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Macron lance l’offensive sur l’immigration
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Macron lance l’offensive sur l’immigration
AFP
AFP
Mardi, 17 septembre 2019 07:30 MISE À JOUR Mardi, 17 septembre 2019
07:30
Coup d'oeil sur cet article
PARIS | « En prétendant être humaniste, on est parfois trop laxiste »:
Emmanuel Macron a lancé l’offensive sur l’immigration, un sujet qu’il
ne veut pas laisser à la droite et à l’extrême droite, suggérant un
déséquilibre en Europe au détriment de la France et un aveuglement
d’une partie de la classe politique sur la question.
« Les flux d’entrée n’ont jamais été aussi bas en Europe et les
demandes d’asile jamais aussi hautes en France », a regretté le
président français devant quelque 200 députés et sénateurs du parti
présidentiel et de ses alliés, ainsi que l’ensemble du gouvernement,
lors d’une réunion lundi soir.
La France a enregistré une hausse de 23 % des demandes d’asile l’an
dernier, avec notamment des dossiers albanais et géorgiens que les
pouvoirs publics estiment largement non fondés.
« En prétendant être humaniste, on est parfois trop laxiste », a estimé
M. Macron.
À 15 jours d’un débat parlementaire sur l’immigration prévue les 30
septembre et 2 octobre, le président français a estimé: « nous n’avons
pas le droit de ne pas regarder ce sujet (de l’immigration) en face ».
« Je crois en notre droit d’asile, mais il est détourné de sa finalité
par des réseaux, des gens qui manipulent. Si nous ne le regardons pas
en face, nous le subirons », a-t-il averti.
À quelques mois des élections municipales, en mars prochain, les
premières du tout nouveau parti présidentiel LREM, le président a
appelé sa formation à éviter d’être « un parti bourgeois » qui ignore
l’opinion des classes populaires, plus directement confrontées aux
effets de l’immigration et séduites par l’extrême droite.
Le ressentiment face à une immigration « trop forte » est nettement
plus marqué parmi les classes dites populaires. Ainsi, 88 % des
ouvriers et 64 % des employés estiment qu’il y a « trop d’étrangers en
France », contre seulement 41 % des cadres, selon le dernier baromètre
annuel Ipsos/Sopra Steria pour Le Monde, La Fondation Jean-Jaurès et
l’Institut Montaigne publié lundi. Globalement, 64 % des Français ont
l’impression « qu’on ne sent plus chez soi comme avant » en France.
« Afin de séduire les milieux populaires, le président souhaite
s’emparer de la politique migratoire », écrit le quotidien de gauche
Libération.
Un jeu « dangereux » ?
« En envoyant un signal sur l’immigration, le président essaie de
rassurer cette partie importante de son électorat », celle formée de
sympathisants de droite proches de l’extrême droite, analyse pour l’AFP
Jérôme Saint-Marie, président de l’institut Pollingvox.
Lors de la campagne de 2017, Emmanuel Macron avait déjà affirmé à l’AFP
vouloir s’attaquer à « l’insécurité culturelle » ressentie selon lui
par les classes moyennes « tentées » par l’extrême droite.
« La question est de savoir si nous voulons être un parti bourgeois ou
pas. Les bourgeois n’ont pas de problème avec cela: ils ne la croisent
pas (l’immigration, ndlr). Les classes populaires vivent avec. La
gauche n’a pas voulu regarder ce problème pendant des décennies. Les
classes populaires ont donc migré vers l’extrême droite », a-t-il
souligné lundi soir.
Faisant de l’immigration son cheval de bataille, l’extrême droite
française est arrivée en tête aux élections européennes de mai dernier.
Sa cheffe de file, Marine Le Pen, s’était une nouvelle fois qualifiée
au second tour de la présidentielle face à M. Macron, en 2017.
L’actuel président l’avait largement battue, mais il a rappelé, lundi
soir, que « plusieurs catégories de la population restent nerveuses »
dans le sillage du mouvement des « gilets jaunes », marqué par de
nombreuses et parfois violentes manifestations.
Le président fait des « clins d’œil à la droite ou à la droite de la
droite », a estimé Bruno Retailleau, chef de file des sénateurs LR
(droite). Son attitude « électoraliste » démontre qu’il est « en
campagne présidentielle » pour 2022, a jugé Marine Le Pen.
« Se prétendre rempart à l’extrême droite, mais reprendre ses thèses
sur l’immigration? Macron joue les illusionnistes... Dangereux », a
tweeté Clémentine Autain, députée LFI (gauche radicale).
Jérôme Sainte-Marie met ainsi en garde: « une fois qu’on a parlé de
l’immigration, les gens attendent des actes. Sinon, il connaîtra les
mêmes déboires dans l’opinion que ceux qu’avait connus (l’ancien
président de droite) Nicolas Sarkozy après 2010 ».
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