Chinoiserie

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L'Occident reproduit les images de l'Orient : fresque italienne de Giovanni Domenico Tiepolo, 1757.

Une chinoiserie est un objet d'art dont l'esthétique procède du courant orientaliste. Il évoque l'attrait du collectionnisme pour les objets et architectures provenant d'Extrême-Orient, plus que de Chine en particulier. Il reflète un goût pour un Orient rêvé, son imagerie et ses symboles, dans la forme (asymétrie, jeux sur les échelles) comme dans le fond (motifs et canons) ; l'art d'Asie orientale à proprement parler n'en est pas le moteur.

Histoire[modifier | modifier le code]

L'attrait pour les chinoiseries se manifesta en Europe dès l'antiquité[1] (tissus de soies), avant de s'épanouir du XIVe au XVIIIe siècle, où il fut assimilé d'une part à la vogue rococo et d'autre part à l'excentricité anglomane. On peut prêter à cet engouement des résonances « philosophiques », tel qu'il est inscrit dans des thèmes littéraires développés aux Lumières.

De la Renaissance au XVIIIe siècle, les artisans européens tentèrent de s'approprier des techniques pour imiter la porcelaine chinoise.

Le voyage de Marco Polo et son récit participent de l'image que les Européens se font de l'Asie. Chez les nobles, des pavillons chinois sont parfois érigés, comme le salon de thé du palais de Sanssouci du roi de Prusse Frédéric II, le palais chinois de Palerme ou encore le pavillon chinois de Drottnigholm en Suède. Au XIXe siècle, le pavillon chinois de l'exposition universelle de 1867, qui se tient à Paris, intrigue. En 1896, le directeur du Bon Marché offre à son épouse un cadeau original, « La Pagode »[2].

Sous l'Ancien régime, des peintres comme Antoine Watteau ou François Boucher s'inspirent de l'exotisme chinois, au niveau des paysages comme des mœurs. Des meubles chinois et des porcelaines meublent certaines résidences aristocratiques et des pagodes sont construites dans des jardins. Dans le secteur de la mode, des textiles nouveaux font leur apparition, avec des motifs asymétriques et des associations de couleur originales (soie dite « bizarre », broderie « ungen », rayures « pékin » ou nankin). Les éventails orientaux (originaire du Japon mais introduits en Chine au XIIe siècle), présents dans la mode européenne depuis les XVe-XVIe siècle (le premier éventail pliant apparaît à la Cour de France en 1549), complètent cette panoplie[3].

Description[modifier | modifier le code]

Le Jardin chinois (détail) par François Boucher (exposé au Salon de 1742)
Besançon, Musée des Beaux-Arts et d’Archéologie
La maison chinoise, dans les jardins de Potsdam (banlieue de Berlin).

La chinoiserie est un modèle artistique européen, d'influence chinoise, qui est caractérisé par l'utilisation du langage figuré et fantaisiste de la Chine imaginaire, par une asymétrie, des contrastes très marqués et par l'utilisation de matériaux laqués et de décoration. Les chinoiseries se sont répandues dans l'art européen dans la seconde partie du XVIIe siècle et leur popularité a connu un apogée autour du milieu du XVIIIe siècle, puis fut assimilée au rococo.

De la Renaissance au XVIIIe siècle, les créateurs occidentaux essayèrent d'imiter la sophistication technique des céramiques chinoises, avec une réussite mitigée. L'imitation directe des faïences chinoises commença vers la fin du XVIIe siècle, fut appliquée à la production européenne de porcelaine, tels que les articles liés au thé, et se développa beaucoup dans la mode des Chinoiseries du courant rococo (vers 1740-1770).

Les premiers signes cette forme d'art apparaissent au début du XVIIe siècle, dans le contexte artistique de pays tels que la Hollande et l'Angleterre[4], dont le commerce avec l'Orient est très développé. la poterie en étain, d'aspect glacé faite à Delft et dans d'autres villes hollandaises adoptent la décoration bleue et blanche de l'époque Ming du début du XVIIe siècle, et les articles en céramique de Meissen et d'ailleurs ont naturellement imité les formes chinoises pour des plats, des vases et des articles de thé. Mais dans l'univers irréel de l'art des chinoiseries, les mandarins ont vécu dans des paysages montagneux fantaisistes, avec des ponts de toile d'araignée, des parasols ornés de fleurs, ont flâné dans de fragiles pavillons en bambou, hantés par des dragons et des phœnix, tandis que des singes se balançaient sur des rebords oscillants.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Les arts décoratifs en Europe, classicisme et rococo, Citadelles et Mazenod
  2. Dominique Paulvé, « Le goût de l'Asie », Vanity Fair n°32, février 2016, pages 114-117.
  3. Tamani Suoh, conservateur du Kyoto Costume Institute, La mode du XVIIIe au XXe siècle, Kyoto Costume Institute, Taschen, 2004, pages 9 et 30.
  4. puis plus tard le Portugal, dans la seconde moitié du siècle

Voir aussi[modifier | modifier le code]

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