A travers ce site nous vous présentons notre projet : élaborer un programme qui permet, grâce à des informations tirées du web, de répondre à notre problématique. La vision du nucléaire a-t-elle changé après la catastrophe de Fukushima ?

Nucléaire : vision d'hier et d'aujourd'hui

Analyse


Avant de nous lancer dans l'élaboration de notre programme, nous avions quelques idées quant aux résultats que nous pouvions obtenir. Nous avions émis l'hypothèse que l'environnement lexical du mot "nucléaire" serait plus négatif après l'accident de Fukushima qu'avant. En effet, cette catastrophe a relancé le débat "faut-il sortir du nucléaire" ?

Analyse par langue

Chaque bilan a été rédigé en s'appuyant sur les résultats obtenus avec les différents outils.
Les nuages de mots ont pour atout d'être facilement lisible. Leur défaut est, selon nous, leur manque de précision. Entre certains mots nous distinguons difficilement lequel est plus gros que l'autre et donc le plus fréquent.
Les arbres décorés du Trameur et TreeCloud se lisent plus difficilement mais leurs résultats sont plus précis, notamment avec le Trameur qui affiche la co-fréquence et le nombre de contextes.

Pour illustrer notre analyse, nous avons utilisé l'outil Dico de J. Véronis qui calcule la fréqunce de chaque mot dans un texte. Nous avons utilisé cet outil sur les fichiers contextes globaux français et anglais mais pas en japonais car l'outil n'est pas paramétrer pour traiter cette langue. Nous obtenons une liste triée de mots du plus fréquent au moins fréquent. Cet outil a l'avantage d'être précis et simple en lecture.

Français



Nous constatons, pour les deux périodes, la présence de mêmes mots récurrents : "sûreté", "énergie", "France", "centrale". Ils réflètent la position constante de la France face au nucléaire. Qu'importe la période, il a toujours été question de sûreté des centrales nucléaires en France.

Avant l'accident nucléaire de Fukushima, nous retrouvons dans les articles de presse les mots "industrie", "civil", "électricité", "production", "pays", "énergie/énergétique" "coût" associés à "nucléaire". Ces collocations montrent l'importance du nucléaire dans l'industrie française. C'est un fait connu. En France, le nucléaire civil est un secteur de pointe qui participe activement à l'économie du pays. Ces collocations sont donc plutôt positives mais nuancées par la présence du mot "sortir" (fréquence : 28). La présence de ce mot s'explique par un débat qui existe depuis plusieurs années en France sur le nucléaire et les énergies renouvelables.

Après Fukushima, des mots différents se retrouvent en tête de la liste des fréquences : "Fukushima", "sécurité", "autorité/ASN", "accident/catastrophe", "Fessenheim", "avenir", "débat", "opinion". Nous remarquons notamment la présence de "sortir" (fréquence : 28) et "sortie" (fréquence: 22) que nous regroupons ensemble. Nous en déduisons que le débat sur la sortie du nucléaire est donc beaucoup plus important qu'avant la catastrophe au Japon. La question de la sécurité/sûreté ravive les interrogations sur les énergies de l'avenir et implique directement l'ASN. L'agence a fait parler d'elle en rassurant l'opinion publique sur l'état des centrales. Cela démontre la positionde la France qui n'est pas prête à sortir du nucléaire.

En somme, ce résultat était attendu. Il reflète la position actuelle de la France : toujours en débat mais pas de réponse tranchée quant à une sortie du nucléaire.

Anglais



A première vue nous remarquons des termes fréquents similaires pour les deux périodes. Nous relevons "stations", "plants", "energy", "UK", "world". Globalement, le sujet du nucléaire en Angleterre tourne autour des centrales et de l'énergie. En nous appuyant sur ce que nous savons de l'Angleterre, nous faisons le lien avec l'interrogation anglaise sur la part du nucléaire dans la production de l'électricité du pays. En effet cette part est beaucoup moins importante qu'en France (environ 20% contre 75%).

Avant l'accident au Japon, la presse met en évidence le besoin d'une alimentation en électricté constante et sûre : "feed", "electricity" "support". Le gouvernement se questionne sur le nucléaire opposé au renouvelable : "wind", "building", "alternative", "option". Nous constatons que du lexique de l'écologie est employé dans l'environnement lexical de nucléaire : "waste", "green", "carbon". Ce phénomène peut s'expliquer par la forte implication du groupe Greenpeace dans la lutte contre le nucléaire. En conclusion, le résultat est assez mitigé. Nous notons un équilibre entre les collocations positives et les collocations négatives.

Après Fukushima, nous retrouvons des collocations autour du thème de l'accident nucléaire : "fukushima", "risk". Il est question de sécurité "safe/safety" et toujours d'alimentation en énergie "feed". Phénomène étonnant, les termes associés à l'écologie et au énergies renouvables sont moins présents dans le contexte de "nucléaire". Il n'est même pas question de sortie comme en France. Cela s'explique par la part peu importe du nucléaire en Angleterre. En nous documentant sur la situation de l'autre côté de la Manche, nous pensons que ces collocations reflètent l'interrogation autour du future des nouvelles stations et donc d'une potentielle augmentation de la part du nucléaire tout en mesurant les risques.

Au final, nos hypothèses n'étaient pas totalement justes faute de méconnaissance de la position réelle du pays sur le thème du nucléaire.

Japonais

Pour visualiser plus clairement les mots les plus fréquents dans les fichiers de contexte, nous avons utilisé l'outil de Tagxedo qui permet d'exclure certains mots. Comme nous l'avons expliqué dans la section "nuages", la segmentation de Tagxedo pose parfois quelques problèmes, mais cette liste constitue néanmoins un bon indicateur.  Voici le résultat :

                    Avant Fukushima                                          Après Fukushima

                                                                        
On constate qu’avant Fukushima, l’utilisation du nucléaire fait débat : les "problèmes" (問題, mondai) sont contrebalancés par l’utilisation de l’expression 平和利用 (heiwariyô, littéralement, "utilisation pacifique") qui fait référence au slogan "atoms for peace" d’Eisenhower, et qui désigne les bénéfices du nucléaire civil : le Japon est, rappelons-le, le troisième pays producteur d'électricité nucléaire. Néanmoins, la présence de "commission" (iinkai, 委員会) et "table ronde" (entakukaigi, 円卓会議) ainsi que du mot "débat" lui-même (議論, giron) témoigne d'un questionnement sur le sujet du nucléaire.

On note que dans les deux cas, "sûreté" (安全, anzen) est très fréquent, comme en français. Néanmoins, la catastrophe de Fukushima va faire remonter la fréquence de "accident" (事故, jiko), lui aussi présent dans les deux cas, et ajouter tout un vocabulaire du préjudice relatif au nucléaire : 損害賠償 (songaibaishô, dédommagement) et 被害 (higai, dommages/dégats) notamment. Fukushima daiichi (福島第一) occupe quant à lui une place prépondérante, et l'on remarque l'apparition du terme "environnement" (環境, kankyô). Il n'est donc plus du tout question "d'utilisation pacifique" du nucléaire : le mot エネルギー (enerugî, énergie, obtenu à partir de l'anglais) est souvent employé dans le débat sur les nouvelles énergies, comme dans l'expression 太陽エネルギー (taiyô enerugî, énergie solaire). Sa forte fréquence témoigne certainement d'une relance du débat.

L'énergie nucléaire après Fukushima reste donc associée à l'idée de catastrophe et de préjudice, ce qui témoigne de la façon dont cet accident a secoué le Japon et son parc de centrales. Cette association est globalement négative, ce qui confirme notre hypothèse.


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