2009 au titre des monuments historiques. Tous les bâtiments – mairie, presbytère, groupe scolaire, église, justice de paix – s’articulent autour de ce symbole commémoratif édifié au centre d’une place aménagée en square (fig. 15). -- Agrandir Original (jpeg, 372k) Lamentin, monument aux morts, 1932. Phot. DAC Guadeloupe. © DAC Guadeloupe. -- général. 51Le monument a été inauguré au cours de l’année 1933. Il combine deux types d’ouvrages commémoratifs : la stèle et le fût de l’obélisque. Occupant une emprise au sol importante, 10 m de large sur 6 m de -- autres. Le poteau central, polygonal, présente une section plus large et est surmonté d’une croix, symbole religieux auquel fait écho l’église toute proche. Comme dans tout monument non figuratif, et d’une manière générale dans les constructions d’Ali Tur, les inscriptions formées par des lettres capitales en béton moulées jouent un rôle -- 52Marqué par l’esthétique Art déco, Ali Tur livre au Lamentin un monument sobre, au caractère élancé et rythmé, bien éloigné du style du monument qu’il a conçu dans ses jeunes années pour la commune de Villers-Farlay (Jura) en 1921 (fig. 16). Le monument aux morts du Lamentin marque ainsi un tournant dans l’esthétique des édifices commémoratifs guadeloupéens. Ses lignes rigoureuses et efficaces inspirent encore quinze ans plus tard le monument aux morts du Gosier. Ali Tur pourrait également avoir dessiné le monument de Petit-Canal, qui décline sur un mode figuratif le style Art déco et influence fortement les monuments de Baie-Mahault, Port-Louis et d’Anse-Bertrand. Figure 16 -- Agrandir Original (jpeg, 276k) Villers-Farlay (Jura), monument aux morts, 1921. Phot. Girard, Bernard, 2009. © Bernard Girard. Les monuments figuratifs 53À Port-Louis (fig. 17), le monument inauguré le 11 novembre 1932 est érigé dos à la mer, dans l’axe de la rue de la mairie. Placé au centre d’un carré ceint par un muret bas, il se présente comme une grande -- Agrandir Original (jpeg, 180k) Port-Louis, monument aux morts, 1932. Phot. Laborie, S., 2014. © S. Laborie. -- 54Si la stèle en granit n’est pas caractéristique du style d’Ali Tur, le monument pourrait cependant avoir été dessiné par lui. En effet, l’architecte avait été chargé d’agrandir l’église toute proche et avait construit le bâtiment de la Justice de paix qui jouxte le monument aux morts en 1930. La sculpture, ni signée ni documentée, est d’une grande qualité en dépit d’un encrassement préjudiciable41. Finement taillée -- André Leroy à Petit-Canal. 55Le monument de Petit-Canal (fig. 18) a été inauguré en 1936. Les auteurs connus de ce monument, l’entreprise de travaux publics Diligenti et le sculpteur Émile André Leroy, sont proches d’Ali Tur avec lequel ils collaborent à de nombreuses reprises. Ali Tur dessine également les plans de la mairie de Petit-Canal, édifiée en 1931 et qui jouxte le monument. On retrouve sur le monument aux morts le rythme ternaire qui lui est cher, les inscriptions en béton moulées, l’animation subtile des surfaces. Au-dessus des lettres « Souvenez-vous » inscrites sur une portion de cercle, la croix à degrés pourrait apparaître comme une signature de l’architecte, qui a placé des croix sur chacun de ses monuments aux morts. Figure 18 -- Agrandir Original (jpeg, 172k) Petit-Canal, monument aux morts, 1936. Phot. Laborie, S., 2014. © S. Laborie. -- départementales de la Guadeloupe. 