Présidentielle : la majorité s'affiche unie en lançant « Ensemble Citoyens ! »

« Ensemble Citoyens ! » sera lancé ce lundi à la Mutualité à Paris. La « maison commune » de la majorité est plus une bannière qu'un mouvement, pour montrer l'unité et le rassemblement derrière Emmanuel Macron en vue de la présidentielle.

Stanislas Guérini (LREM), Richard Ferrand (LREM), Edouard Philippe (Horizons) et Francois Bayrou (Modem), lors d'un meeting de la majorité pour les élections européennes de mai 2019 (ISA HARSIN/SIPA)

Par Grégoire Poussielgue

Publié le 29 nov. 2021 à 8:00Mis à jour le 29 nov. 2021 à 8:43

L'essentiel est là : il y aura une belle photo avec tous les représentants des partis et boutiques de la majorité - La République en Marche, Modem, Agir, Horizons, Territoire de Progrès, En Commun - alors que la campagne présidentielle s'accélère, et dans l'attente de la déclaration de candidature d'Emmanuel Macron. Au terme de longues semaines de préparation , la « maison commune » de la majorité va enfin voir le jour ce lundi lors d'un meeting à la Mutualité à Paris. En l'absence du principal intéressé, tous vont se succéder sur la scène, là même où Emmanuel Macron avait tenu son premier meeting en juillet 2016.

L'unité et le rassemblement sont portés comme un étendard face à une gauche plus divisée que jamais, une droite où aucun candidat naturel n'émerge et une extrême droite coupée en deux entre Marine Le Pen et Eric Zemmour. Cela n'a pas été facile : les tractations pour aboutir à la naissance de « Ensemble Citoyens ! » - nom de baptême de la maison commune - ont été longues et fastidieuses.

Elles ont opposé deux visions. D'un côté, François Bayrou, le président du Modem, souhaitait la création d'un grand parti unique. « Seul un mouvement unitaire et large, à vocation populaire, pourra rassembler, accueillir, et nous permettre de nous enraciner », avait-il déclaré début septembre au « Figaro ».

« Pas de gagnant »

Mais les tenants de cette ligne se sont heurtés à Edouard Philippe, l'ancien Premier ministre ne voulant pas entendre parler d'un nouveau parti après avoir lancé le sien, Horizons , le 9 octobre dernier au Havre. « Edouard Philippe ne voulait pas de quelque chose qui vidait son nouveau parti de sa substance. Il ne veut pas non plus d'un parti qui lui dise quoi penser ou quoi voter », note un proche.

En fin de compte, le maire du Havre, qui vient de lancer la campagne d'adhésion à Horizons, a obtenu gain de cause et « Ensemble Citoyens ! » ressemblera plus à une bannière. « Bayrou est allé tellement loin dans l'intégration que c'est l'idée d'une structure souple qui a été retenue », note un participant aux discussions. « Il n'y a pas de perdant ou de gagnant, parce que nous avons réussi à trouver un point d'équilibre », analyse le Modem Marc Fesneau, ministre des Relations avec le Parlement et de la Participation citoyenne.

Tout a été ardu à négocier, du nom - « Ensemble Citoyens ! » - à la tenue d'un évènement - certains étaient pour, d'autres non -, en passant par le leadership du nouvel ensemble, qui sera collectif avec un bureau élargi, sans oublier la délicate question des investitures aux élections législatives de juin 2022. A l'arrivée, les membres d'« Ensemble citoyens ! » ont signé une charte d'engagement qui prévoit qu'il n'y aura qu'un candidat de la majorité par circonscription lors des élections législatives. Si, sur le papier, tout le monde est d'accord, le plus dur commencera quand il faudra désigner un candidat pour chaque circonscription. Le dossier a été renvoyé à l'après-présidentielle.

Préparer l'après-2022

La majorité tient à s'afficher avant la désignation, en fin de semaine, du candidat LR pour la présidentielle, voulant anticiper, voire contrer, une dynamique autour du vainqueur du congrès de la droite. « On le fait pour les prochains mois, pour se rassembler derrière le président, et pour se projeter dans l'avenir de la vie politique du pays. Je crois qu'il est essentiel de mieux structurer cette force politique centrale qui a émergé avec l'élection d'Emmanuel Macron », a plaidé dimanche sur France Info Stanislas Guérini, le patron de LREM.

En toile de fond, les grandes manoeuvres ont déjà commencé pour l'après-2022. LREM et le Modem évoquent une intégration plus poussée, le second poussant même pour une fusion absorption du jeune mouvement présidentiel. Une rivalité exacerbée oppose aussi François Bayrou et Edouard Philippe. Entre les deux hommes, les relations sont plus que fraîches. « Edouard Philippe et François Bayrou ne se comprennent pas », note un proche commun. Au-delà du soutien affiché à Emmanuel Macron pour la campagne présidentielle se cache l'ouverture de sa succession en cas de réélection en 2022.

Grégoire Poussielgue

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