Qui sont les parents hélicoptères ? 

Aux États-Unis et au Canada, le terme de parent-hélicoptère (helicopter parent) a été adoubé par son entrée dans le dictionnaire en 2011. Sa définition : « des parents qui sont excessivement impliqués dans la vie de leur enfant ». Très, voire trop présents dans le quotidien de leur(s) bambin(s), ces parents n’hésitent pas à intervenir au moindre souci : ils font le « taxi » en emmenant partout leurs enfants, en leur proposant des tonnes d'activités extra-scolaires, en multipliant les rendez-vous avec leurs enseignants pour s’assurer que tout se passe bien en classe, et évidemment, en les surveillant de près. Pour Michel Fize, sociologue spécialiste des questions liées à la famille, si le terme du "helicopter parenting" nous vient d'outre-Atlantique, le comportement des parents, lui, est universel. « Ces parents ont fait leur apparition quand l’économie est devenue plus performante, plus agressive. Elle conduit généralement à ce genre de parentalité qui sur-investit son rôle et veut faire de ses enfants une 'petite machine' épargné de tout et qui ne perd jamais », déplore-t-il.

Parents-hélicoptères : purs produits d’une société en crise

Un comportement d'autant plus exagéré que la crise financière n’a pas épargné les familles et leur manière plutôt pessimiste de percevoir l’avenir. Pour palier cette crainte du futur, elles ont à cœur d’offrir le plus grand épanouissement possible à leurs enfants. A ce propos, Didier Pleux note : « Il y a certainement aujourd’hui un repli sur la famille mononucléaire. Les parents craignent les influences extérieures et tentent de protéger leur enfant à tout prix, notamment en se repliant sur eux-mêmes ». Pour Michel Fize, ce repli marque surtout un retour aux valeurs autoritaires : « Les parents utilisent les vieilles recettes du cadrage et de la surveillance de tous les instants. Ce mouvement de parents-hélicoptères ressemble clairement à de l’autorité déguisée en bienveillance ».

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Une parentalité qui a ses limites

Plus compétitives et plus craintives à la fois, les familles ne lésinent pas pour le bien-être de leur enfant, quitte (souvent) à en faire trop… « Ces parents hyperprotègent leurs enfants pour leur éviter le principe de réalité qui est logiquement fait de frustrations… Mais cela ne fonctionne pas : devant le moindre échec, les enfants qui ont été surprotégés seront vulnérables et intolérants. Incapables d’empathie et de mise à l’effort, ils risquent bien de devenir des adultes irresponsables » souligne le psychologue. Autre effet collatéral : les parents-hélicoptères se mettent, eux aussi, en danger. « Les adultes sont chosifiés par leurs enfants. Dans la mesure où ils répondent constamment à tous leurs besoins immédiats, ils deviennent, sans le réaliser, des instruments à satisfaire les désirs, » continue-t-il.

Parents-hélicoptères : le défi d’apprendre à faire confiance

Pour Didier Pleux, l’illusion de pouvoir tout maîtriser dans la vie de l’enfant doit donc être abandonnée au profit d’un équilibre familial respecté : « Le parent doit être la médiation entre la réalité et l’enfant. Bien sûr, il est normal de vouloir le protéger, mais il faut parallèlement savoir le responsabiliser en lui faisant confiance ». Et Michel Fize de conclure « Au lieu d'être un "hélicoptère", il est bien mieux d’être un parent qui aide à développer l’autonomie de son enfant tout en étant présent et bienveillant dans des situations particulières seulement. Aussi, sa surveillance et sa protection doivent être à l’image d’un ULM : discret et léger ! »


Les 10 commandements du bon sens éducatif
, de Didier Pleux aux Éditions Odile Jacob