57Le monument aux morts de Baie-Mahault (fig. 19) entretient une grande proximité stylistique avec celui de Petit-Canal. Inauguré le 12 janvier 1936, il a été dessiné par un disciple d’Ali Tur, -- la mairie et s’harmonisait avec le centre urbain reconstruit par Ali Tur en 1931 (mairie – aujourd’hui détruite, presbytère et église). Tournant encore une fois le dos à la mer, le monument est placé au fond d’un jardinet protégé par une clôture. Il se présente comme une haute stèle précédée d’un emmarchement et encadrée par deux murs bas. La stèle est ornée dans la partie supérieure d’une croix pattée et de l’inscription « À nos morts 1914-1918 ». Au centre du monument se dresse une statue représentant un soldat au garde-à-vous. -- Agrandir Original (jpeg, 292k) Baie-Mahault, monument aux morts, 1936. Phot. Laborie, S., 2014. © S. Laborie. 58Ce monument réunit la qualité architecturale et l’intérêt iconographique. La sculpture en galvano-bronze est, comme à Petit-Canal, l’œuvre d’Émile André Leroy. En dépit de l’épaisse couche -- formes simples, son économie de moyens, ne se font pas au renoncement de la précision iconographique. Ce soldat noir – un exemple très rare dans le corpus des monuments aux morts ultra-marins – appartient aux troupes coloniales des Poilus d’outre-mer, les POM, comme l’atteste l’ancre de marine qui orne son casque. Le détail de l’écharpe rappelle -- tempéré. Le monument aux morts d’Anse-Bertrand * 43 - Suite à cette récompense, Louis Bate part en Indochine et obtient un poste d’enseignant à l’école (...) 59Rattaché à cette série de monuments figuratifs des années 1930, le monument aux morts d’Anse-Bertrand (fig. 20) présente une combinaison intéressante en associant une œuvre produite en série et un bas-relief original. Le Poilu au repos qui domine la composition est une sculpture produite en série par la Société anonyme des établissements métallurgiques Durenne d’après une œuvre de Léon Leyritz (1888-1976) réalisée en 1932. Ce modèle est également celui du monument aux morts de Saint-Louis de Marie-Galante. On le retrouve en Martinique à Morne-Rouge, et dans plusieurs communes hexagonales. Le bas-relief qui orne le soubassement du monument représente une victoire ailée, surplombant le corps d’un soldat mort auquel elle tend les palmes de la victoire, comme une promesse de vie éternelle. Le gisant repose sur un -- l’originalité de la démarche de ce sculpteur et ses qualités artistiques. Passé par l’atelier de Paul Landowsky (1875-1961), lequel a réalisé après guerre de nombreux monuments aux morts, Bate est également un grand dessinateur. Il se présente à des concours et obtient des bourses qui lui permettent de voyager en Espagne et en -- Agrandir Original (jpeg, 52k) Anse-Bertrand, monument aux morts, 1935 ? Phot. DAC Guadeloupe. © DAC Guadeloupe. Le monument aux morts des Abymes 60Dans cet ensemble homogène de monuments datant du milieu des années 1930, le monument aux morts des Abymes (fig. 21), réalisé en 1937, occupe une place tout à fait singulière qui a justifié en 2013 une inscription au titre des monuments historiques, portant à deux le nombre de monuments aux morts protégés en Guadeloupe. Figure 21 -- Agrandir Original (jpeg, 160k) Les Abymes, monument aux morts, 1937. Phot. Peiré, J.F., Inventaire général de Guadeloupe, 2002. © Inventaire -- 61Le choix de son emplacement, sur une place, à l’articulation d’un ensemble urbain administratif de style moderniste réalisé par Ali Tur entre 1930 et 1933, et son style Art déco le rapprochent du monument aux morts du Lamentin. Cependant, la grande originalité de ce monument réside dans les panneaux de céramique peints qui ornent les quatre faces de l’obélisque. -- de la France d’outre-mer, à moins que la municipalité n’ait organisé, à l’instar de nombreuses communes