Présidentielle 2022 : Yannick Jadot pris au piège de la primaire de la gauche
Avec des sondages qui ne décollent pas et la possible entrée en lice de Christiane Taubira, le candidat écologiste est mis sous pression pour travailler à une union de la gauche. Ce mardi, la présidente de son conseil politique, Sandrine Rousseau, l'a encore appelé à discuter avec ses rivaux.
Par Muryel Jacque, Alexandre Rousset
« Vous roulez pour qui Sandrine Rousseau » ? La question lui est sans cesse posée, comme si sa réponse ne satisfaisait jamais pleinement. Ce mardi matin encore sur France Inter, celle qui préside le conseil politique du candidat écologiste à l'élection présidentielle l'assure : « Je roule pour Yannick Jadot, sans ambiguïté ».
Un « sans ambiguïté » qui ne semble pas convaincre tous les sympathisants écologistes, en particulier depuis que l'écoféministe a accueilli avec un enthousiasme non feint l'éventuelle candidature de Christiane Taubira . Sachant que l'arrivée dans le jeu de l'ancienne garde des Sceaux est venue compliquer un peu plus la tâche de Yannick Jadot. Il a beau répéter qu'il ne veut pas participer à une primaire de la gauche , et notamment à la primaire populaire qui aura lieu fin janvier, la pression ne cesse de croître depuis l'appel - jusqu'ici sans succès - de la socialiste Anne Hidalgo . Y compris dans son propre camp.
Passe des coups de fil et mettons-nous à discuter !
« Il serait temps qu'on échange », a lancé Sandrine Rousseau en souhaitant « une seule candidature à gauche ». « On ne peut pas continuer en ordre dispersé, on n'atteint pas le second tour, on va dans le mur », a-t-elle alerté. « Je dis à Yannick Jadot : passe des coups de fil et mettons-nous à discuter ! Il nous faut une équipe complète ».
« Ce n'est pas à moi de décider, a tempéré toutefois l'ex-rivale de l'eurodéputé à la primaire des Verts . Il n'y a pas que la primaire, c'est un moyen ; l'objectif c'est l'union ».
A bientôt trois mois de l'élection présidentielle, le flou règne à gauche, et Yannick Jadot, qui avait lancé, sans succès, un appel au dialogue à gauche au printemps dernier, se retrouve désormais, selon certains, avec le mauvais rôle : celui qui ferait obstacle à l'union de la gauche socialiste et écologiste.
Union incomplète
N'ayant pas oublié l'échec cuisant de son ralliement au candidat socialiste Benoît Hamon lors de la dernière élection présidentielle, Yannick Jadot est d'autant moins enclin à travailler à un rassemblement que celui-ci ne pourra jamais être complet. Le candidat anticapitaliste Philippe Poutou a par exemple indiqué mardi dernier qu'il serait « absurde de penser qu'il pouvait se retrouver avec Hidalgo, Taubira ou Jadot qui ont participé à des gouvernements Hollande et Valls ». Une option également rejetée par le candidat communiste Fabien Roussel .
Surtout, l'idée d'une primaire et encore plus, d'une union, est catégoriquement refusée par Jean-Luc Mélenchon , qui, comme en 2017, s'obstine à tracer son propre chemin. Interrogé à ce sujet il y a encore deux semaines, le député de Marseille avait apporté une réponse aussi ferme que cinglante : « Battez-vous entre vous et laissez-moi tranquille ! ». L'hypothétique rapprochement des gauches se ferait sans son élément le mieux placé dans les sondages, le candidat Insoumis étant le seul à atteindre par moments la barre des 10 % d'intentions de vote.
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