Election présidentielle 2022 : un automne de bruit et de polémiques

Loin des grands débats promis durant la crise liée au Covid-19, les petites phrases, les clashs et l’obsession migratoire rythment la période. « Le Monde » retrace cette précampagne confuse et en explore les causes.

Par , et

Publié le 07 novembre 2021 à 05h02 - Mis à jour le 07 novembre 2021 à 15h41

Temps de Lecture 8 min.

Article réservé aux abonnés

Le point de presse du polémiste d’extrême droite Eric Zemmour, après son meeting au palais des congrès de Versailles, le 19 octobre 2021.

Parmi la myriade d’images, que retiendra-t-on de ce début de campagne présidentielle, de cet automne où tout le monde est censé se positionner sans toujours se déclarer ? Il y a ce duel de plus de deux heures, jeudi 23 septembre, entre le candidat de La France insoumise (LFI) Jean-Luc Mélenchon et le polémiste d’extrême droite Eric Zemmour, sur BFM-TV, pendant lequel ce dernier assimile la délinquance à un « djihad ». Il y a cette « presque candidature » de l’humoriste Yassine Belattar sur le plateau de « Balance ton post ! », sur C8, jeudi 30 septembre, devant un Cyril Hanouna hilare, comme à son habitude. Il y a Gilles Platret, l’un des vice-présidents du parti Les Républicains (LR), parlant, mardi 5 octobre sur CNews, d’une « épuration ethnique » qui serait menée par « un bloc musulman (…) dans certains quartiers », avant de se faire recadrer par Damien Abad, chef de file des députés LR.

Il y a aussi, mercredi 20 octobre, ce salon de la sûreté et de la sécurité intérieure pendant lequel M. Zemmour va viser des journalistes avec une arme de précision – non chargée –, avant de plaider l’humour. Ou encore, lundi 25 octobre, le même Eric Zemmour, filmé par les caméras de CNews à Drancy (Seine-Saint-Denis) et accompagné par l’animateur Jean-Marc Morandini, demandant à une femme musulmane, venue à Drancy pour l’occasion, comme elle l’a elle-même confirmé sur le plateau de « Touche pas à mon poste ! » le soir même, d’enlever son voile. Cette dernière obtempère à condition que celui-ci tombe la cravate.

Lire aussi Article réservé à nos abonnés Election présidentielle 2022 : les chaînes d’info en continu face aux discours extrémistes

Au printemps, à l’approche de cette précampagne et après une nouvelle vague de Covid-19, beaucoup d’élus l’affirmaient pourtant : la crise sanitaire avait marqué les esprits et soulevé des questions de fond. La réindustrialisation, la politique de santé, l’environnement… Promis, les débats de l’élection présidentielle tourneraient autour de grands enjeux. L’accélération médiatique de la rentrée a balayé ces promesses. Depuis la fin de l’été, les questions sociales et environnementales n’émergent pas. Au contraire, chaque semaine draine son lot de phrases polémiques et d’échanges brutaux, qui alimentent les chaînes d’information en continu, nourries par une multitude de sondages.

« Culture du clash »

Certes, la précampagne est confuse, selon Brice Teinturier, directeur général délégué d’Ipsos. A cinq mois de la présidentielle de 2022, Emmanuel Macron n’est pas encore officiellement candidat à sa réélection, le candidat de la droite ne sera désigné par les adhérents Les Républicains que le 4 décembre, Eric Zemmour ne s’est pas encore lancé lui non plus… Pour le sondeur, la situation n’est pas plus brouillonne qu’elle ne l’était il y a cinq ans. « Qu’il y ait de l’affrontement binaire, des sujets qui vont et viennent, et une culture du clash, tout cela n’est pas nouveau », est-il persuadé. Il est vrai que les petites phrases existaient déjà il y a cinq ans. A l’image de Nicolas Sarkozy, à l’époque candidat à la primaire de la droite et du centre, qui proposait une « double ration de frites » pour les musulmans refusant le jambon dans les cantines scolaires.

Il vous reste 68.88% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Lecture du Monde en cours sur un autre appareil.

Vous pouvez lire Le Monde sur un seul appareil à la fois

Ce message s’affichera sur l’autre appareil.

  • Parce qu’une autre personne (ou vous) est en train de lire Le Monde avec ce compte sur un autre appareil.

    Vous ne pouvez lire Le Monde que sur un seul appareil à la fois (ordinateur, téléphone ou tablette).

  • Comment ne plus voir ce message ?

    En cliquant sur «  » et en vous assurant que vous êtes la seule personne à consulter Le Monde avec ce compte.

  • Que se passera-t-il si vous continuez à lire ici ?

    Ce message s’affichera sur l’autre appareil. Ce dernier restera connecté avec ce compte.

  • Y a-t-il d’autres limites ?

    Non. Vous pouvez vous connecter avec votre compte sur autant d’appareils que vous le souhaitez, mais en les utilisant à des moments différents.

  • Vous ignorez qui est l’autre personne ?

    Nous vous conseillons de modifier votre mot de passe.