Ces parents "hélicoptères" qui font des enfants mauviettes

Aux Etats-Unis, les parents qui sacralisent leurs enfants sont accusés de les rendre dépressifs. Et l'on se met à vanter le modèle d'éducation français !

Bébé américain dans une poussette transformée en voiture de "Retour vers le futur". (JEREMY NEWTON-SMITH/CATERS AGENCE DE NOUVELLES / SIPA)

Aux Etats-Unis, on les appelle les "parents hélicoptères". Ces hyperparents tournoyant sans cesse autour de leur progéniture, se transformant le week-end en assistants personnels pour les conduire au base-ball, au chinois, à la danse, allant engueuler le prof de maths qui a eu l'outrecuidance de ne donner qu'un B à chouchou... Surprotecteurs, les Américains ? L'an dernier, une couverture de "Time" montrait une jeune femme allaitant un enfant de trois ans avec le titre "Are You Mom Enough ?". Etes-vous assez mère ? Et de raconter ces nouveaux parents superimpliqués, dormant avec leurs bébés, les allaitant ad lib, se lançant dans le home schooling. De quoi faire s'étrangler Elisabeth Badinter !

"Tiger Mom" ou "parents hélicoptères" ?

Comment éduquer son enfant ? Voilà ce qui semble être devenu l'obsession nationale. En témoigne le nombre infini de best-sellers sur le parenting... qui disent tout et son contraire. Déboussolée, l'Amérique commence à se demander si, à trop vouloir sacraliser ses enfants, elle n'aurait pas tout faux... Désormais, la mode est aux détracteurs de l'hyperparenting (hyper-éducation) de la kindergarchy (règne de l'enfant roi) : les "parents hélicoptères" feraient de leur progéniture des wimps (mauviettes) ou des dépressifs chroniques.

En 2011, la célèbre "Tiger Mom", Amy Chua, lance une polémique nationale en vantant les mérites d'une éducation à la "chinoise", stricte de chez strict. En 2012, c'est au tour de la French éducation d'être érigée en modèle. Avec le drolatique "Bébé made in France" (Flammarion), Pamela Druckerman, ex-journaliste du "Wall Street Journal", expatriée en France où elle a eu trois enfants, chantait les louanges de notre éducation, s'émerveillant par exemple que les petits Français ne "jouent pas au Frisbee avec leur pain".

"Trop d'amour à la maison"

"Amy Chua et moi, on ne prône pas vraiment le même modèle d'éducation, raconte-t-elle, mais le point commun, c'est que nous remettons en cause le principe de dire toujours 'bravo' aux enfants. Le fameux 'good job'." Un détracteur de l'hyper-parenting, professeur américain, expliquait ainsi qu'il brûlait parfois de noter sur certaines copies : "D-, trop d'amour à la maison."

"Nous sommes la génération des enfants du divorce, explique Pamela Druckerman. Pour compenser, nous voulons faire le maximum pour notre progéniture, quitte à nous sacrifier. Avec l'incertitude économique, la famille reste le seul refuge. Nous sommes du coup tétanisés à l'idée de faire mal et de perturber notre enfant."

Coaching parental

Pour Hilary, maman américaine en France, "les parents ici sont moins culpabilisés. Ils ont aussi plus d'aides, la crèche, l'école qui finit plus tard". Et quid de l'autorité ? "Les parents français que j'ai interviewés me disent souvent qu'ils sont stricts. C'est une valeur positive. Aux Etats-Unis, on a peur de montrer son autorité", dit Pamela Druckerman.

Mélanie Schmidt, maman française de cinq enfants, qui revient de plusieurs années aux Etats-Unis, est moins catégorique : "Les mères sont aussi perdues des deux côtés de l'Atlantique mais, aux Etats-Unis, elles n'ont pas peur de l'avouer. A l'école américaine, il y avait tous les deux mois des sessions de 'parenting' très fréquentées. En France, on y vient !"D'ailleurs, Mélanie, qui avait créé là-bas un service de coach parental, va lancer son activité d'ici à deux mois en France...

 

A LIRE dans "le Nouvel Observateur" du 17 janvier :

  • DOSSIER. Nos enfants, ces tyrans. Quand les enfants font la loi. Choyés à l'excès, mais pas forcément heureux...
  • Hollande : moi, président... Guerre au Mali, mariage gay, accord sur la réforme du marché du travail : enquête sur les trois jours qui ont tout changé.
  • PORTRAIT. Esther Duflo, l'économiste française prodige appelée à conseiller Obama.
  • Ecole. Et si on faisait la classe à l'envers ? Suivre les cours sur le web à la maison et faire les devoirs en classe : des profs expérimentent la méthode d’un mathématicien américain
  •  Cinéma. Objectif Ben Laden : dans "Zero Dark Thirty", Kathryn Bigelow raconte la longue traque du chef d'Al-Qaida

  • Le casse-tête des retraites. Conseils et extraits du livre "Sauvez votre retraite !"

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Commentaires 20 commentaires
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    huynhtran

    Vous auriez pu signer LOURAU comme le sociologue expert en sciences de l'éducation.

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    toupi9

    l'enfant héliporté finira para ou marines...

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    Ombre

    david letoi a posté le 21-01-2013 à 10:07 J'ai vu et entendu des syllogismes sur l'Einstein cancre à l'école primaire. Mon fils est cancre ? C'est donc un futur Eistein. Et tout cela avec un grand sérieux. Mes enfants ont vécu respectivement en éternel premier pour l'un et 3 ou 4° pour l'autre. Des amis, des jeux, une vie dehors, et dedans, des livres, des frustrations, des erreurs de parcours et de très brillantes études bien conclues par une fonction élevée dans la société et dans leur métier. Plus que leurs parents. Je ne suis ni catho ni socialo ni droitos. Simplement NORMAL. Ils ne sont ni salariés d'un syndicat ni d'un parti politique, ni président d'un sous parti de gauche. Simplement ils prennent leur place et leur utilité dans la société par leur talent et leur volonté. Quant à demain ... Qui vivra verra. Tout cela à l'école primaire publique, collège public et lycée public, au milieu de toutes sortes d'individus, de tous quartiers, des meilleurs aux pires, bus pour aller à l'école ou les chaussures. Les aider du mieux possible, être présents mais non pesants, et nous mêmes travailler beaucoup et aimer son travail. L'exemple n'est pas forcément vain. Exemple ? Sauf au cinéma dans les films de gauche sur les enfants prétentieux de prétentieux bourgeois à l'éducation ratée au contraire des gentils enfants turbulants de gentils ouvriers ou chauffeurs de bus (clichés des films d'URSS) jamais ivres, ni d'alcool ni d

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    Ombre

    Et ces K de Français actuels, au pouvoir pour 3 ans, qui veulent imiter le système Anglosaxon ...

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    Frimousse

    Mais en France nous y somme sen plein dans la méthode américaine. Nous prenons toujours ce qu'ils font de pire! L'enfant roi, les parents qui tabassent les enseignants, la survalorisation de leur petit chéri, ça ne ressemble pas à l'Amérique ça??

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