Au marché de Noël de Rouen, on essaie « d’éviter les chinoiseries » pour faire du made in France

Du local, du français, voilà ce que réclament les clients. Une exigence entendue au marché de Noël de Rouen (Seine-Maritime), où les commerçants essaient du mieux qu'ils peuvent.

Sur le marché de Noël de Rouen (Seine-Maritime), le "made in France" est affiché sur les chalets. Tout n'y est pas français, mais tout le monde assure essayer.
Sur le marché de Noël de Rouen (Seine-Maritime), le « made in France » est affiché sur les chalets. Tout n’y est pas français, mais tout le monde assure essayer. (©SL / 76actu)

Dire que le « made in France » est à la mode, ce n’est pas un scoop. Dans les allées du marché de Noël de Rouen (Seine-Maritime), cette tendance a été reçue « cinq sur cinq », assurent les exposants. Union européenne oblige, la réalité tend vers des productions du continent, mais tous s’accordent à réduire ou supprimer « les chinoiseries ». Le prestataire organisateur du marché de Noël en a reçu la consigne, pour l’édition 2018, par la Ville de Rouen.

Du « made in France » sur la majorité des stands

« Ah oui, c’est français ça ! Le mérinos est fait par une petite entreprise du Pays basque », se targue Romain Cliville, vendeur de chapeaux basé dans l’Eure voisine. Le commerçant n’est pas fabricant, mais se fournit « en Bretagne et dans le Sud ». Les chapeaux vendus par Romain rendent son stock européen : « Les Stetson sont fabriqués sous licence en Allemagne », explique-t-il. « J’évite de faire des chinoiseries, plutôt de la bonne qualité française. »

Même logique chez Éric Beaussart, quelques chalets plus loin. À gauche de chaque case, une plaque siglée « 2A organisation », organisateur du marché pour la Ville, indique « Origine France garantie ». Juste à côté de la plaque d’Éric, un étal de chaussettes en coton bio… « fabriquées au Portugal ». C’est une nouveauté sur le stand de cet habitué présent depuis cinq ans. L’acier rhodié de ses bijoux, inoxydable, est lui « de fabrication française ».

« Une attention toute particulière à la qualité des produits »

Tous les vendeurs de produits non alimentaires ont fait les efforts ou « expurgé », dit l’un d’eux, le stock de « ce qui ne colle pas à l’esprit de notre Noël ». Le cahier des charges soumis au prestataire par la mairie stipule que tous les exposants « doivent être conformes à la volonté de la Ville de créer un Marché de Noël authentique, offrant des produits de réelle qualité ». Une charte leur est soumise, même si elle n’est pas contraignante. Toutefois :

Le prestataire accorde une attention toute particulière à la sélection des exposants et à la qualité des produits proposés, assure la Ville de Rouen.

Vendeur depuis 10 ans sur le marché de Rouen, Jacques Bouvier a bien vu l’évolution : « Notre clientèle ne veut plus de la merde, du tout à l’égout, c’est fini ça. Les gens demandent du français, on recherche plus de local. » Mais « en terme de coût, ça n’a rien à voir », explique-t-il pour défendre les peluches de lémuriens « made in China » vendues dans son chalet :

Je les vends 10 euros, si elles étaient allemandes ce serait 29 euros, et les gens ne sont pas prêts à payer ce prix. Je fais un peu de chinois, mais je sais d’où ça vient, je connais mon producteur. Et c’est du cadeau facile.

Surtout, « il faut rentrer dans nos frais », jure Jacques qui paie « 5 000 euros pour 4 mètres ».

Gilets jaunes et sécurité ont un gros impact sur la vente

Son stand ne fait pas recette, malgré la ristourne de -50 % bien affiché sur les costumes de mère Noël. « Les Gilets jaunes nous ont tués », regrette-t-il. Autre responsabilité, selon plusieurs commerçants : la réduction de cinq jours de la durée du marché, débuté « le 28 au lieu du 23 novembre ». Et les nouvelles mesures de sécurité instaurées après l’attentat de Strasbourg n’arrangent pas les choses, râle Romain Cliville : 

Les fouilles, c’est très désagréable. En plus, ils les font à l’entrée de chaque allée. Ils devraient le mettre en amont, là ça ne sert à rien ! Ça embête tout le monde.

Difficile pour les badauds de passer d’une allée à l’autre sans faire demi-tour « pour éviter une nouvelle fouille », tous le disent en approchant des barrières. Mais en restant à l’intérieur, ils peuvent profiter de toute la gastronomie bien française proposée par les exposants : vins, saucissons et fromages de Savoie ou d’Auvergne, chocolats…

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La surenchère en matière de sécurité, appliquée après l'attentat sur le marché de Noël de Strasbourg, fait craindre aux exposants une baisse de leur chiffre d'affaire.
La surenchère sécuritaire appliquée après l’attentat sur le marché de Noël de Strasbourg fait craindre aux exposants une baisse de leur chiffre d’affaire. (©SL / 76actu)
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