* Les Décodeurs * Vérification Les antivax « classiques » sont-ils les mêmes que ceux qui refusent le vaccin contre le Covid-19 ? De nombreux réfractaires à la campagne de vaccination actuelle assurent -- contemporain, qui date des années 1970-1980. Les vaccins historiques sont considérés comme sûrs et acceptés, les petits nouveaux rejetés », analyse Laurent-Henri Vignaud, historien à l’université de Bourgogne et coauteur d’Antivax : la résistance aux vaccins du XVIII^e siècle à nos jours (Vendemiaire, 2019). Toutefois, quoi qu’en disent les opposants à la politique vaccinale actuelle, la continuité des arguments avec celui des antivax historiques est plutôt probante, même si elle n’est pas totale. Une importante continuité… -- Les explications sont autant politiques que culturelles. « Dans le Sud-Est, on a un vote écologiste et Rassemblement national [RN] très fort, deux spectres politiques historiquement pourvoyeurs d’antivax en France (…) Cet électorat RN en Provence-Alpes-Côte d’Azur est largement composé de professions libérales, chez qui la question de la liberté individuelle, notamment en termes de santé, est très prégnante », -- Les exemples précis d’effets secondaires ou de décès, parfois authentiques, parfois montés de toutes pièces, sont aussi partagés de longue date. « Au XIX^e siècle, les antivax collectent le moindre accident dans le monde entier. Un antivax anglais ou belge est capable de citer des cas de morts après vaccins survenus dans un village russe, australien ou mexicain ! », rappelle Laurent-Henri Vignaud, citant le cas extrême d’un album anglais de 1920, rempli de nouveau-nés -- antivaccins sèment le doute sur les effets secondaires Le recours sélectif à la science est également un marqueur classique. « Quand on voit les antivax contre la rougeole, ils rejettent tous les scientifiques sauf ceux qui considèrent le vaccin ROR comme nocif », rappelle Romy Sauvayre. De la même façon, en 2021, une chaîne complotiste pro-QAnon comme Les DéQodeurs peut convoquer le très -- de la vaccination. En reprenant tous ces types d’arguments, « ceux qui assurent ne pas être antivax le sont la plupart du temps, à l’insu de leur plein gré », conclut M. Vignaud. Toutefois, les opposants à la vaccination contre le Covid-19 ont introduit quelques nuances et nouveautés. -- Même si elle en épouse globalement la même répartition territoriale, la population réfractaire aux vaccins contre le Covid-19 est plus large que la base antivax traditionnelle. « Dès l’automne 2020, nous avons mesuré chez les soignants que certains d’entre eux se faisaient vacciner contre la grippe mais prévoyaient de -- « probablement pas » se faire vacciner contre le Covid-19, et 11 % assuraient qu’elles ne se feraient « certainement pas » vacciner. C’est bien davantage que les estimations des chercheurs, qui considèrent que moins de 5 % de la population française est considérée comme antivax à proprement parler. * Des rumeurs qui mutent et se modernisent -- l’abandon de certaines obsessions. Ainsi, la question des adjuvants, longtemps centrale dans le discours antivax contemporain, a presque totalement disparu car ces substances ne sont pas présentes dans les vaccins à ARN messager. C’est aussi la raison pour laquelle certaines figures du combat antivax sont étrangement absentes des débats actuels. « Il leur faudrait en quelque sorte se reconvertir et passer d’experts en adjuvants à experts en ARN, ça demande du temps, rappelle Laurent-Henri Vignaud, et certains n’en voient pas l’intérêt car ils sont parfois convaincus sincèrement que seuls les adjuvants présentent un danger et ne s’intéressent pas au reste. » Ce sont peut-être les seuls antivax vaccinés contre le Covid-19. William Audureau