métropolitaines, un concours pour la réalisation de son monument aux morts. * 44 - Ce document est conservé chez un particulier à Petit-Bourg. * 45 - ERBS, P., op. cit., p. 58. -- l’entrepreneur Payot-Kahn-Farcy44 révèle un coût de 136 000 F, répartis entre l’entrepreneur (71 000 F) et l’artiste (65 000 F), soit un montant près de 160 % plus élevé que le monument aux morts de Baie-Mahault (50 000 F)45 inauguré la même année. Ce même contrat indique encore que Baldjian s’est rendu en France pendant plusieurs mois pour l’exécution et la cuisson des carreaux de céramique et qu’il a ensuite dirigé leur assemblage et leur pose sur le monument en Guadeloupe. * 46 - Lettre de Baldjian du 1^er décembre 1937 au gouverneur Félix -- Agrandir Original (jpeg, 116k) Les Abymes, inauguration du monument aux morts, 26 décembre 1937. Carte postale, Archives départementales de la Guadeloupe, 5 FI 5/87. -- assimilationniste. Il tente d’appliquer en Guadeloupe sa devise, « Légalité, Neutralité, Égalité », de défendre les valeurs de tolérance et d’humanisme. Dans cette perspective, l’inauguration du monument aux morts des Abymes a donc été un moment de rassemblement et d’union républicaine, dans l’esprit du discours prononcé par Maurice Bourgeois, -- signe de l’union dans la Paix »47. 66La première singularité du monument aux morts des Abymes réside dans la transformation de l’obélisque, symbole traditionnel des vainqueurs, en engin de guerre. Si l’obus a été assez couramment utilisé pour matérialiser une barrière autour du monument – comme c’était d’ailleurs le cas aux Abymes avant que les abords immédiats du monument ne subissent plusieurs transformations –, l’application de cette forme au monument lui-même est beaucoup plus exceptionnelle. Instrument de la guerre moderne et mondialisée, symbole de destruction massive, l’obus est ici cloué au sol et comme neutralisé. Il devient aussi, grâce au dessin de Baldjian, un élément décoratif résolument nouveau. Toutefois, la principale originalité du monument réside dans les quatre panneaux décoratifs qui ornent le fût et réinterrogent les sujets traditionnels du genre commémoratif en inventant une iconographie très contextualisée -- remportée au prix des larmes et du sang, ce que représente de manière plus explicite et pathétique encore le très beau bas-relief du sculpteur Daniel Bacqué au monument aux morts de Vianne (Lot-et-Garonne, 1920) (fig. 25). -- A. Baldjian, La République offrant une couronne à ses enfants. Détail du monument aux morts des Abymes, 1937. Phot. Peiré, J.F., Inventaire général de Guadeloupe, 2002. © Inventaire -- Agrandir Original (jpeg, 184k) Daniel Bacqué, monument aux morts de Vianne, 1920. Détail du bas-relief. -- Agrandir Original (jpeg, 176k) A. Baldjian, La Guadeloupe victorieuse. Détail du monument aux morts des Abymes, 1937. -- volontaire et combative de la République n’est pas l’affliction qui caractérise l’attitude de la Vierge dans les Piétà et que l’on observe sur les monuments aux morts de Saint-François48 (voir fig. 4) et de Pointe-à-Pitre (voir fig. 5). On peut mettre cette iconographie très rare en rapport avec un groupe sculpté de Joseph Ebstein (1881-1961) pour le monument aux morts de la Grande Guerre érigé en 1922 à Marengo en Algérie49 (fig. 28). -- Agrandir Original (jpeg, 196k) A. Baldjian, La République recueillant un blessé. Détail du monument aux morts des Abymes, 1937. -- Agrandir Original (jpeg, 108k) Joseph Ebstein, monument aux morts des Avirons, 1922 (anciennement Marengo, Algérie). Détail. Phot. Mairie des Avirons, Île de la Réunion. © Mairie des Avirons. * 50 - L’armée de l’air ne se constitue en tant que telle qu’en 1934. * 51 - Sur la période étudiée, seuls deux monuments aux morts de Guadeloupe représentent des soldats noi (...) 