« En Afrique, les antivax ressemblent à ceux du Nord »

Faute de doses en nombre suffisant malgré les promesses des pays riches, le taux de vaccination anti-Covid est très faible en Afrique. Mais c’est aussi à cause des grandes réticences des populations, relèvent, dans une tribune au « Monde », trois sociologues.

Publié le 07 septembre 2021 à 13h00 Temps de Lecture 3 min.

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Tribune. Depuis l’apparition du Covid-19, on observe partout dans le monde des contestations des mesures prises par les autorités gouvernementales. Les antivax du Sud diffèrent-ils de ceux du Nord ? Le taux de vaccination est certes fort contrasté entre le Nord (Europe ou Etats-Unis) au-dessus de 50 %, et l’Afrique en dessous de 10 %. Au Sénégal, il avoisine les 2 % tandis qu’au Cameroun seulement 0,3 % de la population serait complètement vaccinée.

« One World, One Health » (« un monde, une santé »), clame l’Organisation mondiale de la santé (OMS) : le dispositif Covax qu’elle a mis sur pied promettait un large accès aux vaccins, à moindre prix, et la livraison de quelque 520 millions de doses d’ici à fin 2021. Début août, seulement 15 % ont été envoyées. La Chine a pris le relais, à sa façon : si le Cameroun a reçu 200 000 doses de Sinopharm gratuitement dès avril 2021, le Sénégal en a payé autant au prix fort (20 dollars l’unité, environ 16,85 euros), avant d’en recevoir 300 000 gracieusement… Les Etats-Unis ont commencé à livrer gratuitement cet été divers pays africains, peut-être inspirés par le « soft power » chinois ? « One Health, One Market » (« une santé, un marché »)…

Lire l’enquête : Article réservé à nos abonnés Accès aux vaccins anti-Covid : la grande fracture Nord-Sud

Une forte résistance des populations a accru les effets de ce trafic d’influence sur la vaccination. Au Sénégal, les populations, sceptiques quant à l’existence de la maladie, refusèrent les mesures de confinement au début. Puis, leur défiance à l’encontre des autorités a nourri un sentiment collectif d’aversion pour le vaccin.

Défiance et mauvaise gestion

Malgré les campagnes de sensibilisation menées par les autorités politiques et religieuses, des vaccins déjà acheminés dans les établissements publics de santé ont été rendus au ministère faute de preneurs. Les hésitations ont aussi été alimentées par les retours d’expérience des primovaccinés. Les personnes atteintes de céphalées, de lourdeur du bras, de vomissements, de diarrhée, etc. ont investi l’espace public, virtuel et physique, pour témoigner de leurs mésaventures.

Les frais des effets secondaires ne sont pas pris en charge par l’hôpital et les interrogations et inquiétudes soulevées par les antivaccins ne sont que frileusement dissipées par les autorités sanitaires, qui les considèrent comme des rumeurs infondées et préfèrent accentuer leur communication sur les statistiques (nombre de cas et de décès enregistrés, nombre d’admis aux urgences, nombre de vaccinés, etc.).

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