Présidentielle 2022 : les cinq moments à retenir du premier débat des candidats Les Républicains

Michel Barnier, Xavier Bertrand, Valérie Pécresse, Eric Ciotti et Philippe Juvin ont débattu ce lundi soir pour la première fois, à 26 jours du vote des adhérents du parti.

Les 5 candidats à l'investiture des Républicains pour la présidentielle, Michel Barnier, Valérie Pécresse, Philippe Juvin, Eric Ciotti et Xavier Bertrand, ce lundi soir. LP/Olivier Corsan
Les 5 candidats à l'investiture des Républicains pour la présidentielle, Michel Barnier, Valérie Pécresse, Philippe Juvin, Eric Ciotti et Xavier Bertrand, ce lundi soir. LP/Olivier Corsan

La course à l’investiture Les Républicains vient définitivement de démarrer. Les cinq candidats au Congrès LR, qui se tiendra le 4 décembre, avaient prévenu d’emblée : il ne fallait pas s’attendre à de virulentes prises de bec. Ils ont bien tenu parole ce lundi soir pour leur premier débat diffusé sur LCI et RTL. Pendant plus de 3 heures, tous ont pris le temps de décliner leurs programmes respectifs, chacun dans son couloir ou presque. Le Parisien vous fait le résumé de la soirée en cinq moments.

Moi, président, j’irai…

En introduction du débat, chaque candidat a été invité à dire quel serait son premier déplacement en cas d’élection. Valérie Pécresse irait à la fondation Jacques Chirac en Corrèze, « pour rencontrer des enfants autistes » et se battre pour la dignité des personnes en situation de handicap. Fidèle à sa ligne sécuritaire, Éric Ciotti se rendrait la cité des flamants à Marseille, un territoire « tenu par les dealers comme 500 quartiers en France ». Choix quasiment semblable pour Xavier Bertrand, qui compte aller dans les quartiers Nord de Marseille. « C’est là où il y a le règne des barbus », a-t-il lâché.

Michel Barnier choisirait un bassin industriel, « où les ouvriers et les ingénieurs ont la fierté du travail bien fait ». Quant à Philippe Juvin, ce serait dans son village d’Ucciani, en Corse. « Je crois aux racines et à la ruralité », a-t-il justifié.

Le journaliste David Pujadas leur a fait remarquer qu’aucun d’entre eux n’avait répondu Berlin, où Nicolas Sarkozy, François Hollande puis Emmanuel Macron s’étaient rendus juste après leur élection.

Passe d’armes sur les fonctionnaires

La course à l’échalote sur les suppressions de postes de fonctionnaires était attendue. « Si on n’arrive pas à faire de suppressions de poste, on n’y arrivera pas », a tranché Valérie Pécresse, qui compte en supprimer 200 000. « Il y a des sources d’économie, on peut faire avec moins d’agent public », a renchéri Éric Ciotti, qui compte monter à 250 000. Philippe Juvin, de son côté compte « redistribuer » au moins 200 000 postes de fonctionnaires mais n’en supprimer aucun. Xavier Bertrand mise sur son « sur-mesure ».

L’ombre de Macron…

Chaque candidat ou presque a livré sa petite pique au chef de l’État, pas encore officiellement candidat mais dont personne ne doute qu’il souhaite passer cinq années de plus à l’Élysée. « La sécurité est le principal échec du quinquennat », a taclé Michel Barnier.

Les autres ont axé leurs attaques sur le plan économique. « Vous avez maintenant avec Macron, Noël en septembre, Noël en octobre, Noël en novembre », a asséné Xavier Bertrand, en référence aux mesures d’aide et de soutien économique annoncées récemment. « Emmanuel Macron a cramé la caisse », a renchéri Valérie Pécresse. Quant à Éric Ciotti, il a fustigé le fait que « le quinquennat d’Emmanuel Macron ne commence pas en 2017, mais quelque part en 2012 », l’actuel chef de l’État ayant été nommé secrétaire général adjoint de l’Élysée par François Hollande en 2012.



Sur un autre thème, Xavier Bertrand a reproché à Emmanuel Macron d’avoir évoqué pendant la dernière campagne des « crimes contre l’humanité » en Algérie. « Je ne serais pas un président de la République adepte de la repentance », a garanti le président des Hauts-de-France, qui a déploré plus tard la réaction ou plutôt ce qu’il qualifie de non-réaction du président de la République sur le dossier des sous-marins commandés par l’Australie, avant que le contrat ne soit finalement dénoncé.

… et celle de Zemmour sur l’immigration

Le polémiste, qui « mange » sur l’électorat de droite alors qu’il n’est pas encore officiellement candidat, n’a été que peu évoqué lors du débat des candidats LR… sauf lors de la partie sur l’immigration et lorsqu’ils ont été interrogés à son sujet en fin d’émission. Michel Barnier a fait référence à Éric Zemmour, mais en prenant bien soin de ne pas le nommer. Évoquant simplement « une personne, qui n’a pas la même histoire que nous, qui confond Pétain avec de Gaulle et qui a une vision stigmatisante de la société ».

« Vous pensez que j’ai attendu un polémiste pour régler le problème de la jungle de Calais ? (…) Monsieur Zemmour, il est là parce que c’est l’échec de Monsieur Macron », a renchéri Xavier Bertrand, qui vient de reprendre sa carte à LR et espère que les militants ne lui tiendront pas rigueur d’avoir quitté le parti il y a 4 ans.

En toute fin d’émission, les candidats ont été interrogés sur leur rapport au polémiste. Est-il un concurrent ou un ennemi ? Un « adversaire », répond Michel Barnier du tac au tac. « Son histoire n’est pas la nôtre et sa manière de lire l’Histoire n’est pas la nôtre », poursuit-il. Éric Ciotti se montre bien plus élogieux. « Il fait un constat que je ne nierai pas », indique le député, qualifiant Éric Zemmour de « concurrent » et non d’ennemi.

La colère de Ruth Elkrief

Ce débat très policé a tout de même été marqué par plusieurs coups de gueule de la journaliste Ruth Elkrief, co-animatrice avec son confrère David Pujadas. En cause ? Le fait que les candidats traînent sur certains dossiers, perturbant le déroulé prévu de l’émission. « J’avais prévu de vous poser une question pour commencer, alors comment je fais maintenant ? », s’est-elle agacée, alors que Xavier Bertrand voulait prendre à nouveau la parole sur le pouvoir d’achat. « On conduit un débat, non, on conduit un débat, non, non, non, non ! », a-t-elle lâché dans la foulée.

Pour le reste, et malgré le temps qui filait (le débat devait durer 2 heures, il s’est étalé sur plus de trois heures), aucun véritable accrochage n’a eu lieu entre candidats. Tout juste Michel Barnier a-t-il lâché à Valérie Pécresse : « Il faut simplement éviter de dire trop de choses pour ne pas les faire après ».