Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.La notion de mouvementsocial est définie de manière différente selon les disciplines. En histoire, il s'agit de l'ensemble des événements au cours desquels certains groupes (comme des classes sociales) cherchent à modifier l'organisation de la société en fonction de leurs idéaux : répartition des richesses et du pouvoir politique, progrès social. -- En histoire, il s'agit de l'ensemble des événements au cours desquels certains groupes (comme des classes sociales) cherchent à modifier l'organisation de la société en fonction de leurs idéaux : répartition des richesses et du pouvoir politique, progrès social. En politique, et par métonymie, un mouvementsocial est une somme d'actions qui veulent la concrétisation de cette volonté de progrès social. On parle parfois de mouvement politique. En sociologie, un mouvementsocial est un ensemble de réseaux informels d'organisations et d'acteurs isolés, construit sur des valeurs partagées et de la solidarité[1] dans marqué par « un agir ensemble intentionnel, marqué par le projet des protagonistes de se mobiliser de concert selon une logique de revendicatif et de défense d’intérêt ou d’une cause[2]. -- -- Définition[modifier | modifier le code] Un mouvementsocial, d'après Erik Neveu, est «un agir-ensemble intentionnel, marqué par le projet explicite des protagonistes de se mobiliser de concert. Cet agir-ensemble se développe dans une logique de revendication, de défense d'un intérêt matériel ou d'une "cause".[3]». Un mouvementsocial est donc marqué par des actions collectives, revendicatives et défendant des causes ou des intérêts. On peut rajouter à cela qu'un mouvementsocial peut être porté par des organisations, utilisant des moyens spécifiques aux mobilisations collectives. Selon la définition de sociologie donnée ci-dessus un mouvementsocial possède différentes caractéristiques : une dimension collective, se définit des cibles, des adversaires et pose des revendications. -- Les membres d'un mouvementsocial partagent un système de valeurs ou ont un projet en commun, se sentent liés par de la sensualité ou un sentiment d'appartenance. La capacité de mobiliser, de réunir un certain nombre de personnes pour des événements ponctuels. Néanmoins, pour que le mouvementsocial existe il faut de la continuité entre les moments forts. Des formes de protestation du mouvementsocial sont extrêmement variées, en voici quelques exemples : pétition, grève, grève du zèle, blocage des routes, occupation des arbres[4], occupation de bâtiments, réappropriation des rues de façon festive (fête de rue), arrachage collectif de plants d'OGM, manifestations médiatisées, désobéissance civile… Pour Olivier Fillieule, donner une définition des mouvementssociaux est vaine car donner des critères fixés oriente notre perception de ces derniers. Pour lui, il « faut faire parler les objets », plutôt que d'essayer de les définir a priori. Les sciences politiques et la sociologie ont développé des théories et des recherches empiriques sur les mouvementssociaux, par exemple certaines recherches étudient ou mettent en évidence l'engagement des militants, la relation entre les mouvements populaires et la formation de groupes politiques, l'institutionnalisation des mouvementssociaux, l'influence des mouvementssociaux dans la mise sur pied de réglementations politiques, la mise à l'agenda politique des questions soulevées. -- -- Histoire[modifier | modifier le code] L'expression est moderne, mais a posteriori les théoriciens du mouvementsocial revendiquent l'héritage de nombreux événements historiques. Dans la mesure où les premiers théoriciens, historiens et intellectuels adhéraient généralement à l'idéologie de la lutte des classes un certain accent est mis sur les événements violents, révolutionnaires. Révoltes d'esclaves. -- -- Sociohistoire[modifier | modifier le code] Dans The Contentious French, publié en 1989, Charles Tilly retrace le parcours de la transformation des répertoires d’action collective, c'est-à-dire les moyens et modalités à disposition des citoyens pour protester et faire valoir leurs revendications en dehors du vote[5]. Selon Tilly, les mouvementssociaux sont une forme particulière d’action collective qui a émergé comme résultat de ce processus et qui est historiquement et spatialement localisé. Charles Tilly affirme que le « mouvementsocial » n'existe pas avant la fin du XVIIIe siècle car selon lui l'émergence des mouvementssociaux était connectée aux profonds changements économiques et politiques de ces périodes, en incluant la parlementarisation, l'expansion du capitalisme et la prolétarisation. Même si des éléments comme des campagnes, répertoire des actions collectives, révoltes et les manifestations montrent une plus longue histoire, c'est vraiment récemment qu'ils sont combinés ensemble