Élection présidentielle : mais pourquoi tombe-t-elle en plein pendant les vacances scolaires?

Photo Christophe Lefebvre
Photo Christophe Lefebvre

L’élection présidentielle aura lieu les dimanches 10 et 24 avril. Dans la zone B, à laquelle appartient l’académie de Lille, nous sommes cernés : le premier tour tombera le premier week-end des vacances scolaires de printemps et le dernier tour le dernier week-end des vacances de printemps (qui s’étendent du 9 au 25 avril). Pour la zone A, le second tour tombera au milieu des vacances. Et pour la zone C, le second tour entamera les vacances.

Comment sont choisies les dates de la Présidentielle ?

Le code électoral prévoit que les deux tours de l’élection présidentielles doivent avoir lieu un dimanche. L’article 7 de la Constitution précise que «  l’élection du nouveau Président a lieu 20 jours au moins et 35 jours au plus avant l’expiration des pouvoirs du Président en exercice. Le second tour de scrutin a lieu le quatorzième jour suivant le premier ».

Le mandat d’Emmanuel Macron devant s’achever le 13 mai au soir, il n’y avait cette année que deux possibilités : les dimanches 10 et 24 avril, ou bien le 17 avril et 1er mai.

Or, le 17 avril tombait au milieu du week-end prolongé de Pâques (le lundi de Pâques tombe le 18 avril 2022). Le fait que le 1er mai soit férié n’était par contre pas un obstacle en soi : en 1988, le second tour de l’élection présidentielle a eu lieu le 8 mai.

Et choisir le 17 avril et 1er mai comme dates aurait été encore pire, toutes régions confondues, côté vacances scolaires : le premier tour serait arrivé au milieu des vacances de la zone B, la zone A aurait eu le premier tour au début des vacances et le second à la fin et la zone C aurait eu le second tour au milieu des vacances.

Bref, c’est bien l’option des 10 et 24 avril qui a été retenue, malgré les vacances scolaires.

Les Présidentielles ont-elles toujours eu lieu pendant les vacances scolaires ?

La première élection présidentielle au suffrage universel direct, en 1965, qui a reconduit Charles de Gaulle à la tête de la France, s’était déroulée les 5 et 19 décembre, période sans aucun congé scolaire ni jour férié. C’est en fait depuis sa démission, le 28 avril 1969, que l’élection a lieu au printemps. La mort de Georges Pompidou durant son mandat n’a pas eu un impact important sur le mois de l’élection présidentielle, son décès étant survenu en avril (l’élection a été avancée de deux ans mais est tombée le même mois !). En fait depuis1988, aucune élection présidentielle n’a évité totalement les vacances scolaires. Par contre, le fait que les élections présidentielles n’enjambent pas avril et mai est une première… depuis 1981.

Quelles conséquences sur l’abstention ?

L’impact réel des congés sur le niveau de mobilisation des élections fait l’objet de débats fréquents.

Et la polémique revient à chaque élection Présidentielle : ainsi, en 2016, c’est le sénateur Claude Kern qui avait ainsi interpellé le gouvernement sur le sujet. Cette fois, dès l’annonce des dates des élections, en juin 2021, c’est Marine Le Pen qui estimait sur France Inter que ces dates avaient été choisies «pour détourner les Français d’une élection essentielle».

Pourtant, les chiffres ne sont pas flagrants : ainsi, notent nos confrères de France info, en 2007, le premier tour de l’élection a eu lieu pendant les vacances scolaires pour deux zones et le second non et le taux d’abstention (autour de 16 %) a été pratiquement le même les deux tours. En 2017, la participation a été plus faible au second tour qui ne tombait pas sur les vacances scolaires qu’au premier qui était en pleines vacances scolaires ! À l’inverse, le très fort taux d’abstention au premier tour de la Présidentielle 2002 (quand Jean-Marie Le Pen est passé au second tour) a souvent été expliqué comme lié aux vacances scolaires et au beau temps.

De la même façon, une comparaison par zones (à chaque tour, les zones en vacances scolaires votent-elles moins que celles qui ne le sont pas ?) ne dégage pas de tendance claire.

Selon une étude de 2006 d’Éric Dubois et Christian Ben Lakhdar, professeurs à Paris 1 et Lille 2, la présence de congés scolaires influe en fait bien sûr le niveau de la participation, mais pas de façon très importante : ils estiment à 1,7 point l’augmentation du taux d’abstention liée au calendrier scolaire. Ce qui n’est pas sans rappeler l’effet du Covid-19, réel mais pas si important, lors des élections régionales de 2021.

Des questions ?

Vous cherchez une réponse à une question d’actualité ou à un problème pratique ? Vous doutez de la véracité d’une information ? Envoyez-nous vos questions ici et consultez nos réponses sur La Voix vous répond. Vous pouvez aussi rejoindre notre groupe Facebook La Voix solidaire : ensemble, trouvons les réponses à vos questions ou nous contacter par e-mail à lavoixvousrepond@lavoixdunord.fr

Ben voyons, les interdire c'est évident pour les leaders politiques qui remplissent de petites salles, la belle excuse. D'autre part quel est le dange ...Lire plus

Réagir à l'article