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Numéros des mois de novembre et décembre 2021 du magazine mensuel "Afrique Magazine"

Présidentielle française : "Au Maghreb, on aime bien cette élection débridée"

4 min
À retrouver dans l'émission

Le directeur de la rédaction du mensuel "Afrique Magazine", Zyad Limam, nous parle de la perception qu'ont les Algériens, Marocains et Tunisiens de la vie politique française à l'approche de l'élection présidentielle.

Numéros des mois de novembre et décembre 2021 du magazine mensuel "Afrique Magazine"
Numéros des mois de novembre et décembre 2021 du magazine mensuel "Afrique Magazine" Crédits : Stephane Robert - Radio France

Le billet politique est consacré cette semaine au regard qu’on porte depuis l’étranger sur la politique française et sur la campagne présidentielle qui s’annonce.

- Est-ce que les médias du Maghreb et les Maghrébins en général s'intéressent à l'élection présidentielle française et à la vie politique française ?

Zyad Limam : Ils s'intéressent à la vie politique française pour de multiples raisons. La première, c'est que les trois pays ont des liens historiques et culturels. Ce sont d'anciennes colonies ou protectorats. Il y a donc une relation très émotionnelle, très complexe, très ancienne. Il y a des intérêts importants puisque la France reste grosso modo le premier partenaire des trois pays. Il y a des intérêts stratégiques coïncidents. Je pense par exemple à la sécurité au Sahel, à l'immigration, à la démographie. Donc, il y a cette complexité. Il y a aussi une espèce de curiosité amusée. Au Maghreb, on aime bien les joutes. On aime bien ces élections un peu débridées qui ne sont pas forcément le lot de leur propre système politique interne (même si, en Tunisie, c'est bien rock'n roll). Donc, il y a tout ça. Il y a aussi, je pense, une certaine curiosité pour le personnage Macron. D'abord par sa jeunesse. Il tranche beaucoup par sa disruption, par le fait qu'il dit des choses de manière assez forte, comme il l'a fait sur l'Algérie. Je pense aussi que début janvier, il va y avoir probablement des initiatives franco-européennes sur le Maghreb. Parce que la situation est quand même très complexe, avec une crise entre l'Algérie et le Maroc, une crise entre l'Algérie et la France, une situation tunisienne qui est très délicate, très fragilisée. Et encore une fois, la question libyenne dont on parle peu, mais qui est importante. Je rappelle que c'est le premier producteur potentiel de pétrole et de gaz d'Afrique. Et il y a des élections. Donc tout ça va revenir dans l'agenda de début 2022 et donc forcément, cela va accentuer encore les curiosités et les interactions de chaque côté de la Méditerranée.

- A qui (en dehors d'Emmanuel Macron) s'intéresse-t-on et à quelles thématiques en particulier ?

ZL : Evidemment, il y a le phénomène Zemmour, qui est peu connu. Les gens sont assez surpris de découvrir le météore Zemmour. Il y a l'inquiétude de l'extrême droite. Je pense que l'extrême droite française a un impact très négatif sur le soft power français. C'est quelque chose qui pénalise l'image de la France, que ce soit au Maghreb ou que ce soit en Afrique subsaharienne. Le prisme de cette France très identitaire, très repliée sur elle-même, obsédée par les questions démographiques, par les questions de frontières, c'est quelque chose qui heurte les opinions publiques. La question des visas préoccupe beaucoup. C'est une question récurrente qui a connu un énième développement puisque on a réduit les visas sur les trois pays sous prétexte qu'ils étaient peu coopérants sur la question des retours. Donc, on voit bien que ces problématiques sont prégnantes et au centre du débat franco-maghrébin.

Au delà d'Éric Zemmour, est-ce que d'autres candidats émergent dans l'intérêt que peut susciter la politique française ?

ZL : Pas vraiment. Il y a de la curiosité pour cette élection mais il n'y a pas de passion. On ne regarde pas tout le monde à la loupe. On ne cherche pas forcément à savoir ce qui se passe ou qui est Valérie Pécresse. Les gens ne savent pas. Ou plutôt ils savent un peu. Ils regardent la télé française, ils suivent, c'est tout. La personnalité du président intéresse, clairement. Et puis la personnalité des "clivants" comme les représentants de l'extrême droite intéresse également. Mais les gens ne se posent pas, du matin au soir, la question de qui est qui. Et puis, ils ont aussi des problématiques internes qui sont plus importantes que la problématique française.

- Vous avez déjà parlé un peu de l'image d'Emmanuel Macron. Quelle image a-t-on du président de la République française en général ?

ZL : Macron milite tous les jours un peu plus pour un partenariat stratégique euro-africain. C'est dans son programme et c'est dans le programme de la présidence de l'UE. C'est clairement une vision à 50 ans qui anticipe le fait que les deux continents sont totalement liés pour les questions d'immigration, de sécurité, d'économie, de développement, de matières premières, de développement durable. Et donc, le Maghreb se retrouve dans une position charnière entre une Europe riche, puissante et une Afrique qui est complexe, divisée, mais qui a aussi un énorme potentiel. Et donc on sent bien que la France et le Maghreb deviennent juste des instruments de quelque chose de beaucoup plus important qui est en train de se faire. Et donc, je pense qu'il y a un vrai rôle de la France et du Maghreb à jouer ce rôle de passerelle et de lien stratégique entre l'Europe et l'Afrique.

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