Payer ses impôts chez le buraliste : «On supprime un service public», tonne la CGT

Fanny de Coster, secrétaire générale de la CGT Finances publiques, s’insurge contre le plan d’action de Bercy pour permettre aux buralistes d’encaisser les impôts locaux ou les amendes.

 Les villes choisies pour ce nouveau service de proximité sont, à de rares exceptions près, toutes les communes visées par la suppression d’une trésorerie d’ici à 2022.
Les villes choisies pour ce nouveau service de proximité sont, à de rares exceptions près, toutes les communes visées par la suppression d’une trésorerie d’ici à 2022. LP/Olivier Boitet

Plus de 6000 buralistes ont candidaté pour devenir, d'ici à l'été, l'un des nouveaux relais des impôts en proposant aux contribuables de payer dans leurs établissements des factures et taxes locales. « Pour les bureaux de tabac, cela représente une manière efficace de conserver un flux de clients et de se diversifier, décrypte Philippe Coy, le président de la Confédération des buralistes, ravi de ce succès. Les candidatures ont été bien plus nombreuses que ce que demandait Bercy dans l'appel d'offres. »

Pour valider le contrat avec les buralistes, la Direction générale des Finances publiques (DGFiP) exigeait simplement au moins un bureau de tabac partenaire dans chacune des communes « prioritaires » listées par le ministère de l'Économie. Quelles sont ces communes ? Impossible de le savoir avec précision car Bercy et la Confédération des buralistes refusent de la rendre publique. « Elle nous permet de réaliser un bon maillage des territoires », élude-t-on à Bercy.

«Une manière de privatiser l'encaissement de l'impôt»

Pourtant, lorsque l'on scrute la liste des villes choisies pour la phase d'expérimentation dans dix départements, on voit rapidement qu'elle inclut, à de rares exceptions près, toutes les communes visées par la suppression d'une trésorerie d'ici à 2022.

« Ce n'est pas vraiment une surprise, se désole Fanny de Coster, la secrétaire générale de la CGT Finances publiques. Quand nous avons entendu parler de l'appel d'offres, nous y avons vu tout de suite une manière de privatiser l'encaissement de l'impôt. C'est un réel enjeu de société car, derrière la modernisation promise, on supprime un service public et une qualité de service. » Déjà, les trésoreries encore ouvertes dans les dix départements pilotes n'ont plus le droit d'encaisser des espèces. « Cela va se généraliser dans les mois qui viennent, poursuit Fanny de Coster. »

À Bercy, on assure qu'il n'y a « aucun lien » entre ce nouveau service et la fermeture des trésoreries. « Elles n'ont pas non plus vocation à effectuer un travail de caissier, s'agace-t-on au cabinet de Gérald Darmanin, le ministre de l'Action et des Comptes publics. L'idée reste malgré tout de déporter ces paiements en espèces chez les buralistes. »