70 ⁃ Le dernier panneau est celui de La participation des troupes coloniales dans tous les corps d’armée (fig. 29). Cette face du monument est sans doute la plus originale des quatre. En effet, le poilu d’outre-mer (le POM) y est représenté par un homme noir, seulement vêtu d’un cache-sexe, vu de trois quarts face dans la même -- Baie-Mahault et de Port-Louis. Outre le fait, déjà singulier, que ce soldat soit un Noir51, il est également nu. Cette nudité, si inhabituelle sur un monument de ce type, pose question. À l’opposé d’une allusion péjorative à une culture que certains qualifient encore à l’époque de « primitive », nous y voyons une interprétation à -- A. Baldjian, La participation des troupes coloniales dans tous les corps d’armée. Détail du monument aux morts des Abymes, 1937. Phot. Laborie, S., 2013. © S. Laborie. -- dans l’art. Pierre Cabanne livre une analyse des artistes de Forces nouvelles qui s’applique parfaitement à l’auteur des panneaux du monument aux morts des Abymes : « ces analystes du réel sont des « objéistes », ils apprécient à leur juste mesure une forme, un volume, un poids dans l’espace, […] ils donnent à la réalité un contenu -- Agrandir Original (jpeg, 68k) Le Moule, monument aux morts. Phot. Laudet, Bernard, 2004. © Bernard Laudet. 73La puissance de l’œuvre de Baldjian et sa cohérence avec l’espace urbain environnant fondent l’exemplarité du monument aux morts des Abymes. Parmi les rares monuments édifiés après celui-ci, les Poilus du Moule (1938) (fig. 31) – fourni par le représentant local du marbrier Édouard Rombaud-Rolland – et de Morne-à-l’Eau (1939) (fig. 32) paraissent assez démodés. Après la Seconde Guerre mondiale, quelques monuments seront encore édifiés, mais seul celui de Sainte-Anne (1949) (fig. 33), œuvre du sculpteur Gilbert Privat également auteur du monument à Victor Schœlcher situé à proximité, renoue avec une certaine force d’interprétation, tout en demeurant fidèle au style Art déco un peu passé. -- Agrandir Original (jpeg, 264k) Morne-à-l’Eau, monument aux morts. Phot. Laborie, S., 2014. © S. Laborie. -- Agrandir Original (jpeg, 299k) Sainte-Anne, monument aux morts, 1949. Détail. Phot. Laborie, S., 2013. © S. Laborie. -- Conclusion 74Cet inventaire des différents monuments aux morts de Guadeloupe confirme l’importance de la commémoration de la Grande Guerre dans l’archipel. Non seulement la quasi-totalité des communes ont fait édifier un monument à la mémoire des soldats morts pour la France, mais elles ont de surcroît surmonté des difficultés financières importantes pour faire l’acquisition d’œuvres, souvent produites en série mais pas seulement, les faire livrer et remonter sur place. Ces monuments commémoratifs constituent, dans leurs ressemblances et parfois leur uniformité, un trait d’union entre les différents peuples de France. -- paraître. 2 - ERBS, Philippe. Les Monuments aux morts de la guerre 1914-1918 de la Guadeloupe. Mémoire de maîtrise d’histoire dirigé par Danielle Bégot, Université Antilles-Guyane, 2003. Archives départementales de la -- de la Guadeloupe. 16 - Dans toute la France, ce sont 440 monuments à la gloire de la République qui sont édifiés entre 1870 et 1940. Voir AGULHON, M. et BONTE, P. Marianne. Les visages de la République. Paris : Gallimard, -- participe financièrement à la reconstruction de ce village martyr de la guerre et lève une souscription qui permet l’édification de son monument aux morts en 1926. 