Michel Barnier : « Ce ne sont pas les sondages qui vont choisir notre candidat »
Invité du Grand Rendez-Vous Europe 1 - « Les Echos » - CNews, l'ex-commissaire européen, candidat à la présidentielle, se déclare confiant pour l'investiture LR au congrès de décembre. Il a fustigé la lecture « ethnicisante » du polémiste Eric Zemmour.
Un président de la République doit « assumer l'histoire de son pays » et « cesser de s'excuser en permanence » a martelé Michel Barnier, invité dimanche du Grand Rendez-Vous Europe 1 - « Les Echos » - CNews, alors qu'Emmanuel Macron participait samedi aux commémorations du 17 octobre 1961, date de la sanglante répression contre les manifestants algériens.
Le candidat LR à l'élection présidentielle a estimé nécessaire « le devoir de vérité après une tragédie de cette nature » en ajoutant « pour penser à l'avenir, il faut éviter des propos qui rendent plus difficiles le chemin commun », critiquant certains propos récents d'Emmanuel Macron sur l'Algérie. « Je me méfierais d'un excès de repentance et d'un excès d'arrogance », a-t-il conclu à l'encontre du chef de l'Etat.
Questions migratoires
Interrogé sur sa proposition d'un moratoire sur l'immigration de trois à cinq ans, s'il était élu, Michel Barnier a indiqué qu'il était « temps qu'on ait un dialogue avec l'Algérie et d'autres pays d'Afrique ou du Proche-Orient ». « Ces pays doivent réadmettre […] des citoyens qui sont les leurs et qui ne sont plus les bienvenus chez nous », a-t-il affirmé.
Alors que l'ex-commissaire européen chargé du Brexit avait surpris en septembre en lançant un appel à restaurer la souveraineté nationale française sur les questions migratoires, il a nuancé son propos en indiquant que « chaque pays a sa souveraineté nationale, il ne s'agit pas d'y renoncer, il s'agit de les associer ». « On a besoin d'une nation pour combattre le nationalisme », a-t-il ajouté.
« Quinquennat des occasions manquées »
Face au coup de boutoir lancé par la Pologne contre les traités européens, faisant craindre un possible « Polexit », Michel Barnier a lancé : « Les Polonais ont accepté il y a dix-sept ans d'entrer dans l'Union européenne, ils l'ont voulu, personne ne les a obligés ». Rappelant l'importance du projet européen, il a déclaré « sur certains sujets, si on est seul, on est foutu […] je ne me suis pas engagé en politique […] pour que la France soit sous-traitante des Chinois et sous influence des Américains ».
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Donné comme un des principaux favoris pour l'investiture LR au congrès de décembre, mais à la traîne dans les sondages pour la présidentielle, Michel Barnier a déclaré « ce ne sont pas les sondages qui vont choisir notre candidat mais les militants ».
Interrogé sur sa ligne politique face à celle d'Eric Zemmour , il a rétorqué que le polémiste ne faisait pas partie de la « droite républicaine », fustigeant sa « lecture ''ethnicisante'' de la société », qui « est toujours en train d'exploiter les peurs et les angoisses des gens ». Par ailleurs, jugeant le bilan d'Emmanuel Macron, il a estimé que « ce quinquennat était le quinquennat des occasions manquées ». « Monsieur Macron a eu le nucléaire honteux pendant quatre ans », a-t-il notamment critiqué.
Marion Kindermans