The Sorority, l'appli qui veut lutter contre les violences faites aux femmes

Cette application lancée par Priscillia Routier Trillard début septembre permet aux femmes de s'entraider en cas de harcèlement, d'agression ou de violences. Disponible sur Android et iOS, elle compte déjà 4.000 utilisatrices.

Priscillia Routier Trillard a créé l'application The Sorority, qui vise à favoriser l'entraide entre les femmes. (Leah Manasseh)

Par Chloé Marriault

Publié le 17 sept. 2020 à 15:59Mis à jour le 17 sept. 2020 à 17:29

« Cette application rassure les femmes et les minorités de genre qui l'utilisent. Elle leur permet de savoir qu'elles sont entourées de personnes bienveillantes qui peuvent leur venir en aide en cas de danger », indique Priscillia Routier Trillard. Cette Parisienne de 33 ans a créé The Sorority (la sororité, la solidarité entre femmes), une application mobile gratuite qui permet aux femmes de s'entraider en cas de harcèlement de rue, de violences ou d'agression.

L'idée de créer cet outil a germé en mars 2019, lorsque Priscillia Routier Trillard vivait un deuxième burn-out. À ce moment-là, la jeune femme est épuisée. Elle a le sentiment d'avoir tout donné à la boîte informatique dans laquelle elle est responsable des opérations et elle ne trouve plus de sens dans ce qu'elle fait. Mais le soutien indéfectible de sa médecin et la lecture du livre L'Âme de sorcière d'Odile Chabrillac, qui traite de la sororité, la marquent. C'est décidé, elle veut « favoriser l'entraide et la bienveillance entre femmes ».

« J'ai constaté que les femmes étaient soumises à un grand nombre d'inégalités, d'injustices et de violences dans leur vie de tous les jours : au travail, à l'école, dans la rue, chez elles, expose-t-elle. Et je trouvais cela fou que nous continuions tous.tes à y participer. Il fallait prendre conscience que cela n'était pas normal et qu'il était temps d'agir ensemble. »

Faire appel à d'autres utilisatrices en cas de danger

Priscillia Routier Trillard obtient une rupture conventionnelle avec son entreprise en juin 2019 et fait ses débuts en tant qu'entrepreneuse avec Fanny Chevalier, une amie graphiste, Thibaud Dervily et Adrien Saulnier, deux développeurs web. Pour se lancer, l'équipe de The Sorority récolte 11.000 euros grâce à une campagne de financement sur KissKissBankBank. Après un bêta test, l'application est disponible sur iOs et Android depuis le 1er septembre.

Concrètement, les utilisatrices indiquent leurs coordonnées et permettent à l'application de les géolocaliser. Si elles se sentent en danger, elles peuvent appuyer sur un bouton d'alerte. Un push est alors envoyé à toutes les utilisatrices autour d'elles. Les femmes qui la reçoivent peuvent alors appeler la personne en danger, communiquer avec sur le chat, et la géolocaliser. Objectif : « intervenir sur l'instant pour mettre fin à l'agression, avant qu'il ne soit trop tard. Sans jamais se mettre en danger », précise l'entrepreneuse.

L'utilisatrice peut déclencher l'alerte si elle est suivie dans la rue, si elle subit des violences conjugales, si elle se fait agresser dans son établissement scolaire, au bureau, dans le métro… L'application permet également de déclencher une alarme sonore pour attirer l'attention.

L'application The Sorority permet aux femmes d'alerter les autres utilisatrices lorsqu'elles se sentent en danger, mais aussi d'échanger via un chat.

L'application The Sorority permet aux femmes d'alerter les autres utilisatrices lorsqu'elles se sentent en danger, mais aussi d'échanger via un chat.The Sorority

Au-delà de l'aspect sécurité, Priscillia Routier Trillard a voulu créer une communauté de femmes qui s'entraident. L'application fonctionne un peu comme un réseau social : les femmes peuvent indiquer sur leur profil leurs compétences et centres d'intérêt. Puis, grâce à une barre de recherche, trouver d'autres femmes avec qui échanger via un chat.

Se développer à l'étranger

La jeune pousse dénombre déjà plus de 4.000 utilisatrices à travers la France. Que des femmes, ou des personnes qui s'identifient comme telle, dont l'identité est vérifiée au moment de l'inscription. Pourquoi ne pas avoir ouvert cet espace aux hommes ? « Pour créer une safe place, un espace non mixte nécessaire pour se reconstruire, s'écouter, s'épauler, s'entraider et avancer ensemble », indique la cheffe d'entreprise.

Pour monétiser son application, Priscillia Routier Trillard pense dans un premier temps faire appel à des professionnelles de l'accompagnement (juriste, avocate spécialisée - notamment dans les violences conjugales, psychiatre, coach…), qui pourraient venir en aide aux femmes. Ces professionnelles paieraient pour être visibles et certifiées sur l'appli, en vue de proposer leurs services à une plus large patientèle ou clientèle. Aussi, une nouvelle campagne de crowdfunding devrait être lancée en octobre afin de soutenir les futurs développements de la jeune pousse.

L'internationalisation est déjà dans le viseur. À la demande de plusieurs utilisatrices francophones, l'entrepreneuse prévoit déjà de développer prochainement The Sorority en Belgique, en Suisse, au Canada et au Maroc.

Chloé Marriault