18 - ERBS, P., op. cit., p. 33. -- 20 - Voir KACY, Franck. « Expression du patriotisme colonial à Marie-Galante en 1919, l’érection du premier monument aux morts de la Guadeloupe ». Dans Commémorer et dénoncer la guerre. Actes du 136^e Congrès national des sociétés historiques et scientifiques, -- 22 - Le groupe sculpté représente la Nation éplorée tenant dans ses bras un poilu mort. Il semble très proche de celui du monument aux morts de Valentigney (Doubs), réalisé en 1920 par le sculpteur Henri Valette (1877-1962). -- 27 - N° 3313 du catalogue. Voir MAINGON, Claire. « L’après-Grande Guerre, entre patriotisme et revanche. Les monuments commémoratifs au Salon des artistes Français ». Dans La guerre après la guerre. Images et construction des imaginaires de guerre dans l’Europe du XX^e siècle, -- p. 27-47. 28 - Le monument de Guingamp est inauguré le 11 novembre 1924. 29 - Le monument est arrivé en pièces détachées par bateau. Il a été remonté pièce par pièce par un artisan de Basse-Terre, M. Charlery. Voir ERBS, P., op. cit., p. 90-91, et brochure « Un artisan de Basse-Terre et le monument aux morts », Archives municipales de Basse-Terre. -- Tournon d’Agenais (Lot-et-Garonne) en 1922, à Lezay (Deux-Sèvres), etc. 36 - BECKER, Annette. Les monuments aux morts : patrimoine et mémoire de la Grande Guerre. Paris : Errance, 1988. 37 - ERBS, P., op. cit., p. 70. 38 - Les monuments composites proposés dans leur catalogue par les Marbreries générales déclinent en diverses combinaisons des motifs récurrents. Ainsi, la Victoire est associée, dans la référence n° 2129 à un Poilu combattant, tels qu’on pouvait les observer sur le monument aux morts de Saint-Méloir-des-Ondes (Ille-et-Vilaine, disparu). -- 49 - Joseph Ebstein (1881-1961), sculpteur et graveur français natif de Batna en Algérie, a réalisé plusieurs monuments aux morts en Algérie. À l’exception de celui de Constantine encore en place, les autres ont été déplacés après l’indépendance. Le monument aux morts de Marengo a été déplacé en 1965 à l’initiative d’André Malraux, alors ministre de la Culture, qui l’a offert à la commune des Avirons sur l’île de la -- 50 - L’armée de l’air ne se constitue en tant que telle qu’en 1934. 51 - Sur la période étudiée, seuls deux monuments aux morts de Guadeloupe représentent des soldats noirs : à Baie-Mahault et aux Abymes. Le Poilu d’outre-mer du monument de Port-Louis n’est pas caractéristique. En dehors du cadre chronologique de cette étude, en 1949, le bas-relief du monument aux morts de Sainte-Anne montre le visage d’un soldat noir. -- Fichier image/jpeg, 140k Titre Figure 4 Légende Saint-François, monument aux morts, 1924. Crédits Phot. Blaudet, B., Genweb. © B. Blaudet. URL -- Titre Figure 5 Légende Hippolyte Galy : « La Douloureuse de la Pointe-à-Pitre », Monument aux morts, Place de la Victoire, Pointe-à-Pitre, 1925. Crédits Phot. Dussauge, M., 2014. © M. Dussauge. URL -- Fichier image/jpeg, 316k Titre Figure 6 Légende Hippolyte Galy, Monument aux morts de Basse-Terre, Champ d’Arbaud, 1926. Crédits Phot. Peiré, J.