Alcoolisme : d’anciens buveurs au chevet des patients

Le recours à l’appui d’anciens malades qui ont connu l’addiction fait partie des méthodes les plus efficaces pour aider à sortir de la dépendance à l’alcool.

D'ex-buveurs qui aident ceux qui veulent arrêter l'alcool, c'est le modèle du parrainage créé aux Etats-Unis par les Alcooliques anonymes et leurs groupes de parole, et repris dans de nombreux pays. BSIP via AFP/B. Boissonnet
D'ex-buveurs qui aident ceux qui veulent arrêter l'alcool, c'est le modèle du parrainage créé aux Etats-Unis par les Alcooliques anonymes et leurs groupes de parole, et repris dans de nombreux pays. BSIP via AFP/B. Boissonnet

Comment rester abstinent dans un monde qui ne l’est pas, lorsque l’on est fragile vis-à-vis de l’alcool ? Les associations d’usagers représentent une aide au maintien de l’abstinence, grâce à d’anciens dépendants qui s’en sont sortis. France Patients Experts Addictions, présidée par Sandra Pinel, forme ainsi d’anciens patients devenus experts en addiction pour accompagner des personnes dépendantes, dans des centres de soins, ou des associations.



Toutes les associations d’ex-buveurs font un travail indispensable qu’il s’agisse de la Croix bleue, des Alcooliques anonymes, ou de Vie libre. Ces structures, d’où le jugement est exclu, réalisent un accompagnement par des pairs, clé de la réussite.

« Après avoir intégré un groupe de parole, j’ai réussi à tout arrêter »

« J’ai eu des problèmes de consommation de cannabis et cocaïne pendant mes études d’infirmière, puis j’ai commencé à consommer de l’alcool et des médicaments, raconte Sandra Pinel. À un moment donné, j’ai eu des vomissements intempestifs tous les matins. Le gastro-entérologue à qui j’ai avoué que je buvais trois bières par jour ― c’était beaucoup plus en réalité ― m’a adressé à un psychologue dans un centre de soins. Après avoir intégré un groupe de parole à Vie libre, j’ai réussi à tout arrêter, alcool, cannabis, cocaïne, tabac. Cette expérience m’a incité à créer un groupe Facebook dédié aux addictions, puis j’ai initié France Patients Experts Addictions, que désormais je préside. »

En 2020, une étude américaine publiée dans la « Cochrane Library » a démontré l’importance des associations de patients, à partir d’une enquête évaluant les Alcooliques anonymes (AA). Cette association a été lancée en 1935 à la suite de la rencontre dans l’Ohio de deux Américains qui cherchaient un moyen de rester sobre. Ils ont formé un groupe de soutien, puis défini les douze étapes pour le sevrage, la première étant d’accepter son incapacité à contrôler sa consommation ; la dernière étant d’aider les autres à rester sobres en devenant le parrain d’un nouveau membre.

Ce modèle s’est répandu dans 180 pays. D’autres associations ont vu le jour sur des modèles similaires. Dans cette analyse récente portant sur 10 000 participants, les chercheurs ont conclu que les Alcooliques anonymes étaient au moins aussi efficaces que la psychothérapie pour atteindre et maintenir l’abstinence.