Pascal Perrineau: «Pécresse peut gagner l’élection présidentielle»

Ce lundi, Nicolas Beytout reçoit Pascal Perrineau, politologue et professeur émérite à Sciences Po

Valérie Pécresse est désormais officiellement la candidate des Républicains pour la présidentielle. La patronne de la région Ile-de-France a-t-elle une chance de l’emporter ? « Oui, répond sans détour Pascal Perrineau, politologue et professeur émérite à Sciences Po. Elle peut s’inviter. Qui aurait dit cela au début du mois de septembre ? A peu près personne. LR semblait alors être un parti épuisé qui ne savait même pas quelles règles du jeu jouer : primaire ouverte, primaire fermée… Et cette réussite est à mettre au crédit de Christian Jacob. La procédure a été respectée, ça s’est bien passé, les cinq candidats ont été d’un niveau tout à fait honnête et il n’y a pas eu de dérapages (…). Maintenant, Pécresse va devoir s’adresser aux électeurs et plus seulement aux adhérents. »

Peut-elle gagner 2022 à droite ou au centre ? « Au premier tour, il est évident qu’il faut parler à son camp, analyse Pascal Perrineau. Or, le problème pour Valérie Pécresse, comme ça aurait été le cas pour Xavier Bertrand ou un autre, c’est qu’aujourd’hui a peu près 50% de l’électorat Fillon vote en faveur de la candidate LR. Mais 50% sont donc partis dans la nature, du côté de Zemmour, de Le Pen ou d’Emmanuel Macron. Il va falloir rassembler ce monde. »

Valérie Pécresse a développé un programme franchement libéral. Une feuille de route susceptible de séduire les électeurs d’Emmanuel Macron ? « Bien sûr, répond le politologue. Cela peut ramener les électeurs de Macron vers elle. Un candidat davantage radical aurait pu froisser les électeurs de Macron. En plus, elle est assez proche en termes de compétences d’Emmanuel Macron. Elle est sortie des mêmes grandes écoles, elle a montré qu’elle pouvait être une grande présidente de région et pas n’importe quelle région. »

Alors, l’investiture de Valérie Pécresse constitue-t-elle le pire cauchemar du président sortant ? « Je le crois. Déjà, parce qu’il n’y a pas pensé. Emmanuel Macron avait choisi Xavier Bertrand, il commençait déjà à se confronter à lui. Là, avec Valérie Pécresse, ça va être autre chose. Il ne pourra pas être le président plein de brio et d’intelligence qu’il a été au second tour face à Marine Le Pen. Avec Valérie Pécresse, il risque de tomber sur un os ! »

Mais pour cela, il faut déjà que la candidate LR atteigne le second tour. Et, pour l’instant, cette place est toujours virtuellement réservée à Marine Le Pen : « Elle est mesurée autour de 20% des intentions de vote (…). Marine Le Pen est entrée en campagne et a reconquis son électorat, particulièrement populaire, juge Pascal Perrineau. Zemmour parle plutôt à une petite bourgeoisie en colère tandis que Le Pen parle à un peuple en colère. »

Enfin, alors qu’Eric Zemmour vient de tenir son premier meeting de campagne, Pascal Perrineau analyse : « Ce meeting a été un succès pour Eric Zemmour. Cependant, il est enfermé dans un genre où il se présente comme victime du système. Il doit faire attention car, s’il veut sortir des 13%, il doit parler à d’autres électeurs que celles et ceux qui considèrent que l’immigration est l’alpha et l’omega de la situation française. »

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