-F., Inventaire général de Guadeloupe, 2002. © -- Fichier image/jpeg, 284k Titre Figure 7 Légende Vieux-Habitants, monument aux morts, 1930. Crédits Phot. Dussauge, M., 2014. © M. Dussauge. URL -- Fichier image/jpeg, 188k Titre Figure 8 Légende Petit-Bourg, monument aux morts, 1926. Crédits Phot. LPLT / Wikimédia commons, 2013. © LPLT / Wikimédia commons. -- Fichier image/jpeg, 84k Titre Figure 10 Légende Capesterre-Belle-Eau, monument aux morts, 1927. Ensemble et détails. Crédits Phot. Delassasseigne, Hervé. © Cheminbleu.com. -- Fichier image/jpeg, 152k Titre Figure 11 Légende Villeréal (Lot-et-Garonne), monument aux morts, 1923. Détail. Crédits Phot. Choubard, Alain, 2009. © Alain Choubard. URL -- Fichier image/jpeg, 80k Titre Figure 12 Légende Goyave, monument aux morts. Crédits Phot. Hamont, Laurence, 2012. © Laurence Hamont. URL -- Fichier image/jpeg, 72k Titre Figure 13 Légende Pointe-Noire, monument aux morts, 1930. Crédits Phot. LPLT / Wikimédia commons. © LPLT / Wikimédia commons. URL -- Fichier image/jpeg, 216k Titre Figure 14 Légende Lamentin, monument aux morts, 1932. Crédits Phot. DAC Guadeloupe. © DAC Guadeloupe. URL -- Fichier image/jpeg, 436k Titre Figure 16 Légende Villers-Farlay (Jura), monument aux morts, 1921. Crédits Phot. Girard, Bernard, 2009. © Bernard Girard. URL -- Fichier image/jpeg, 276k Titre Figure 17 Légende Port-Louis, monument aux morts, 1932. Crédits Phot. Laborie, S., 2014. © S. Laborie. URL -- Fichier image/jpeg, 180k Titre Figure 18 Légende Petit-Canal, monument aux morts, 1936. Crédits Phot. Laborie, S., 2014. © S. Laborie. URL -- Fichier image/jpeg, 172k Titre Figure 19 Légende Baie-Mahault, monument aux morts, 1936. Crédits Phot. Laborie, S., 2014. © S. Laborie. URL -- Fichier image/jpeg, 292k Titre Figure 20 Légende Anse-Bertrand, monument aux morts, 1935 ? Crédits Phot. DAC Guadeloupe. © DAC Guadeloupe. URL -- Fichier image/jpeg, 52k Titre Figure 21 Légende Les Abymes, monument aux morts, 1937. Crédits Phot. Peiré, J.F., Inventaire général de Guadeloupe, 2002. © Inventaire général. -- Fichier image/jpeg, 160k Titre Figure 22 Légende Les Abymes, inauguration du monument aux morts, 26 décembre 1937. Carte postale, Archives départementales de la Guadeloupe, 5 FI 5/87. -- Titre Figure 24 Légende A. Baldjian, La République offrant une couronne à ses enfants. Détail du monument aux morts des Abymes, 1937. Crédits Phot. Peiré, J.F., Inventaire général de Guadeloupe, 2002. © Inventaire général. -- Fichier image/jpeg, 184k Titre Figure 25 Légende Daniel Bacqué, monument aux morts de Vianne, 1920. Détail du bas-relief. Crédits Phot. Dubau, Michel, Inventaire général, Région Aquitaine, -- Fichier image/jpeg, 184k Titre Figure 26 Légende A. Baldjian, La Guadeloupe victorieuse. Détail du monument aux morts des Abymes, 1937. Crédits Phot. Laborie, S., 2013. © S. Laborie. -- Titre Figure 27 Légende A. Baldjian, La République recueillant un blessé. Détail du monument aux morts des Abymes, 1937. Crédits Phot. Peiré, J.F., Inventaire général de Guadeloupe, 2002. © Inventaire général. -- Fichier image/jpeg, 196k Titre Figure 28 Légende Joseph Ebstein, monument aux morts des Avirons, 1922 (anciennement Marengo, Algérie). Détail. Crédits Phot. Mairie des Avirons, Île de la Réunion. © Mairie des -- Titre Figure 29 Légende A. Baldjian, La participation des troupes coloniales dans tous les corps d’armée. Détail du monument aux morts des Abymes, 1937. Crédits Phot. Laborie, S., 2013. © S. Laborie. URL -- Fichier image/jpeg, 560k Titre Figure 31 Légende Le Moule, monument aux morts. Crédits Phot. Laudet, Bernard, 2004. © Bernard Laudet. URL -- Fichier image/jpeg, 68k Titre Figure 32 Légende Morne-à-l’Eau, monument aux morts. Crédits Phot. Laborie, S., 2014. © S. Laborie. URL -- Fichier image/jpeg, 264k Titre Figure 33 Légende Sainte-Anne, monument aux morts, 1949. Détail. Crédits Phot. Laborie, S., 2013. © S. Laborie. URL -- Référence électronique Séverine Laborie, « Les monuments aux morts de la Guerre de 14-18 en Guadeloupe avant 1945 », In Situ [En ligne], 25 | 2014, mis en ligne le 16 janvier 2015, consulté le 07 janvier 2020. URL :