pour former le mouvementsocial en sociologie. L'expression mouvementsocial en sociologie fut inventée en Angleterre et aux États-Unis durant les premières décennies du XIXe siècle et les premiers mouvements seraient la Révolution française, la Révolution haïtienne (1804), fille aînée de la Révolution française, le mouvement pour la Constitution polonaise (1791), le mouvement abolitionniste (entre 1791 et 1806). Ces grandes révolutions structurelles ont bousculé la France, l'Angleterre et bien d’autres pays, dans les intérêts et les identités de tout un chacun. L’émergence du capitalisme a créé de nouveaux intérêts et de nouvelles identités collectives comme avec le prolétariat ou encore la bourgeoisie. Ces deux grands processus et en particulier le processus de formation de l’État-Nation a créé de nouvelles opportunités pour mobiliser et de cibles de la mobilisation. Finalement, ces deux grands processus ont aussi transformés l’organisation de la société en créant par exemple les classes sociales telles qu’on les connaît aujourd’hui. Ces grandes transformations ont ensuite produits des transformations des répertoires de l’action collective. Pour Tilly, l’action collective est passée d’un répertoire « réactif » à un répertoire « proactif » ; c’est-à-dire que les mouvements ou les citoyens ne réagissent pas simplement à des décisions qui sont prises par des autorités locales ou autres mais s’organisent en vue de prendre des initiatives. Le répertoire passe de la « compétition » au « conflit ». Ce n’est plus simplement une compétition locale entre différents groupes mais c’est une action collective qui s’inscrit dans un véritable conflit social où il y a des intérêts collectifs qui s’opposent et où le succès d’un intérêt collectif ou de la mobilisation autour d’un succès collectif implique des pertes de l’intérêt ou des intérêts collectifs qui y sont opposés. On passe d’une contestation d’un répertoire spontané à une contestation d’un répertoire organisé. Les citoyens commencent à s’organiser, à former des organisations sociales mais aussi des partis politiques, et on passe d’une contestation locale à une contestation nationale. Tilly parle d’une nationalisation de l’action collective et de la protestation sociale concernant les mouvementssociaux comme une forme d’action collective nationalisée[5]. Les mouvementssociaux sont une forme spéciale de politique contestataire qui émerge de la transformation de l’ancien au nouveau répertoire lorsque la concertation du capital et de la coercition ont transformé ces modalités. L’idée est que le mouvementsocial est né d'un ensemble de formes d’actions collectives de la part des citoyens qui devient modulaire. [modifier | modifier le code] -- -- En 2009, la révolte en Moldavie après la victoire du parti communiste aux élections législatives en avril[7], et le Soulèvement postélectoral en Iran[9] sont considérés comme les deux premiers mouvementssociaux d'ampleur dans lesquels les réseaux sociaux sur Internet jouent un rôle de relai d'information et de coordination. Dans les deux cas présents Twitter représentait la seule plateforme d'expression libre et intensément propagatrice sur laquelle les utilisateurs s'échangeaient des liens et des médias témoignant des manifestations[9]. En 2011, le Mouvement des Indignados et Occupy Wall Street deviennent les premiers mouvements à tenter d'atteindre la « démocratie réelle » par l'action collective et la « construction d'une forme d'intelligence collective »[10]. L'utilisation d'Internet a permis de répandre massivement et rapidement ce mouvement dans le monde entier et d'organiser une « journée planétaire des Indignés » le 15 octobre 2011 dans 1 051 villes de 90 pays du monde. En 2016, la très grande horizontalité de Nuit debout - permise entre autres par la communication via internet mais également par son organisation en Démocratie liquide[11] - ainsi que l’hétérogénéité des revendications, font dire au politologue Gaël Brustier que : « on peut sans doute dire que Nuit Debout est le premier mouvementsocial post-marxiste »[11]. Il nuancera toutefois plus tard, en précisant que cela ne marquerait vraiment une évolution importante que si cela pousse les partis politiques européens de gauche à devenir eux-mêmes écologistes et post-marxistes[12]. Notes et références[modifier | modifier le code] -- -- ↑ « Indignés : les nouvelles formes de protestation », sur scienceshumaines.com, 2 novembre 2015 (consulté le 8 mai 2016) ↑ a et b « “Nuit Debout est le premier mouvementsocial post-marxiste” », sur lesinrocks.com, 7 mai 2016 (consulté le 8 mai 2016) ↑ « Pour renaître, la gauche doit devenir post-marxiste et écologique », sur reporterre.net, 12 septembre 2016 (consulté le 13 octobre 2016) -- -- Nouveaux mouvementssociaux Lien externe[modifier | modifier le code] Photothèque du mouvementsocial