Parents "hélicoptères" : attention à ne pas surprotéger vos enfants

Catherine Maillard
Catherine Maillard Journaliste, éditrice et auteure
Mis à jour le 24 septembre 2020
parents hélicoptères
Validation médicale : 20 mars 2018

Ils ne lâchent pas leur marmot, jusque sur le pas de l’école, répondent à leur place, et parfois même contestent les notes des enseignants… Ces parents dits "hélicoptères" supervisent en permanence tous les faits et gestes de leurs enfants, animés par le désir de les surprotéger. Un comportement à risque ! Le point de vue de Julie Bazinet, auteur de Eduquer les enfants avec la psychologie positive.

Marine accompagne son fils 7 ans, en lui tenant la main… et son cartable. Quand on pose une question à Enzo 11 ans, le plus souvent, c’est sa maman qui répond à sa place. Lorsque Julien 15 ans s’est présenté à sa nouvelle école technique, son père l’attendait dans la voiture. Les parents "hélicoptères" placent leurs enfants sous haute surveillance et ne les quittent pas d’une semelle. "Ils sont pleins de bonnes intentions" assure Julie Bazinet, titulaire d’une maîtrise en éducation au Canada et enseignante. Leur objectif ? Mettre tout en place pour protéger leurs enfants, et leur épargner les vicissitudes de la vie. Un comportement qui n’est pas sans risque.

La surveillance rapprochée des parents hélicoptères

Née Outre Atlantique, cette expression désigne des parents qui "surprotègent" leurs enfants et en font un peu trop. "Même s’il y a des bus, ils les  emmènent en voiture, ou bien les empêchent de manger des bonbons à la fête de l’école alors que tous les autres le font" a pu observer notre expert. La raison invoquée ? L’insécurité dans les transports en communs et une  alimentation saine.

Nous y voilà ! Ces parents hélicoptères exercent une surveillance continue auprès de leur progéniture, et se plient en quatre pour leur éviter toute déconvenue. Un comportement favorisé par les nouvelles technologies, avec les mobiles et les réseaux sociaux, véritable fil à la patte, reliant chacun en permanence.

Autre trait marquant de ces "drôles" de parents, "ils ont tendance à régler les problèmes à la place de l’enfant" constate Julie Bazinet. En cas de difficultés face à un devoir, par exemple, ils vont faire les recherches eux-mêmes. Et parfois même n’hésitent pas à remettre l’enseignant en cause, si la copie est mal notée.

Tous leurs efforts vont concorder à la pleine réussite de l’enfant, sans le dépassement des embûches qui font partie de la vie, et des confrontations relationnelles. Inquiets pour le futur de leur progéniture, ils contrôlent beaucoup et savent mieux que les autres ce dont ils ont besoin. "Si l’enfant a un problème, ils vont apporter une solution, plus que l’amener à trouver la sienne" observe notre expert. Une conséquence et pas des moindres : c’est le parent qui porte le problème ! "Ce comportement de surprotection révèle sans doute une profonde insécurité !" avance Julie Bazinet. En cause peut-être notre époque anxiogène et les foyers monoparentaux. "Même si on ne peut pas en faire de généralités" tempère notre expert.

L’autonomie de l’enfant en danger

C’est l’ autonomie de l’enfant toute entière qui est en jeu. "Ce comportement, même s’il part d’une bonne intention peut le perturber dans sa croissance. En premier lieu, il va nuire à son sentiment de fierté, qui est essentiel au registre des émotions positives" énonce Julie Bazinet. Il arrive par exemple que la rédaction sur les vacances, en devoir, soit en majeure partie rédigée par la mère, laissant l’enfant passif dans sa production. En faisant à leur place, ils s’approprient en quelque sorte la réussite de leur progéniture, la privant ainsi de cette fierté à avoir surmonté une difficulté.

De plus, à trop vivre dans l’image que leur renvoient leurs parents, ces enfants peuvent devenir dépendants du contentement de ces derniers. Par ailleurs, ce comportement peut les freiner dans leur capacité de résilience, qui se développe en cherchant ses propres ressources, une clé importante de la confiance en soi.

Avec un parent sans cesse à leurs côtés pour les soutenir, une fois adultes, ils peuvent manifester de l’ anxiété, et parfois même des symptômes de dépression. En réalité, ils sont fragilisés !

Les pistes de résolution

La plupart du temps, la manière dont chacun éduque ses enfants est influencée par sa propre histoire, que ce soit en adéquation, ou en réaction, ce qui revient souvent au même. En prendre conscience pour changer quand c’est nécessaire est une première étape. Se remettre en question est important ! "S’il est très naturel de désirer que son gamin réussisse, en revanche en faire trop entraîne à coup sur des répercussions négatives sur sa croissance, qu’il est possible de repérer" assure notre expert. D’autant plus que si on leur laisse la parole, il y a des chances que les enfants l’expriment. Des paroles telles que "Laisse-moi tranquille" ou "Laisse-moi faire" sont des signaux à prendre en compte.

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Quand l’enfant est face à un conflit relationnel, ou une difficulté, il est préférable de l’aider à prendre sa part de responsabilité dans ce qui est arrivé, afin de lui permettre, d’une part de reconnaître ses erreurs, et d’autre part de l’inviter à trouver de nouvelles stratégies. Si l’adulte référant à la fois le dédouane et règle le problème à sa place, l’enfant risque plus tard de se sentir très démuni.

Julie Bazinet propose de s’appuyer sur des outils d’éducation positive et de miser sur la recherche de solutions, par le questionnement, par exemple : "Qu’est-ce que tu peux faire dans cette situation ?". L’enfant doit être capable de trouver ses ressources pour résoudre un problème et non pas d’attendre que ses parents le fasse à sa place.

Plus largement, le nouvel objectif éducatif pourrait être de développer l’ optimisme en favorisant les expériences où il devra prendre le risque de changer d’attitude ou de comportement, et de croire qu’il en est capable !

Pour conclure, notre expert invite les parents à oser laisser davantage l’enfant découvrir son potentiel ainsi que ses traits de caractère afin de lui permettre de se construire dans une vision positive. D’où une réelle prise de distance, dans une attention bienveillante et soutenante et non pas interventionniste ou intrusive. Un équilibre de tous les instants à trouver.

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Mis à jour le 24 septembre 2020
Révision médicale : 20/03/2018
  • Eduquer les enfants avec la psychologie positive de Julie Bazinet. Editions Jouvence. 
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